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Nous nous proposons de réaliser l'étude la plus poussée des différents plans de numérotage successifs qui aient (eu) cours en France depuis le début du téléphone ouvert au public.
Vue la taille énorme de la page et la lourdeur qui en résulte lors des manipulations, elle a été scindée en 6 parties.
Sans notions sur le plan de numérotation, il est impossible de comprendre ce qu’est le réseau du téléphone automatique. La numérotation téléphonique incarne au moins autant le Réseau Téléphonique Commuté que l’ensemble des commutateurs qui le composent, en permettant le routage des communications téléphoniques jusqu’à destination. Un plan de numérotage doit être vu comme une programmation logicielle à l’échelle d’un pays entier. Un plan vit, un plan évolue, un plan s’adapte aux réalités du territoire et des habitants qui y vivent.
(Photographie : C. R-V - Cadran : Coll. C. R-V)
Dès 1879, au début du Téléphone à Paris, chaque abonné est désigné uniquement par son Nom et Prénom, suivi de sa profession et de son adresse.
En 1896, au 1er janvier, l'appel nominatif des abonnés disparaît à Paris (pour les autres villes et régions de France, pas d'information retrouvée). Les journaux en parlent indirectement à partir du 24 juin 1896, traitant du sujet d'une prochaine réforme des annuaires téléphoniques pour 1897, les abonnés s'étant plaints de leur médiocre organisation.
Les abonnés parisiens sont désormais dotés uniquement d'un numéro à 5 chiffres rattachés chacun à un Bureau, selon le format de 3 chiffres désignant la Série, suivis d'un tiret, suivi de 2 chiffres ; soit par exemple des numéros se présentant de la sorte : 100-00.
En 1912, alors que le téléphone est uniquement manuel en France, la circulaire n°53 datée du 27 septembre 1912 crée dans le réseau de Paris, avec effet au 1er octobre 1912, les fameux indicatifs littéraux.
La Circulaire n°35 du 28 octobre 1912 reprend la circulaire de la note précédente. C'est celle-ci qui sera publiée au Bulletin Officiel des P & T.
Pour remédier aux problèmes d'organisation naissants, le système est donc refondu en 1912 en créant dans Paris et sa banlieue les indicatifs littéraux abrégés en 3 caractères, suivis d'un numéro à 4 chiffres.
Les 9 premiers Bureaux de Paris créés par l'Administration des P & T sont ainsi rebaptisés des noms suivants en 1912 :
Progressivement, Paris comptera une multitude de Bureaux manuels urbains jusqu'en 1927 par création de bureaux supplémentaires portant de nouvelles séries de numéros de téléphone à la veille du début de la transformation en Automatique Urbain :
Ce système de dénomination des Séries de Numéros de Téléphones demeurera en vigueur 51 ans jour pour jour jusques au 1er octobre 1963 dans le département de la Seine.
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Ci-dessus : nouveau Central Interurbain de Paris-Archives (au 4ème étage) mis en service le 2 février 1913.
Photographie Meurisse - 30 mars 1913 - Coll. Archives Nationales de France.
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Ci-dessus : nouveau Central Interurbain de Paris-Archives (au 5ème étage) mis en service le 2 février 1913.
Photographie Meurisse - 30 mars 1913 - Coll. Archives Nationales de France.
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Ci-dessus : nouveau Central Interurbain de Paris-Archives (salle des annotatrices) mis en service le 2 février 1913.
Photographie Meurisse - 30 mars 1913 - Coll. Archives Nationales de France.
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Ci-dessus : nouveau Central Interurbain Manuel de Paris-Archives (tableau des destinations) mis en service le 2 février 1913.
Photographie Meurisse - 30 mars 1913 - Coll. Archives Nationales de France.
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Ci-dessus : Opératrices à Paris International Archives (PIA), quelques années plus tard, dans la Salle dite "du Japon".
Photographie PTT - 13 avril 1972 - Coll. Orange DANP
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Ci-dessus : nouveau Central Interurbain Manuel de Paris Bonne-Nouvelle mis en service le 7 mars 1959 - hors service le 9 septembre 1988.
Photographie PTT - 1959 - Coll. Orange DANP.
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En 1914, à partir du 1er janvier, est ouvert en France le service des abonnés absents, par décret du 3 octobre 1913.
En 1928, nécessité absolue de procéder à la normalisation de l'impression des Annuaires Officiels des Abonnés aux Réseaux Téléphoniques des Départements en vue des débuts de l'Automatisation.
En effet, le rôle du Chiffre Zéro, inexistant dans la Téléphonie Manuelle, devient capital dans la Téléphonie Automatique :
Ainsi, si un abonné ayant le numéro 9 dans un réseau téléphonique automatique à 5 chiffres doit être joint, celui-ci devra être numéroté au cadran d'appel par l'appelant d'un même réseau en composant le 0.00.09. Tout simplement parce que si seul le chiffre 9 était composé au cadran d'appel, le commutateur automatique attendrait en vain les 4 autres chiffres... Et l'appel n'aboutirait jamais.
D'où l'édition de la circulaire de l'Exploitation Téléphonique n° 2430 du 18 octobre 1928 visant à normaliser l'impression dans les Annuaires Officiels des Abonnés aux Réseaux Téléphoniques des Départements (imprimés par l'Imprimerie Nationale) où jusqu'alors est appliquée la coutume de ne pas faire figurer les chiffres zéro devant les numéros de téléphone.
Ci-dessus, la circulaire de l'Exploitation Téléphonique n° 2430 du 18 octobre 1928 expose déjà les grands principes retenus pour le téléphone automatique (tout en cohabitant avec le téléphone manuel).
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Par exemple, en Juin 1926 dans l'Annuaire Officiel des Bouches-du-Rhône, les zéros devant les numéros "courts" n'apparaissent pas dans le réseau de Marseille, alors que Marseille-ville est pourtant équipée en système ROTARY 7A Semi-Automatique depuis le 19 avril 1919 (Marseille-Colbert I) et qui est appelé à être automatisé le 1er janvier 1928 et que de plus, Marseille-Dragon en système ROTARY 7A1 automatique est également mis en service le 6 mai 1928...
Autant, en Semi-Automatique, la situation est encore tolérable, étant donnée que la numérotation des abonnés demandés est assurée par des Opératrices professionnelles des PTT, autant en Automatique pur, "l'oubli du Zéro" au cadran est impossible.
Extrait de l'Annuaire Officiel des Abonnés aux Réseaux Téléphoniques des Bouches-du-Rhône.
(Collection Claude Rizzo-Vignaud)
En 1932, depuis le 1er novembre, est mis en service partout en France le Service du Réveil par téléphone (première expérimentation en France, à Marseille dès Mars 1929) ;
En 1933, l'Horloge Parlante automatique est mise en service le 14 février 1933 dans le réseau téléphonique automatique parisien.
Inventée par M. le Directeur de l'Observatoire de Paris - Ernest Esclangon en 1931, il fait fabriquer son invention par la société horlogère Brillié. Elle est présentée en démonstration à l'Académie des Sciences le 14 mars 1932, puis elle est installée dans les sous-sol de l'Observatoire de Paris où elle fonctionne parfaitement en interne depuis le mois d'Octobre 1932 pour en éprouver la fiabilité.
L'Administration des PTT, contactée par M. Esclangon se montre très intéressée par l'Horloge Parlante et en réalise l'adaptation au Réseau Téléphonique Commuté public.
l'Horloge Parlante automatique est mise en service en France dans le Réseau Téléphonique le 14 février 1933 à 9H00, à partir de l'Observatoire Astronomique de Paris. (Première horloge parlante mise en service dans le monde.)
Ci-dessus : la première Horloge Parlante du monde, mise en service à Paris à l'Observatoire, le 14 février 1933. Photographie X - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : Horloge Parlante France-Télécom / Orange, conçue par le CNET.
Video C. R-V. - 7 juin 2022 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : Horloge Parlante France-Télécom / Orange, conçue par le CNET.
Photographies C. R-V. - 7 juin 2022 - Coll. C. R-V/Orange DANP
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En 1934, dans le but de soulager les opératrices du "Régional manuel" de Paris, des essais d'automatisation complète des communications régionales de toute la Région Parisienne sont tentés par la société Le Matériel Téléphonique (LMT), avec la bénédiction de l'Administration des PTT.
Ci-dessus : maquette fonctionnelle du projet de Centre de Transit automatique Paris-Régional en système ROTARY 7A1 proposée par la société Le Matériel Téléphonique (LMT).
Photographie LMT - 1934 - Coll. Orange DANP.
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En 1935, au mois de Décembre, est créé le service S.V.P (abréviation de S'il-Vous-Plaît), service téléphonique spécialisé créé à l'initiative de M. le Ministre des PTT - Georges Mandel, service accessible au grand public destiné à désengorger les services de renseignements des diverses administrations françaises ainsi qu'à assurer des fonctions dites de "conciergerie".
Ci-dessus : vue du service SVP l'année de sa création, à Saint-Ouen, près de Paris, en présence de l'équipe fondatrice : M. le Chef d'Équipe, Mmes les Standardistes et M. le Coursier.
Photographie ACME NEWSPICTURES - 12 décembre 1935 - Coll. C. R-V.
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En 1939, le 18 juin, est inauguré le numéro d'appel 12 en tant que service des Renseignements Téléphoniques pour les abonnés reliés au réseau téléphonique automatique. Le premier Centre de Renseignements Téléphoniques est ouvert dans le central Paris-Anjou. (Nota, dès 1935, à Paris, l'existence du 12 est attestée pour certains commutateurs)
De ce fait, les numéros spéciaux en vigueur dans la circonscription de Paris deviennent à cette période :
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Les Centres de Renseignements Téléphoniques (CRT) ouverts en Île-de-France sont alors :
Note 1 : la totalité des CRT d'Île-de-France sera ensuite délocalisée en province dans les années 1994-1995, les ultimes CRT d'Île-de-France ferment le 1er février 1996 à 8H00 du matin. Une partie de leurs effectifs est mutée en province dans les villes suivantes : Aurillac,Vichy, Saint-Étienne, Roanne, Albi, Limoges, Bayonne, Pau, La Rochelle, Tarbes, Orléans, Quimper, Besançon, Lons-le-Saunier, Montbéliard, Reims et Nancy.
Note 2 : à noter l'ouverture le 18 mars 1969 du 1er Centre de Renseignements Téléphoniques équipés en lecteurs de microfiches à Tours. (Inauguration officielle le 22 mars 1969).
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Ce numéro à deux chiffres, s'il survivra à la seconde guerre mondiale, sera toutefois contraint par le Conseil d’État dans sa décision du 25 juin 2004 de cesser ses activités au terme d'une procédure de 4 années. Ce sera chose faite le 3 avril 2006 à 00h00. (affaire judiciaire ouverte à l'initiative d'opérateurs téléphoniques indépendants qui crurent pouvoir s'enrichir d'un claquement de doigts en ouvrant des services de renseignements téléphoniques... Aujourd'hui l'immense majorité de ces opérateurs a disparu... Fin du mirage... Retour aux réalités).
Dès 2005, une myriade d'opérateurs de renseignements téléphoniques vont apparaître (il s'agit des dates d'ouverture technique, la mise en commercialisation pouvant être ultérieure) :
Le 118 712 qui remplace le 12 est mis en service dès le 2 novembre 2005.
Ci-dessus : vue du Centre de Renseignements Téléphoniques de la rue d'Anjou, à Paris - Premier CRT de France mis en service le 18 juin 1939.
Photographie X - 1946 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : vue du Centre de Renseignements Téléphoniques de la rue d'Anjou, à Paris.
Photographie PTT - Mai 1954 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : vue du Centre de Renseignements Téléphoniques de Guingamp équipé en Lecteurs de Microfiches.
Photographie PTT - 30 septembre 1975 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : vue du Centre de Renseignements Téléphoniques de Paris-Auteuil ouvert en 1973 ; ici en 1974, équipé en Lecteurs de Microfiches.
Photographie PTT - 1974 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : vue du Centre de Renseignements Téléphonique de Paris-Anjou en 1985, une fois la base annuaire informatisée.
Photographie PTT - 1985 - Coll. C. R-V.
Dès 1941, une des principales tâches de la nouvelle Direction des Télécommunications est de concevoir un Nouveau Plan de Numérotage téléphonique afin de mettre un terme à l’anarchie qui régnait en France.
Ainsi, avant l’importante harmonisation à venir, les villes ou les villages étaient pourvues :
Les numéros étant associés au nom du bureau de raccordement (nom qui était soit le nom d’un village, d’une ville, ou pour les grandes villes, le nom d’un quartier ou lieu-dit). Nous étions auparavant dans un plan de numérotage ouvert, qui s’était construit progressivement depuis la naissance du téléphone qui était alors entièrement manuel.
Il est à noter qu’aucun système de commutation automatique conçu depuis n’a jamais pu dépasser le niveau d’intelligence du système de commutation manuelle. En effet, avant l’arrivée de l’automatique, il n’était pas plus difficile pour une opératrice d’identifier le 13.07 à l’Opéra que le 22 à Asnières.
Du fait du contexte historique dramatique, les travaux sont lents. Ils sont interrompus en 1942 et ne reprendront qu’à la Libération en 1945.
En 1946, le Plan de Numérotage étudié initialement en 1941 entre progressivement en vigueur. Le type de plan retenu, par obligation technologique en raison de la présence appelée à se généraliser des enregistreurs / traducteurs dans les commutateurs automatiques, devient un plan fermé. C'est-à-dire que le commutateur doit pouvoir « savoir » à l’avance quel nombre de caractères composés au cadran il doit recevoir pour pouvoir analyser le numéro par bloc en léger différé, ainsi que pour « savoir » quand le numéro du correspondant est terminé pour débuter l’établissement d’une communication.
Ce plan présente l’avantage de pouvoir fonctionner à une époque où les commutateurs ne sont pas encore munis de calculateurs électroniques, mais porte l’inconvénient d’être très rigide et compliqué à modifier ultérieurement.
C’est l’époque mythique des numéros de téléphones de type BALzac00.01 de l’agence publicitaire parisienne de Jean Mineur. À cette époque, ce plan très novateur permet l’harmonisation du réseau téléphonique. Il sera suffisant pour assurer le fonctionnement du réseau téléphonique tant que les communications interurbaines seront assurées par la voie manuelle via les opératrices des PTT.
En 1946, encore, est ouvert le 23 septembre, sous le numéro ETOile 84.00 le Service des Renseignements Postaux et Télégraphiques, le pendant du Service des Renseignements Téléphoniques. Ce numéro sera modifié en ETOile 64.00 courant 1956. Ce service était initialement basé dans le Centre Téléphonique de Paris-Carnot, rue de Médéric. Nous ne savons pas ce qu'est devenu ce service depuis.
En 1951, début de l'exploitation Interurbaine Automatique au départ de Paris :
Ci-dessus : cliché de la maquette de démonstration du système automatique interurbain 2FR exposée au Palais de la Découverte, à Paris, du 20 mai au 15 octobre 1948.
Photographie PTT - 20 mai 1948 - Coll. Orange DANP.
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- L'exploitation automatique interurbaine est généralisée à tout Paris le 26 mai 1951, à la mise en service du premier centre interurbain automatique de départ spécialisé d'une capacité de 200 circuits :
Nota : en 1951, le préfixe interurbain 16 n'existe pas encore. Il ne sera réservé qu'en 1954 et mis en service réel à partir du 18 janvier 1958 à Partir de Paris. Les liaisons sont avant cette date établies au moyen de numéros à 7 chiffres, comme s'il s'agissait tous d'abonnés parisiens.
Ci-dessus : inauguration de la première liaison téléphonique Interurbaine à très-grande distance Paris - Lyon, dans les locaux du Commutateur Interurbain 2FR.
Photographie AOIP - 30 novembre 1951 vers 18H00 - Coll. Orange DANP.
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Allocution de M. le Ministre des PTT – Roger Duchet, dans les murs du Centre Nodal, à l’occasion de l’inauguration du Centre Téléphonique Interurbain expérimental 2FR, à Paris Archives, le 30 novembre 1951 à 18H00.
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Ci-dessus : carte des liaisons Interurbaines Automatiques en service (en gras) en Avril 1954.
Photographie PTT - Mars 1954 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus, de gauche à droite : M. l'Ingénieur des Télécommunications - Jean Fruchou dans son bureau, recevant M. l'Ingénieur des Télécommunications - Jean Ribaud pour parler de leurs souvenirs sur les débuts de l'Interurbain Automatique en France (et dans le monde !).
Photographie PTT - 7 mars 1973 - Coll. Orange DANP.
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L'aventure du 2FR se révélant un plein succès dès sa mise en exploitation, il est décidé dès le mois de Janvier 1953 par M. le Directeur des Télécommunications de Paris - Yves Uzenot de généraliser l'accès automatique de Paris vers tout le territoire national.
Ci-dessus : Maquette expérimentale du futur Centre Interurbain Automatique de Départ (CIAD) mise en construction dès 1954, dans le Centre téléphonique Bonne-Nouvelle.
Photographie PTT - 12 janvier 1956 - Coll. Orange DANP.
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Viendront de nouveaux centres interurbains de départ en matériels ROTARY 7B1.
Ci-dessus : cliché schématisant la mise en exploitation régulière de l'Interurbain automatique au départ de Paris, à l'occasion de la mise en service du CIAD - Bonne Nouvelle.
Photomontage PTT - 1958 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : reportage dans la grande salle du Commutateur de Transit ROTARY 7B1 Paris-Bonne-Nouvelle CIAD.
Photographies PTT - Avril 1969 - Coll. Orange DANP.
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Ensuite viendront de nouveaux centres interurbains de départ en matériels PENTACONTA :
Évidemment, comme des centres automatiques interurbains au départ de Paris furent créés, il fallut également mettre en service des centres interurbains automatiques d’arrivée des télécommunications à Paris, afin de pouvoir écouler le trafic à l’arrivée (provenant de province) allant croissant : sont ouverts 3 centres téléphoniques d’arrivée réalisés en matériel ROTARY :
- Les premières villes pouvant appeler Paris par voie entièrement automatique sont (liste complète jusqu'en 1958 inclus) :
Ci-dessus : quelques vues du Commutateur interurbain de transit d'arrivée Paris-Dabout en système ROTARY 7A1.
Photographies PTT - Janvier 1953 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : travée d'Enregistreurs du Commutateur interurbain de transit d'arrivée Paris-Dabout en système ROTARY 7A1.
Photographie PTT - Janvier 1953 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : Contrôleur des Installations Électro-Mécaniques (CIEM) en cours d'intervention dans le Réseau de Connexion du Commutateur de transit interurbain d'arrivée Paris-Dabout.
Photographie PTT - Janvier 1956 - Coll. Orange DANP.
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Ensuite, sont adoptées les technologies PENTACONTA pour les centre interurbains d'arrivée :
Le préfixe interurbain 16, mis en service à partir du 18 janvier 1958 à Paris, perdurera jusqu’au 18 octobre 1996.
Le préfixe interurbain 16, en Province a commencé à être utilisé le 1er novembre 1956 (dans le Sens Borbeaux - Toulouse).
En 1953, en raison de l’extension du réseau téléphonique, du succès qu’il rencontre et en raison des pénuries de combinaisons prononçables des préfixes à 2 lettres devant toujours être de surcroît attribués en relation à un lieu particulier de la zone à numéroter, la Commission du Plan de Numérotage National des Abonnés décide que l’hexagone (hors département de la Seine (75)) bascule à la numérotation tout en chiffres pour tous les nouveaux commutateurs ou toutes les nouvelles extensions mises en service à partir de cette année.
Cas de la Province :
Cas de la 2ème couronne en Région Parisienne :
Cas de Paris et de la 1ère couronne :
En 1955, suite aux travaux de la Commission Administrative des PTT créée en 1952 et qui rendit ses conclusions dès 1953, présidée par M. l'Ingénieur Général Antoine Chovet (Commandeur dans l'Ordre du Mérite Postal - décret du 13 mars 1961 ; Commandeur dans l'Ordre National du Mérite - décret du 16 décembre 1966 ; Commandeur dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur - décret du 27 décembre 1968), le principe d'un Plan de Numérotage téléphonique global est adopté.
Ce Plan de Numérotage National "dit de 1955" est mis en œuvre par déploiement progressif commutateur par commutateur, au fur-et-à-mesure de l'automatisation de chaque ville ou de chaque groupement de villages, de hameaux ou lieux-dits, pour faire face à l’accroissement du réseau téléphonique qui avait été insuffisamment anticipée au départ, ainsi qu’à l’automatisation interurbaine débutée en 1951, nécessitant alors une rationalisation « mathématique » dans l’attribution des numéros des abonnés, en fonction de critères géographiques et organisationnels novateurs, en tenant compte que la plupart des destinations demandées concernent par ordre d’importance : des appels urbains, puis des appels passés dans le même département, puis dans les départements limitrophes ; les appels de longue distance étant alors marginaux ainsi que les appels internationaux.
Ainsi, tant qu'une ville, un village, un hameau, un lieu-dit est maintenu en téléphonie manuelle, l'abonné conserve-t-il son numéro de téléphone historique tel qu'il lui a été attribué historiquement, à 2 chiffres, à 3 chiffres voire à 4 chiffres... Mais au moment de passer à l'automatisation intégrale par la mise en service d'un autocommutateur ou d'un Centre Intermédiaire ou d'un Centre de Secteur, l'abonné se voit attribuer quelques mois avant, un numéro de téléphone régional à 6 chiffres, ainsi que le numéro de téléphone national à 8 chiffres associé que les appelants devront utiliser pour le joindre au téléphone.
De manière générale, l'Administration essaye de conserver les numéros de téléphones d'origine en les incluant dans les nouveaux numéros de téléphones automatiques, sauf en cas de conflit entre plusieurs bourgs. En effet, par la voie automatique, deux abonnés ne peuvent jamais posséder le même numéro de téléphone. À ce moment-là, les abonnés de certains bourgs doivent être renumérotés quand ils se retrouvent sous le même AB.PQ et sur le même Millier, voire la même Centaine...
Pour résumer la situation : le Plan de Numérotage de 1955 n'a jamais été mis en œuvre d'un seul coup, à une seule date fixée, pour toute la France, mais au contraire, il était au départ un objectif à atteindre, un objectif à mettre en œuvre progressivement (jusques en 1979) au fur-et-à-mesure de l'automatisation des villes, villages, hameaux et lieux-dits... Ainsi donc, il s'avère complètement absurde de vouloir définir une date précise de mise en œuvre du Plan de Numérotage de 1955 car cette date n'existe pas, mais est constitué dans son déploiement par des milliers de dates comprises entre 1955 et 1979 réparties dans toute la France...
Le cahier des charges pour parvenir à l'automatisation et au plan de numérotage de 1955 est donc à cette époque :
ZND : le réseau se maille de plus en plus et la solution décidée tenant compte de tous les facteurs précités consiste à réorganiser le plan de numérotage téléphonique par Zones de Numérotage de Département (ZND) qui se superposent plus ou moins aux départements. C’est ce que l’administration des télécommunications tente de réaliser le plus souvent possible. Un département, donc une ZND, reçoit en général un seul indicatif (AB).
Nota : chaque ZND est constituée par un regroupement de plusieurs Circonscriptions de Taxe qui ne se chevauchent pas. Dans chaque Circonscription de Taxe les abonnés téléphonent au tarif local de 1 Taxe de Base. Dès qu'un appel sort de la circonscription de l'appelant, un système de tarification complexe basé sur la distance entre les deux chefs-lieux de Circonscriptions de Taxes détermine un tarif de conversation.
Il existe alors en France un nombre important de tarifs basés d'une part sur la distance à vol d'oiseau entre chefs-lieux, et d'autre part à l'appartenance des chefs-lieux au même département (intra ZND), ou à des départements limitrophes (intra ZRN), ou en dehors de la ZRN.
Les combinaisons de ces multiples facteurs sont très complexes et en font d'ailleurs le système tarifaire de taxation le plus complexe du monde à cette époque.
À signaler le cas particulier du département de la Seine ne formant qu'une seule Circonscription de Taxe dans une seule et unique ZND, la ZND dite de Paris et 1ère couronne, la 1ère couronne, encore nommée zone suburbaine, étant constituée des communes limitrophes à Paris ainsi que des communes limitrophes à celles-ci.
ZRN : sont aussi formées des Zones Régionales de Numérotage (ZRN) : schématiquement, il est créé une ZRN par département, qui comprend ce département considéré ainsi que les départements limitrophes. Ainsi chaque ZRN à 6 chiffres en chevauche plusieurs autres. Dans une même ZRN, les abonnés se téléphonent entre eux en composant seulement les 6 chiffres de leur correspondant : PQ MC DU.
Nota : même si les ZRN à 6 chiffres se chevauchent en France, il est impossible qu’une ZRN de province chevauche la ZRN de la Région Parisienne, vu que la numérotation régionale y est à 7 chiffres.
Dès 1955, le principe d’une double numérotation est mis en œuvre. Chaque abonné se voit donc attribuer un numéro national (aussi dénommé numéro significatif) à 8 caractères, associé au numéro régional correspondant de 6 chiffres ou 7 caractères :
C’est à cette époque que naît la dénomination ABPQMCDU de la numérotation téléphonique.
Concernant la Province :
- Le AB PQ MC DU représente le numéro national à 8 chiffres de l’abonné.
- Le PQ MC DU son numéro régional à 6 chiffres correspondant.
- Un indicatif (AB) représente le numéro de Zone de Numérotage de Département (le département, en général).
- Un Préfixe Quantitatif, noté PQ, représente à cette époque le numéro du commutateur.
- Il ne peut exister sur l’ensemble du territoire métropolitain qu’un maximum de 80 indicatifs (AB) vu qu’il a été historiquement décidé que le chiffre 0 ne commencerait jamais de numéro téléphonique national, ainsi qu’un maximum de 90 PQ possibles pour chaque ZRN, pour la simple raison que les 2 premiers chiffres composés au cadran compris entre 10 et 19 sont affectés (ou réservés pour le futur) aux « Services Spéciaux » (comme le préfixe 16 pour l’interurbain automatique) et ne sont donc ni intégrables au plan de numérotage national à 8 chiffres, ni aux plans de numérotage régionaux à 6 chiffres.
- De plus, dans chaque ZRN à 6 chiffres, bien que comportant en général plusieurs indicatifs (AB), nous sommes donc toujours limités à 90 combinaisons de PQ de 10.000 abonnés MCDU chacune : 900.000 abonnés maximum par ZRN. En effet, si un PQ pouvait être attribué à plusieurs indicatifs (AB) d’une même ZRN, il existerait alors dans cette ZRN plusieurs numéros de téléphones régionaux identiques à 6 chiffres PQ MC DU, ce qui rendrait l’acheminement des communications impossible en mode automatique. Ceci provoque une perte inévitable de ressources en numéros téléphoniques attribuables.
Concernant la Région Parisienne :
- Le A BPQ MC DU représente le numéro national à 8 caractères de l’abonné.
- Le BPQ MC DU son numéro régional à 7 caractères correspondant.
- Un indicatif (A) –fixé à la valeur (1) en 1955– représente le numéro de Zone Régionale de Numérotage (c'est-à-dire l’ensemble de la Région Parisienne de l’époque : les départements de la Seine, de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne et d’Oise).
- Un Préfixe Quantitatif à 3 caractères, noté BPQ.
- Il ne peut exister que 900 combinaisons BPQ possibles, pour la simple raison que les 2 premiers chiffres composés au cadran compris entre 10 et 19 sont affectés (ou réservés pour le futur) aux « Services Spéciaux » (comme le préfixe 16 pour l’interurbain automatique), ce qui fait que le (B) égal à 1 en Région Parisienne ne peut pas exister. Par voie de conséquence ceci interdit techniquement l’usage de 100 combinaisons BPQ dans cette ZRN à 7 chiffres.
- De plus, par souci d’harmonisation par rapport à la province, les numéros PQ de 10 à 19 sont volontairement éliminés de la numérotation régionale parisienne. Ceci est la raison pour laquelle il n’existe jamais de lettres rouges autour du chiffre 1 de l’émail des cadrans téléphoniques administratifs apparus en 1927. Donc, en Région Parisienne, 10 PQ commençant par le chiffre 1 pour les 9 B possibles sont volontairement éliminés, soit 90 PQ supplémentaires à retrancher.
- En revanche, la ZRN de Région parisienne à 7 chiffres ne peut pas chevaucher de ZRN limitrophe, ce qui fait que dans cette ZRN à 7 chiffres, il est possible d’attribuer un maximum réel de 9 B de 90 PQ chacun, soit 810 BPQ de 10.000 abonnés MC DU. Soit un maximum de 8,1 millions d’abonnés
- Sachant que pour les départements de Seine-et-Marne, Oise et Seine-et-Oise, le préfixe (B) est fixé à la valeur 9 et donc limite le nombre de lignes téléphoniques maximal pour la 2ème couronne et la grande banlieue qu’à 1 B de 90 PQ, soit 90 BPQ de 10.000 abonnés MCDU possibles soit 900.000 abonnés maximum,
- Sachant que pour le département de la Seine (Paris et 1ère couronne), sont disponibles 8 B de 90 PQ, soit 720 BPQ de 10.000 abonnés MC DU. Soit un maximum de 7,2 millions d’abonnés pour Paris et la 1ère couronne.
Nota : Concernant les Préfixes Quantitatifs PQ, la multiplication du nombre de commutateurs puis l’avènement ultérieur des commutateurs à grande capacité supérieurs à 10.000 abonnés signe ici le fait que depuis plus de 40 ans, les numéros de commutateur soient complètement disjoints des Préfixes Quantitatifs téléphoniques, un seul commutateur pouvant inclure jusqu’à 10 Préfixes Quantitatifs (soit 100.000 abonnés). De nos jours, un numéro de commutateur est composé par 4 caractères : 2 lettres suivies de 2 chiffres, ce qui n’a donc plus aucun point commun avec les Préfixes Quantitatifs qu’il gère.
- Lorsqu’un abonné de province souhaite appeler un abonné situé dans sa propre ZRN (c'est-à-dire dans son département et les départements limitrophes), il ne compose alors que les 6 chiffres du numéro régional de son correspondant : PQ MC DU, comme à l’époque du plan de 1946.
- Lorsqu’un abonné de province souhaite appeler un abonné situé en province hors de sa propre Zone Régionale de Numérotage, ou en Région Parisienne, il compose le préfixe interurbain 16 si sa zone est équipée de l’interurbain automatique, attend la tonalité spécifique du centre interurbain (mélange de 330 Hz et 440 Hz), puis compose le numéro national à 8 chiffres de son correspondant : AB PQ MC DU ou à 8 caractères (dont 3 lettres) pour joindre le département de la Seine : 1 £££ MC DU. En automatique, le préfixe interurbain 16 sert à indiquer au commutateur d’abonnés que l’abonné va traiter un appel national, situé en dehors de la zone de l’appelant.
- Lorsqu’un abonné de Région Parisienne souhaite appeler un abonné situé en Région Parisienne, il téléphone en fait dans la même ZRN que lui, donc il compose alors le numéro régional de son correspondant comme à l’époque du plan de 1946 : les 3 lettres suivies des 4 chiffres MC DU si le correspondant est situé dans le département de la Seine, ou les 7 chiffres BPQ MCDU si le correspondant est situé dans le département de Seine-et-Marne, d’Oise ou de Seine-et-Oise.
- Lorsqu’un abonné de Région Parisienne relié à l’automatique interurbain souhaite appeler un abonné situé hors de Région Parisienne, il téléphone en fait hors de sa ZRN, donc il compose alors le préfixe interurbain 16, puis attend la tonalité spécifique du centre interurbain et compose le numéro national à 8 chiffres de son correspondant : AB PQ MC DU.
Le plan de numérotage de 1955, basé simultanément sur des numéros nationaux à 8 chiffres et de numéros régionaux correspondant à 6 ou 7 chiffres fut une réponse astucieuse à cette époque de contraintes et de pénuries en financements, en commutateurs et en voies de transmission des communications ; en fait d’un réseau notoirement sous-équipé, situation qui sera décrite par Fernand Raynaud dans son célèbre sketch du 22 à Asnières.
Ce plan fut le seul moyen possible utilisé pendant 30 ans par l’administration des télécommunications pour gagner du temps en gérant au mieux la pénurie de ressources, au prix cependant, d’une exploitation des ressources en numéros téléphoniques disponibles qui ne pouvait pas être optimale en raison du découpage même organisé par ce plan en Zones Régionales de Numérotage « intermédiaires » à 6 chiffres et ceci pour deux raisons majeures :
1° Il y a une première neutralisation massive des combinaisons de numéros possibles vu qu’à l’intérieur d’une ZRN de province où le plan de numérotage est fixé à 6 chiffres, les indicatifs (AB) qui la composent ne sont jamais utilisés pour différencier les numéros d’abonnés. Donc dans une ZRN, ne sont de toute manière possibles que 90 combinaisons de PQ, soit 900.000 abonnés au maximum quel que soit le nombre d’indicatifs (AB) qui la composent. Un numéro PQ ne peut donc être attribué qu’à un seul indicatif (AB) de la même ZRN à 6 chiffres. Prenons l’exemple d’une ZRN de province qui comporte 4 départements pourvus chacun d’un indicatif (AB), il y a donc 4 indicatifs (AB) dans cette ZRN. Comme le plan téléphonique dans une ZRN de province est fixé à 6 chiffres, seuls 90 PQ sont donc possibles, soit 900.000 numéros de téléphones et ce malgré l’emploi de 4 indicatifs (AB) qui ne seront jamais utilisés à plein rendement dans cette ZRN, vu qu’il préexiste cette limite infranchissable de 900.000 abonnés par ZRN à 6 chiffres. Pour cette ZRN à 4 départements, nous avons donc (90 combinaisons de PQ x 4(AB) différents – 90 combinaisons de PQ réellement possibles), soit 360-90 = 270 combinaisons de 10.000 abonnés, soit 2,7 millions de numéros téléphoniques irrémédiablement perdus pour une ZRN à 4 départements et à 4 indicatifs (AB).
2° De surcroît, comme les ZRN de province (environ 80, soit le nombre approximatif de départements) en chevauchent plusieurs autres, encore plus de numéros de téléphones supplémentaires sont « détruits » à cause du chevauchement ! Par exemple, imaginons le cas d’un département qui fasse partie de 2 ZRN et que ce département possède un indicatif (AB) qui lui soit propre. La ZRN n°1 va lui interdire d’employer un certain nombre de PQ avec son indicatif départemental (cas étudié au 1°), mais la ZRN n°2 qui chevauche ce même département ne pourra plus que choisir, pour ses autres départements restants à pourvoir, des PQ différents de ceux déjà utilisés par le département chevauché. Sachant qu’une ZRN chevauche plusieurs autres ZRN (3, 4, 5 voire 7), des combinaisons interdites supplémentaires vont apparaître et neutraliseront plusieurs blocs de numéros téléphoniques AB PQ.
3° En revanche, même si un PQ ne peut être associé qu’à un seul indicatif (AB) des différentes ZRN dont il fait partie et qui se chevauchent, un PQ peut être associé à d’autres indicatifs (AB) faisant partie d’autres ZRN qui ne se chevauchent jamais (donc à d’autres ZRN géographiquement très éloignées). Par ce moyen, les pertes sont en parties limitées au niveau national, d’où l’importance de procéder à un judicieux découpage des ZRN ainsi qu’à un choix astucieux de leurs chevauchements respectifs ainsi que dans l’attribution des valeurs numériques suivant des critères géographiques aux indicatifs (AB) et aux PQ pour chaque ZRN ; attribution qui ne peut donc jamais être optimisée partout en même temps sur le territoire métropolitain (Optimisation possible jusqu’à 60% de numéros utilisables suivant les régions en cas de forte densité et choix judicieux mais pouvant tomber jusqu’à 20% dans des régions à faible densité.)
Cette situation de gaspillage de numéros de téléphones, supportable tant que le nombre d’abonnés au téléphone restait limité, ne pouvait qu’exploser ultérieurement concernant les zones à forte densité de population. C’est ainsi que des mesures correctives seront successivement prises dans l’urgence entre 1974 et 1980 pour parer à la pénurie de numéros téléphoniques attribuables dans les départements les plus saturés.
Ci-dessus : représentation partielle de l’enchevêtrement des Zone Régionales de Numérotation. (source : Encyclopédie des PTT, 1957, éd. Rombaldi)
Parmi, prenons un cas concret : le département de la Haute-Garonne est une Zone de Numérotage Départementale dotée de son indicatif interurbain AB = 61. Comme toute ZND il va constituer sa propre Zone Régionale de Numérotage à 6 chiffres en y intégrant ses départements mitoyens, au nombre de 7.
Mais ce département va aussi faire partie de 7 autres Zones Régionales de Numérotage, en plus de la sienne, soit 8 ZRN en tout.
De surcroît, ces 7 départements mitoyens vont aussi constituer leur propre Zone Régionale de Numérotage à 6 chiffres en y intégrant à leur tour leurs départements mitoyens, et ainsi de suite, sachant que nous sommes toujours limités à 90 combinaisons de PQ (soit 900.000 abonnés) par ZRN. Or, les ZRN se chevauchent !
Il s’agit bel et bien de cet enchevêtrement de ZRN non disjointes, qui se recouvrent donc partiellement, qui fait perdre une grande partie de la ressource mathématique en numéros disponibles avec ce plan de numérotage à 6 chiffres régionaux.
En plus de risquer la pénurie d’équipements téléphoniques de commutation, l’on pouvait, si l’organisation du plan de numérotage était traitée à la légère de surcroît souffrir de pénuries de numéros de téléphones mathématiquement attribuables pour pouvoir mettre en service les abonnés, et ce même si l’administration disposait des équipements matériels en nombre suffisant !
En 1955, la France est désormais découpée en 80 Zones Régionales de Numérotage.
Ci-dessus : tableau des indicatifs interurbains AB en vigueur en 1955.
(source : Encyclopédie des PTT, 1957, éd. Rombaldi)
Ci-dessus : Plan des indicatifs interurbains AB en vigueur peu après 1955.
(source : CNET 1974)
En 1956, début de l'International Automatique dans le sens Réception : concernant les communications en provenance de l'étranger, elles sont toutes reçues en France par voie manuelle, et acheminées manuellement par nos opératrices d'arrivée.
Il faut attendre le 29 mai 1956 pour que la première liaison automatique internationale dans le sens Étranger vers France soit ouverte, entre la Belgique (Bruxelles) et la France (Lille et Paris).
Fait remarquable, il s'agit de la première liaison internationale ouverte en automatique intégral dans le monde.
En 1958, début de l'International Automatique dans le sens Émission : concernant les communications à destination de l’étranger, rien n’est encore automatisé. Avant 1958, le demandeur passe toujours par la voie manuelle. Il est mis en relation avec des opératrices de départ qui s’occupent manuellement de l’établissement de la communication avec le pays demandé.
Ce n’est qu’à partir du 29 mars 1958 que la situation commence timidement à changer : la première liaison automatique internationale sera ouverte dans le sens France vers Étranger entre la France et la Belgique (Paris et Bruxelles) par le biais d’une sorte d’expérimentation «locale» inaugurée par M. le Secrétaire d’État aux PTT - Eugène Thomas via le CIAD (Centre Interurbain Automatique de Départ) réalisé en matériel ROTARY 7B1 mis en service récemment à Paris - Bonne Nouvelle le 18 janvier 1958.
À ces débuts, les communications à destination de Bruxelles obtenues à partir de Paris sont routées comme s'il s'agissait de communications interurbaines, via le récent préfixe interurbain (16).
Dans le but d'unifier les systèmes de télécommunications internationaux Le CCITT attribue en 1962, pour chaque pays, un indicatif qui lui est propre, pour que chaque pays puisse être joint facilement. La France se voit affecter l'indicatif de pays : 33.
À partir de la France, pour joindre l'étranger, le préfixe international automatique d'appel dédié (19) ne sera créé qu'en 1964 (voir année 1964 de la chronique)
Nota : le préfixe (19) a été précédemment utilisé pour les Dérangements, vers la fin des années 1950, quand à cette époque les Dérangements furent dissociés du service des Réclamations (13). Cet usage séparé n'a donc pas duré. L'on retrouve parfois sur d'anciens téléphones modèles U43 de cette période une étiquette comportant cette numérotation, étiquette spéciale toujours fabriquée en aluminium, et non comme à l'habitude en carton bristol.
En 1963, par la circulaire du 21 septembre 1963 (BO PTT 1963, document 258 T 34 page 89), constatant que le département de la Seine (Paris et 1ère couronne) commence à subir la même pénurie de combinaisons prononçables et vraisemblables de lettres à mettre en relation avec un lieu considéré, comme ceci arriva en province dix ans auparavant, l’administration des télécommunications décide unilatéralement de supprimer l’emploi des lettres pour les numéros de ce département à partir du 1er octobre 1963.
C’est une petite révolution qui est mal vécue par les parisiens, mais qui permet d’une part l’harmonisation de l’emploi de la numérotation en l’alignant sur l’ensemble de l’hexagone, mais permet de surcroît de créer de nouvelles combinaisons qui eussent été invraisemblables ou imprononçables sous forme de lettres. Il est à noter que malgré ce changement, l’emploi des anciens préfixes à lettres préexistant à ce changement reste alors en usage et même toléré par l’administration des télécommunications. Cet usage perdure donc, pour les plus âgés des parisiens et de la 1ère couronne, jusqu’au futur plan de numérotation qui interviendra en 1985.
Par exemple, le préfixe ANJou devient le préfixe 265, ce qui a moins de charme, mais du coup il devient possible de créer le préfixe supplémentaire contigu 266 qui n’est rattaché à aucun lieu-dit particulier, afin de pouvoir facilement doubler, avec le moins d’équipements électromécaniques supplémentaires possibles, la capacité de ce centre téléphonique de Paris très saturé en créant de nouvelles combinaisons de numéros devenues possibles, pour peu que les extensions électromécaniques des commutateurs qui correspondent soient installées...
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En 1964, le préfixe international automatique (19) est mis en service le 24 novembre 1964 (Il avait été réservé dès 1960). Les premières chaînes dédiées de départ automatiques vers l’international sont mises en service, uniquement pour 2 pays au début : l’Allemagne de l'Ouest (RFA) et la Grande-Bretagne. Ce n'est qu’au fur et à mesure de l’automatisation du réseau téléphonique de chaque pays que l’international deviendra progressivement automatique…
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L’abonné compose alors le préfixe 19, attend la tonalité spécifique du Centre International Automatique (il s'agira d'abord d'un indicatif musical, qui sera ultérieurement remplacé à partir du 4 décembre 1971 à 8H00 du matin par une tonalité à 850 Hz, puis ultérieurement (avant 1977) par une tonalité différenciée (330 Hz et 440 Hz mélangés)), puis compose l’indicatif du pays suivi immédiatement du numéro de son correspondant à l’étranger.
Pour la France, le 33 est l’indicatif entrant vers notre pays attribué par le Comité Consultatif International Téléphonique et Télégraphique par sa recommandation E.29 du 26 juin 1964.
Ci-dessus : un ingénieur de la société Le Matériel Téléphonique (LMT) présente le jour de sa mise en service à un journaliste une Table de Départ vers l'Étranger associée au Commutateur International PENTACONTA - CADET (PI770).
Photographie Keystone - 24 novembre 1964 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : inauguration du 1er Commutateur International français CADET par M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Jacques Marette.
Photographies PTT - 24 novembre 1964 - Coll. Orange DANP.
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Quelques exemples d'automatisations entre la France et le reste du monde (dates de mise en service au départ de Paris - accessibles par le (19)) :
Ci-dessus : de Paris, M. le Secrétaire d'État Autonome des Postes et Télécommunications - Aymar Achille-Fould le 28 février 1975 en pleine conversation avec M. le Ministre algérien des P et T - Saïd Aït Messaoudène, à Alger.
Photographie PTT - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : de Paris, M. le Secrétaire d'État Autonome des Postes et Télécommunications - Aymar Achille-Fould le 10 mars 1975 en pleine conversation avec M. le Ministre irlandais des P & T - Conor Cruise O'Brien TD, à Dublin.
Photographie PTT - Coll. C. R-V.
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En 1967, un préfixe supplémentaire encore disponible, le (15), est mis à la disposition des abonnés de la Région Parisienne pour l’accès à l’interurbain automatique (préfixe déjà utilisé en outre en province en interurbain manuel).
Ci-dessus : Table d'Essais des circuits interurbains reliés au Commutateur DIANE.
Photographie X - 30 juin 1978 - Coll. C. Teppex
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Ci-dessus : travées du Commutateur Interurbain DIANE.
Photographies PTT - 20 juillet 1967 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : un des quatre Traducteurs Quasi Électroniques (TQE) équipant le Commutateur Interurbain DIANE.
Photographie PTT - 18 juin 1970 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : inauguration officielle du Commutateur Interurbain DIANE.
Photographies PTT - 20 juillet 1967 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : essai téléphonique du Commutateur Interurbain DIANE par M. le Ministre des P et T - Yves Guéna, dans les locaux même de l'installation.
Photographie PTT - 20 juillet 1967 - Coll. Orange DANP.
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À compter du 19 juillet 1967, lorsqu’un abonné relié à l’automatique de Région Parisienne souhaite appeler un abonné situé hors de Région Parisienne, il compose alors le préfixe interurbain 16 ou 15 suivant la moitié de la France que l’abonné de Paris ou de Région Parisienne souhaite joindre, puis attend la tonalité spécifique du centre interurbain (il s'agira d'abord d'un indicatif musical, qui sera ultérieurement remplacé à partir du 4 décembre 1971 à 8H00 du matin par une tonalité à 850 Hz, puis ultérieurement (avant 1977) par une tonalité différenciée (330 Hz et 440 Hz mélangés)) et compose le numéro national à 8 chiffres de son correspondant : AB PQ MC DU.
Mais après l'ouverture à Paris-St Lambert, du Centre interurbain automatique d'arrivée le 26 mars 1972, l’ouverture du CADIS (Centre Automatique de Départ Interurbain Saint-Lambert) le 3 juin 1972, réalisés en matériel PENTACONTA, permettant à une moitié de la Région Parisienne de joindre la totalité de la France en automatique via le préfixe 16, active la généralisation du préfixe 16 au détriment du préfixe 15.
Finalement, le préfixe interurbain 15 ne se généralisera pas, ainsi en a-t-il été décidé pour des raisons techniques. Aussi, est-il procédé dans le courant de l'année 1977 à l'adaptation du centre de transit interurbain DIANE de la façon suivante :
Le préfixe 15 est par la suite réaffecté dès 1979 au SAMU.
Ainsi entre 1967 et 1977, les abonnés de la Circonscription de Taxe de Paris (incluant l’ancien département de la Seine, plus Meudon, Sèvres, Saint-Cloud et les trois aéroports du Bourget, Orly et Villacoublay) composaient le préfixe interurbain 15 pour joindre les départements suivants, en empruntant le centre interurbain parisien DIANE : 01, 03, 04, 05, 06, 07, 09, 12, 13, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 2A, 2B, 23, 24, 26, 28, 31, 32, 33, 36, 37, 38, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 49, 53, 54, 55, 57, 63, 64, 65, 69, 72, 73, 74, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87 et 88.
Quant aux autres départements : 02, 08, 10, 11, 14, 21, 22, 25, 27, 29, 30, 34, 35, 39, 48, 50, 51, 52, 56,58, 59, 61, 62, 66, 67, 68, 70, 71, 76, 89 et 90, il sont obtenus au départ de Paris à partir du préfixe interurbain « habituel »16.
En Décembre 1967, Paris est promue au rang de Centre Intercontinental de Transit Téléphonique, suite à une résolution unanime de l'Union Internationale des Télécommunications réuni en séance à Mexico, et rejoint ce cercle restreint parmi Londres, New-York, Moscou, Tokyo, Singapour et Sydney.
En 1970, sous l’impulsion de M. le Directeur Général des Télécommunications - Pierre Marzin, débute l’étude d’un nouveau plan de numérotage national à venir, en raison de la saturation prévisible dans les zones à forte densité de population qui point.
Situation particulièrement complexe du Téléphone en 1970, (Automatique, Semi-Automatique, Manuel, Automatique-Rural se partagent le réseau) au départ de la Circonscription de Taxe de Paris, tirée de l' Annuaire des abonnés au téléphone de Paris - 1970.
En 1972, sous l'impulsion du nouveau Directeur Général des Télécommunications - M. Louis-Joseph Libois, est créée au début de cette année une Commission chargée de préparer un Nouveau Plan de Numérotage. Cette Commission se réunit pour la première fois dès le 15 février 1972 et ouvre officiellement ses travaux.
Fin 1973, la France demeure toujours découpée en 80 Zones Régionales de Numérotage (même si quelques découpages géographiques et quelques renumérotations d'indicatifs interurbains se produisirent depuis 1955.)
Ci-dessus : tableau des indicatifs interurbains AB en vigueur en Août 1973.
(source : Documents d'Information des Télécommunications)
Ci-dessus : Plan des indicatifs interurbains AB en vigueur vers 1975-76.
(source : CNET)
De 1974 jusqu’en 1981, l’administration des télécommunications constatant les graves signes de faiblesse du plan de numérotage téléphonique de 1955 décide d’agir via la note circulaire n° T59 du 27 mai 1974 de M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry.
En effet, il est constaté d’une part que certaines zones à faible densité de population mobilisent des indicatifs de Zones de Numérotage de Département (AB) qui ne seront jamais employés à pleine capacité dans ces départements et d’autre part que certains territoires ont vu en une génération leur population et leurs besoins en ressources téléphoniques exploser.
Le principe est de réduire le nombre de Zones de Numérotage de Département (AB) en fusionnant les plus "désertiques", et de récupérer ainsi quelques indicatifs (AB) qui pourront être réutilisés ailleurs dans des zones à forte densité de population.
Ainsi, les zones à faible densité de population sont dénumérotées puis renumérotées en les regroupant sur un nombre plus réduit d’indicatifs de Zones de Numérotage de Département (cas des départements montagneux, par exemple).
Liste des cas de regroupements de départements intervenus à partir de 1974, en vue de récupération d’indicatifs (AB), et / ou d’opérations ultérieures plus complexes :
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Les indicatifs AB récupérés sont ensuite réutilisés comme second ou troisième indicatif dans les zones à forte densité téléphonique, ou pour des opérations encore plus complexes.
Évidemment, lorsqu'un indicatif AB est récupéré de quelque part, il faut le laisser inutilisé durant un certain nombre de mois, afin d'éviter les faux numéros en masse. En effet, réaffecter immédiatement un AB sur un nouveau département entraînerait trop d'erreurs de numérotation "par habitude". Durant cette période de réapprentissage des abonnés, il est nécessaire de renvoyer toute tentative de numérotation vers ces AB vers des répondeurs téléphoniques du type : "le numéro que vous avez demandé n'est plus en service actuellement..."
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Grâce aux indicatifs (AB) ainsi libérés il est possible d’agir de plusieurs manières différentes :
1) Réaffectation telle quelle dans d’autres départements plus peuplés des indicatifs (AB), pour créer dans ces zones à forte densité de nouveaux numéros régionaux supplémentaires à 6 chiffres. Mais cette solution n’est valable que pour une Zone Régionale de Numérotage si l’on dispose encore de préfixes PQ disponibles (dont la limite par ZRN est fixée à 90) pour créer par exemple quelques nouveaux commutateurs ou quelques extensions à certains endroits précis d’une ZRN concernée par une explosion démographique localisée.
Cas des Bouches-du-Rhône :
À partir de l'année 1972, en raison de l'accroissement de la densité téléphonique géographiquement très mal répartie dans les Bouches-du-Rhône (certains endroits devenant ultra peuplés, d'autres restant quasiment déserts), la situation devient intenable dans ce département.
Cas de la Gironde :
2) Anticipation de la Nouvelle Numérotation Téléphonique 2ème Phase dans certains départements complètement saturés sur toute leur surface géographique, malgré la récupération dès 1974 d’indicatifs (AB) supplémentaires issus de Zones de Numérotage de Département à faible densité de population, de ce qui constituera la nouvelle numérotation téléphonique prévue pour 1985,
Cas de la région Nord / Pas-de-Calais :
Cas des départements de Savoie et de Haute-Savoie :
3) Création, par étapes, de nouvelles ZRN transitoires avec un numéro régional à 7 chiffres, sur le modèle de l’Île-de-France, accompagné d’un indicatif à 1 chiffre. Ainsi dans une nouvelle ZRN à 7 chiffres, plusieurs combinaisons supplémentaires de BPQ peuvent être créées en plus de celles existantes, d’autant plus qu’une ZRN à 7 chiffres ne peut pas être chevauchée par d’autres ZRN à 6 chiffres.
Cas de la Lorraine :
Cas de l'agglomération lyonnaise et alentours :
4) Création de Zones Spéciales.
Cas de l'Île-de-France en vue du rééquilibrage entre Paris et la 2ème couronne, puis de la future numérotation à 8 chiffres du 25 octobre 1985.
Lors de sa création en 1955, la ZRN à 7 chiffres de la Région Parisienne possède un seul (A)=(1). La Région Parisienne se compose, téléphoniquement, des départements de la Seine (75), de la Seine-et-Oise (78), de la Seine-et-Marne (77) et de l'Oise (60).
Division de la ZRN à 7 chiffres existante d’Île-de-France en 3 Zones Spéciales dès le 30 mars 1980 avec les indicatifs :
Cette solution astucieuse permettra de pouvoir doubler dès le passage à la numérotation à 8 chiffres (le 25 octobre 1985) la quantité de numéros de téléphones disponibles pour l'Île-de-France sans trop modifier les habitudes des usagers d’Île-de-France.
Dès le 10 mars 1980, la région Île-de-France est vue de province comme étant formée de trois ZRN différentes à 7 chiffres, mais de l’intérieur de l’Île-de-France, la région est vue comme une seule ZRN à 7 chiffres. Jusqu'au 25 octobre 1985, les abonnés d’Île-de-France continuent donc à se téléphoner entre eux en utilisant les numéros régionaux de leurs correspondants à 7 chiffres BPQ MC DU, comme si rien n'avait changé.
Entre le 30 mars 1980 et le 25 octobre 1985 la création de cette Zone Spéciale n'apporte aucune création possible de nouveaux numéros supplémentaires :
À partir du 25 octobre 1985, il pourrait exister à terme :
Cas de l'Oise, assez complexe, à cheval entre l'Île-de-France et la Province.
5) Séparation de deux départements initialement groupés en 1955 :
En 1955, 16 départements alors peu peuplés sont fusionnés par paire dès l’origine du Plan de numérotation.
Si certains doublets de départements ont été refusionnés avec un autre département (Cas de la Meurthe-et-Moselle regroupée avec un nouveau département : la Moselle en lieu et place de la Meuse, ou encore cas de la Haute-Saône regroupée avec le Jura), deux départements ont été purement et simplement séparés, pour gagner suffisamment de combinaisons de numéros de téléphones possibles.
Il est à noter qu'au moment des études en 1974 et 1975 sur la réforme du plan de numérotage à venir, il est sérieusement envisagé de passer par une étape intermédiaire de renumérotage général des indicatifs (AB) pour que ceux-ci suivent enfin les même numéros minéralogiques départementaux. Mais il n'en sera rien pour les raisons suivantes :
Entre les impératifs technologiques et les troubles politiques qu'engendrerait une telle solution, ou certains départements pourraient adopter en indicatif (AB) leur propre numéro minéralogique de département, et ceux qui ne le pourraient pas, cette option n'a pas pu être retenue. L'administration devra se contenter de mener des études visant à anticiper les lieux de saturations les plus pressants à traiter et d'organiser, plus ou moins dans l'urgence des plans d'actions pour pouvoir patienter jusqu'en 1985 environ, date à laquelle il est déjà prévu de devoir changer de format de numérotage.
En 1978, le 15 mars, la décision définitive est prise par M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry de valider le passage à la numérotation à 8 chiffres pour toute la France à la date prévisionnelle d’Octobre 1985. M. l’ingénieur en Chef des Télécommunications - Denis Fraysse, ayant repris le projet depuis 1975, a supervisé le projet d’adaptation du réseau téléphonique et spécialement des Commutateurs pour la somme de 5 milliards de francs (somme élevée, mais à comparer à la valeur du réseau téléphonique français évaluée à 250 milliards de francs en 1983).
Trois scenarii sont alors en lice depuis le début des travaux ouverts depuis le 15 février 1972 :
La solution n°3 est adoptée le 15 mars 1978, mais compte-tenu de la tâche à accomplir, la décision est prise de retarder de plusieurs années la division de la Province en 4 zones. Ainsi donc, à titre transitoire, la France irait assez rapidement vers une solution intermédiaire à 2 zones :
Le but étant d'éviter la saturation en Île-de-France menacée d'asphyxie à moyen terme et soulager les zones tendues en Province (Nord de la France, Est, Agglomération lyonnaise, Marseille...)
En 1980, les chaînes de facturation sont adaptées à la future numérotation à 8 chiffres.
Jusqu’en 1985, la France est alors découpée en 70 Zones Régionales de Numérotage.
Alors qu'en 1975, le délai moyen de raccordement au réseau téléphonique était de 18 mois, il tombe à 15 jours seulement en 1980.
Ci-dessus : représentation du plan de numérotage de 1955 réaménagé en urgence entre 1974 et 1980, en vigueur jusqu'en fin 1981.
(Source : Les Télécommunications Françaises, 1982, éd. Ministère des PTT)
En 1981, le 15 janvier 1981, le numéro de téléphone 14, jusque là affecté au Télégraphe depuis environ 1928 et mis en réserve le 5 novembre 1979, est réaffecté au réseau des Agences Commerciales des Télécommunications. (ACTEL)
Ci-contre : initiative locale vers 1981-82, au tout début du 14 - promouvant l'Agence Commerciale des Télécommunications -
Le Service du Télégraphe est renommé Télégrammes Téléphonés et devient accessible par le 444.11.11 en zones à 7 chiffres et 44.11.11 ou en 34.11.11, ou en 00.11.11 en zones à 6 chiffres à partir du 1er septembre 1979, puis, ultérieurement par le 36.55 (jusqu'à sa fermeture le 1er mai 2018).
Le 22 septembre 1981 est ouvert à l'expérimentation le service Libre Appel à vocation commerciale (Numéro Vert, appels gratuits.)
En 1982, la circulaire du 14 mai 1982 (B.O 1982. 192T41 page 295) annonce la mise en service du nouveau plan de numérotage le 1er juillet 1985. Cette date sera ultérieurement repoussée au 25 octobre 1985.
À partir de la fin de l'année, 50.000 agents des télécommunications reçoivent une formation sur la Nouvelle Numérotation Téléphonique, 2ème phase à venir. Ces formations seront dispensées jusqu'à l' été 1985.
En 1983, le 15 juin est commercialisé le nouveau service "Numéro Vert - Appels Gratuits" commençant par le 16.05.
Ci-dessus : installation du Numéro Vert International (structure de Déviateurs d'Appels), au Centre International de Reims.
Photographie FT - Septembre 1994 - Coll. C. R-V. Don de Benoît Dejneka.
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En Janvier 1983, M. Denis Fraysse est nommé Délégué au Nouveau Plan de Numérotation par M. le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux. M. Fraysse sera donc le "chef d'orchestre" du passage à 8 chiffres en France.
De Septembre à Décembre 1983 ont lieu les essais préliminaires sur quelques commutateurs téléphoniques tests pré-adaptés au Nouveau Plan de Numérotage à 8 chiffres à venir.
Les essais ont lieu entre le Grand Centre Interurbain PENTACONTA de Metz (MZ02) et le PENTACONTA de Paris-Philippe-Auguste 1 PC1 (AD31), via le Grand Centre Interurbain PENTACONTA de Paris-Poncelet (RT41 & RT42).
Les essais s'avèrent tous exempts de faute de principe dès Décembre 1983.
En 1984, pour être prêt le jour J, chaque commutateur téléphonique à autonomie d'acheminement, c'est à dire chaque commutateur d'abonnés, ou de transit, est éprouvé pour :
Ci-dessus : le Centre National de Coordination NNT2 de Murat (CNC).
Photographie PTT - Juin 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : le Centre National de Coordination NNT2 de Murat (CNC).
Photographie PTT - 1er août 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : le Centre National de Coordination NNT2 de Murat (CNC).
Photographie PTT - 15 mai 1985 - Coll. Orange-DANP .
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Ci-dessus : Tests en cours en 1984-85 sur le Commutateur CP400 Valognes (CA32). Premier Commutateur à servir de cobaye pour la Nouvelle Numérotation Téléphoniques à 8 chiffres à venir.
Photographies PTT - 28 janvier 1985 - Orange-DANP.
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Ces opérations préparatoires particulièrement fastidieuses donnent lieu à des mouvements sociaux dans l'Administration dont voici deux documents qui décrivent la situation :
En 1985, à la veille du nouveau plan de numérotation téléphonique devenu impérieux, la France est donc pourvue d’un plan de numérotage en vigueur depuis 1955 et ajusté dans l’urgence à plusieurs reprises depuis 1974.
La totalité des numéros nationaux d’abonnés comporte 8 chiffres, mais avec :
Ci-dessus : représentation du plan de numérotage de 1955 réaménagé en urgence entre 1974 et 1982, en vigueur jusqu'en 1985 à la veille de la Nouvelle Numérotation Téléphonique à 8 chiffres.
(Source : Revue Messages des PTT - 1985)
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Ci-dessus : l'abaque PTT-Opus-Hintzy distribué en 1985 au grand public concernant :
Coll. C. R-V
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À partir du 12 mai 1985, une campagne publicitaire télévisée de grande ampleur, qui aura coûté la bagatelle de 60 millions de francs, animée par l’immense journaliste et regretté présentateur Léon Zitrone à la diction légendaire est diffusée sur toutes les (quatre) chaînes de télévision françaises avec pour slogan « La France se modernise ».
Léon Zitrone est alors accompagné de la "petite Caroline", alors élève de 6ème à Trappes (78). Caroline eut par la suite l'occasion de visiter, avec sa classe, son Central Téléphonique le 23 juin 1986, notamment son CP400-POISSY (Trappes B1 (WF31)), son MT25 (Trappes B2 (WF32)) et son répartiteur, pour découvrir l'envers du décor.
Nous ignorons ce qu'est devenue cette jeune fille d'alors.
Ci-dessus : clichés exceptionnels du tournage d'un des spots publicitaires dans les studios de Boulogne-Billancourt (10ème film : renvoi vers l'aide-mémoire) - avec M. Léon Zitrone et la petite Caroline assez casse-cou.
Photographies Orange-DANP - 12 avril 1985 - régénérées par nos soins.
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Ci-dessus : le grand Léon Zitrone que l'on croyait immortel, n'eût-il point mérité une place à l'Académie Française ?
Photographies X - Mai 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : mot adressé au personnel par le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux en Février 1985, afin que tous les fonctionnaires, de l'Agent de base jusques aux Directeurs, soient imprégnés de la nouvelle numérotation, pour un service au public irréprochable.
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Ci-dessus : visuel Opus-Hintzy pour l'Administration des PTT - 1985 - Coll. C. R-V.
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Les 4 Cartes Postales multilingues PTT de la Nouvelle Numérotation Téléphoniques à 8 chiffres -25 octobre 1985 - 22H00 en Temps Universel - en français, anglais, espagnol et allemand (Visuels Opus-Hintzy). Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : conférence de presse sur la Nouvelle Numérotation Téléphonique 2ème Phase (NNT2), dans le Centre National de Coordination de Murat.
Photographie PTT - 30 septembre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : Centre National de Coordination de Murat, en début de soirée le 25 octobre 1985. dernières discussions, derniers points informels avant le début des grosses opérations.
Photographies PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : arrivée de M. le Directeur de la Production - Jean-Claude Mailhan dans le Centre National de Coordination de Murat (veston gris). Avec M. le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux, ils "squattent" le bureau de Denis Fraysse.
Photographie PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Le 25 octobre 1985 à 23H00, tout se simplifie. Ce moment marque le passage à la numérotation à 8 chiffres dans l’hexagone. (autocollant PTT)
Le 25 octobre 1985 à 23H00, tout se simplifie. Ce moment marque le passage à la numérotation à 8 chiffres dans l’hexagone. (autocollant PTT)
Ci-dessus : l'Instant T du 25 octobre 1985 à 23H00.
Photographies PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : Léon Zitrone à 23H02, essaye de téléphoner à la petite Caroline (qui est au Ministère des PTT, 20 avenue de Ségur), mais il se trompe et tombe chez une dame âgée... Fou rire sur le plateau. Il réessaye et tombe enfin sur Caroline.
Photographies PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : Plateau TV-Direct au Centre National de Coordination de Murat, pendant la soirée du passage à 8 chiffres, le 25 octobre 1985 juste à 23H05, dans l'attente des premières informations sur la réussite du basculage dans le pays.
Photographie PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : apparition entre 23H08 et 23H10 des premiers résultats affichés sur les écrans de contrôle. Les premiers résultats sont favorables, tout le monde est soulagé.
Photographie PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : reportage télévisé FR3 en régions le soir du changement de numérotation 2ème phase - ici à Lyon, au centre téléphonique Lyon-Bachut dans les locaux techniques.
Photographies PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange DANP
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Du 25 octobre 1985 - 20H00 au 26 octobre 1985 - 04H00, 22.000 agents des PTT sont mobilisés de nuit durant 8 heures d'affilée pour ce basculage historique concernant 23 millions d’abonnés et qui s’effectue en même temps sur tout le territoire dans les 1657 commutateurs téléphoniques d'abonnés. (une source CNET donne 1742 commutateurs : il s'agit sans doute de l'ajout des Commutateurs de Transit et peut-être des commutateurs Vidéotex/Minitel)
Lorsqu'il s'agit de Commutateurs électromécaniques, des interventions manuelles dans les organes traducteurs sont directement nécessaires :
Lorsqu'il s'agit de Commutateurs électroniques numériques, il faut basculer sur de nouveaux logiciels adaptés à la Nouvelle Numérotation Téléphonique :
Nota : aucune perturbation ne peut survenir pour les communications déjà établies et en cours de conversation. Seules les nouvelles communications demandées à l'instant T du basculement peuvent être rejetées, la probabilité demeurant très faible.
Dès le basculement enclenché, les tests commencent :
Ceci est la première fois dans le monde qu’un changement de numérotation se déroule simultanément à l’échelle entière d’un pays qui comporte alors 23 millions de lignes téléphoniques en service. L'ensemble des commutateurs téléphoniques du réseau est basculé à 23H50, soit en moins d'une heure, prouesse technique d'envergure lorsque l'on sait qu'ont été conservés un grand nombre de commutateurs électromécaniques crossbar.
Techniquement, la réussite se devait d'être au rendez-vous, car il faut savoir qu'il n'aurait pas été techniquement possible de revenir en arrière après le début de la mise en branle de l'opération...
L’opération baptisée d’abord « NPN » en Septembre 1984 pour Nouveau Plan de Numérotage est rapidement renommée « NNT2 » signifiant Nouvelle Numérotation Téléphonique - 2ème phase car cela était plus parlant pour l’oreille du grand public ainsi que pour les télécommunicants qui ne sont pas tous des techniciens de commutation.
L’opération, supervisée en direct depuis le Centre National de Coordination situé dans le centre téléphonique de Paris Murat par le Ministre-délégué chargé des PTT - Louis Mexandeau et par M. le DGT Jacques Dondoux, se déroule sans aucun accroc, ce qui fait l’admiration des télécommunicants des pays du monde entier.
Le 29 octobre 1985, M. le Ministre-délégué chargé des PTT - Louis Mexandeau déclare : « La nouvelle numérotation est une réussite technique incontestable confirmée. Réussite des hommes mais aussi des matériels français. Le service public a fait preuve de son efficacité industrielle, technique, commerciale et humaine. »
Les opérations préalables de préparation et d'adaptation des commutateurs téléphoniques électromécaniques et électroniques ont coûté 4,8 milliards de francs.
De fait, la France se retrouve divisée en seulement 2 zones téléphoniques distinctes, les anciens numéros régionaux à 6 (ou 7) chiffres intégrant alors leur indicatif AB (ou A) respectif. Cette nouvelle numérotation téléphonique permet de pouvoir attribuer au moins 50 millions de numéros téléphoniques ; elle est prévue pour durer une dizaine d'années.
Concernant la zone spécifique de Paris et 1ère couronne, les anciens numéros à 7 chiffres BPQ.MC.DU qui avaient comme indicatif de Zone Régionale de Numérotage (A) = (1) se sont vu changer le chiffre 1 pour le chiffre 4 pour devenir un numéro de téléphone au format 4B PQ MC DU. Les autres numéros d’Île-de-France ayant porté les indicatifs A (3) ou (6) ont simplement intégré leur indicatif respectif à leur ancien numéro régional. Désormais :
Le préfixe pour l’obtention des numéros internationaux, le 19, demeure inchangé. Les réseaux internationaux s’étant beaucoup automatisés à cette époque, l’international automatique est déjà devenu une réalité. L’abonné compose alors le 19, attend la tonalité spécifique du centre international, puis compose l’indicatif du pays suivi immédiatement du numéro de son correspondant à l’étranger. Ce changement de numérotation a mis fin au plan de numérotage régional « intermédiaire » à 6 chiffres de 1955 qui gaspillait les numéros téléphoniques attribuables en grande quantité. Ainsi en province comme en Île-de-France, désormais, chaque indicatif « départemental » (AB) peut être systématiquement combiné avec 90 PQ différents sans aucune contrainte.
La vie de ce plan était prévue jusqu’en 2015, mais entre temps, la demande téléphonique avait de nouveau explosé.
Nota : Jusqu'à l'avènement de ce nouveau plan de numérotage, les groupes de chiffres des numéros téléphoniques étaient séparés dans les annuaires des abonnés au téléphone par un point, tandis que depuis le passage à la nouvelle numérotation NNT2, ils sont désormais séparés par un espace.
(AB) PQ.MC.DU devient AB PQ MC DU, et (A) BPQ.MC.DU devient AB PQ MC DU
Ci-dessus : plan de numérotage à 2 Zones Régionales de Numérotation, à 8 chiffres chacune, et qui ne se chevauchent pas. En vigueur entre 1985 et 1996. La simplification est évidente.
(Source : Les Télécommunications Françaises, 1982, éd. Ministère des PTT)
Ci-dessus : explications sur le plan de numérotage NNT2 adopté le 25 octobre 1985 en France. (Il s'agit présentement du carton d'explication en vigueur alors dans les cabines téléphoniques publiques du réseau français) (Collection C. R-V)
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Ci-contre : pour ceux qui souhaitent plus de précisions sur la Nouvelle Numérotation à 8 Chiffres, je conseille vivement la lecture du livre Numéro s'il vous plaît écrit par Claude Pérardel en Octobre 1985, spécialiste de la numérotation et Directeur Régional des Télécommunications en retraite et N°2 de la Mission NPN en 1985.
Rédaction précise, grande technicité ; ni bla-bla ni langue de bois.
Disponible auprès de :
Association LORHISTEL, 22 rue de la Sapinière, 54520 Laxou.
Ci-dessus : M. le Secrétaire d'État chargé des Postes et Télécommunications - Gérard Longuet remet la Médaille d'Honneur des P et T (probablement Or) à M. le Délégué au Nouveau Plan de Numérotation - Denis Fraysse, suite au bon déroulement de l'opération.
Photographie PTT - 10 juillet 1986 - Coll. Orange DANP.
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En 1990, le 10 septembre par sa Décision n°19, M. le Directeur Général des Télécommunications - Marcel Roulet prend la décision de passer dès que possible à la nouvelle numérotation dans l’hexagone pour raison technique (au second semestre 1995, période initialement envisagée).
Les études préparatoires débutent au mois d'Octobre 1990 pour se conclure en fin d'année 1991.
En 1991, le 9 juin, M. le Directeur Général de France-Télécom - Charles Rozmaryn, rédige le Relevé de Décision n°20/DG qui édicte les premiers principes retenus de la nouvelle numérotation à venir :
Le 23 septembre 1991, M. le Directeur Général de France-Télécom - Charles Rozmaryn, crée par la Décision n°38/DG la Délégation à la Nouvelle Numérotation Téléphonique, qui sera chargée d'examiner toutes les solutions pour réussir cette opération de grande ampleur.
En 1992, anecdote de l'Histoire, l'année qui commence sonne le glas le 1er janvier 1992 à 0H00 de l'existence téléphonique de la République Démocratique Allemande en tant qu’État (État lui-même disparu depuis le 3 octobre 1990).
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Le 2 janvier 1992, un Délégué à la Nouvelle Numérotation Téléphonique est nommé. Il s'agit de M. Marc Busch, Ingénieur contractuel né en 1943, entré au CNET en Février 1969, diplômé d’Études Approfondies en Électronique du Solide. (nommé Chevalier de l'Ordre de la Légion d'Honneur - décret du 28 mars 1997)
En effet, la saturation en ressources au niveau des indicatifs AB en zone province menace aux environs de l’année 1997, en raison du succès de la demande pour des lignes téléphoniques analogiques telles que :
En début d'année 1992, les études menées d'Octobre 1990 à la fin d 'année 1991 aboutissent à l'adoption d'une numérotation à 10 chiffres par M. le Président de France Télécom - Marcel Roulet.
Or à cette même période, France Télécom a reçu une proposition pour une numérotation à 9 chiffres, déposée par l'AFUTT, qui a nécessité une étude de ce scénario jusqu'en Septembre 1992.
En Septembre 1992, France Télécom rejette le scenario à 9 chiffres et valide à nouveau le scenario initial à 10 chiffres. Les deux raisons essentielles du maintien du scenario à 10 chiffres sont :
Ci-contre : vue d'un ancien commutateur E10.5 CTA ayant servi jusqu'à sa fermeture en 2012 à l'acheminement des communications télématiques entre les abonnés et l'annuaire électronique des abonnés au téléphone. La multiplication de ce type d'usages en plus de la téléphonie analogique "classique" participa également à la saturation rapide du plan de numérotage de 1985. (Photographie C. R-V)
En 1993, le 28 juin, M. le Délégué à la Nouvelle Numérotation Téléphonique - Marc Busch fait parvenir à tous les services concernés les procédures de préparation des commutateurs électroniques nécessaires à la nouvelle numérotation à dix chiffres. Ces procédures doivent être opérationnelles dès le 31 juillet 1993.
Nota : Le passage à la numérotation à 10 chiffres est alors initialement prévu, d'après les premières notes internes, pour un basculage en Novembre 1995 mais qui sera repoussé à 1996 dès le mois de Juin 1995 pour raison technique.
- Au niveau du Réseau Téléphonique Commuté lui-même, tout se déroule selon le plan et le temps imparti.
- Les problèmes sont dus aux entreprises et aux installateurs privés de PABX en conflit et en retard sur l'adaptation de leurs équipements, pour des raisons de désaccords sur les investissements à réaliser.
- Il faut donc démentir la rumeur (à laquelle nous ayons longtemps cru) ayant fait état du report en raison des grandes grèves de Novembre et Décembre 1995 contre le Plan Juppé.
- Mais finalement, ce report fut tout de même providentiel et évita le basculement dans la numérotation à dix chiffres en pleine période d'instabilité politique.
Le parc de commutateurs téléphoniques publics à adapter se compose alors en 1993 de :
En 1994, les adaptations successives de tous les types d’équipements se poursuivent durant toute cette année (dont les commutateurs en premier lieu), ainsi que l’élimination de tous les équipements non adaptés à la future numérotation à 10 chiffres :
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Administrativement :
En 1995, les préparatifs de la Numérotation à 10 Chiffres se précisent.
En 1995, indépendance téléphonique de la Principauté d'Andorre.
Andorre se dote de son propre indicatif international, le 376 à la date du 14 janvier 1995 à 00H00.
Avant cette date, le téléphone andorran constitue une partie intégrante du réseau téléphonique français de la Région des Télécommunications de Toulouse.
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En 1996, le calendrier des opérations de passage à la nouvelle numérotation à 10 chiffres est le suivant :
Ci-dessus : vue générale du Centre National de Supervision - Paris Murat, lors de la répétition.
Photographie France-Télécom - 10 septembre 1996 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : présence, lors de la répétition, en pleine conversation des personnalités chargées ou témoin de l'opération à venir.
Photographie France-Télécom - 10 septembre 1996 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : au Centre National de Coordination de Murat, au moment du passage à la numérotation à 10 chiffres avec le coup de téléphone d'essai de M. le Ministre des PTE.
Photographies France Télécom - 18 octobre 1996 - Coll. Orange DANP.
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L’opération, tout comme en 1985, est supervisée en direct depuis le Centre National de Supervision situé dans le centre téléphonique de Paris Murat. Le journaliste scientifique M. Michel Chevalet remplace feu M. Léon Zitrone au décompte fatidique et M. Michel Bon remplace M. Jacques Dondoux à la tête de l'opérateur historique.
L’opération, placée sous la responsabilité du Délégué pour la Numérotation à 10 chiffres, M. Marc Busch, se déroule facilement et sans accroc pour les 32,9 millions de lignes téléphoniques, réparties sur 1325 commutateurs téléphoniques alors en service, qui constituent le réseau téléphonique de France-Télécom à cette date précise.
M. le Président de France Télécom - Michel Bon, présent à Murat, déclare à l'issue de l'opération : « Nous venons de montrer à nos clients qu'avec France Télécom, ça marche et qu'ils peuvent avoir confiance, même quand c'est compliqué. La réussite de cette opération constitue un atout supplémentaire pour France Télécom dans la perspective de ses prochaines étapes. Quand France Télécom veut, France Télécom gagne.»
Opération préparée sur cinq ans, ayant nécessité 130.000 journées-agent de travail préparatoire et 3.500 agents de service cette nuit-là.
La France adopte donc la « NNT3 », pour Nouvelle Numérotation Téléphonique - 3ème phase. La France est d'ailleurs le premier pays du continent européen à inaugurer le passage au format à 10 chiffres. Elle est toujours en vigueur aujourd’hui ; prévue pour durer jusqu’en 2050.
Ci-dessus : logo retenu pour le passage à la numérotation à 10 chiffres en France. Toutes les brochures remises aux abonnés le comportaient, tel le Document Préparatoire d'Information sur la Nouvelle Numérotation à 10 Chiffres remis aux entreprises.
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Nota :
Il faut ajouter qu’entre 1985 et 1996 le réseau est devenu entièrement électronique ce qui a rendu le passage à 10 chiffres très aisé et n’a nécessité qu’une mobilisation de 3.500 agents le jour J pour cette nouvelle opération d’envergure.
À cette date, le slogan « 10 chiffres pour tous, partout » devient une réalité en France. L’hexagone est partagé en 5 zones géographiques distinctes et partout où nous habitons en métropole ou dans les départements d’outre-mer, la numérotation est désormais fixée à 10 chiffres. Sont aussi créés 4 zones délocalisées, c'est-à-dire non géographiques pour les besoins en nouveaux indicatifs pour les nouveaux services.
Le nouveau format est le suivant : EZ AB PQ MC DU où la lettre E pour Exploitant est attribuée à l’opérateur longue distance (de valeur (0) pour l’opérateur par défaut) et la lettre Z indique l’indicatif des Zones distinctes nouvellement créées :
Ci-dessus : plan de numérotage NNT3 en vigueur en France depuis le 18 octobre 1996.
(Il s'agit du premier modèle de carton d'explications en vigueur alors dans les cabines téléphoniques publiques du réseau français, qui depuis fut modifié, sans omettre que les cabines téléphoniques sont actuellement désinstallées en masse du territoire national.)
(Collection C. R-V.)
En 1996, indépendance téléphonique de la Principauté de Monaco.
Monaco se dote de son propre indicatif international, le 377 à la date du 21 juin 1996, à 21H00.
Avant cette date, le téléphone monégasque constitue une partie intégrante du réseau téléphonique français de la Région des Télécommunications de Nice.
Entre 1955 et le 25 octobre 1985 à 23H00, les numéros de téléphones monégasques se conforment au plan de numérotage français à 8 chiffres nationaux et 6 chiffres régionaux : (AB) PQ.MC.DU dont l'(AB)=(93) est attribué au département français des Alpes-Maritimes, incluant alors Monaco.
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Du 25 octobre 1985 à 23H00 au 21 juin 1996 à 21H00, les numéros de téléphones monégasques se conforment au plan de numérotage français à 8 chiffres : AB PQ MC DU dont l'(AB=93) est attribué au département français des Alpes-Maritimes, incluant alors Monaco.
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Les numéros de téléphone monégasques commencent par l'(AB) = (93) ou, ultérieurement par l'(AB) = (92) jusqu'au 21 juin 1996.
Au niveau technique et réglementaire,
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Ci-dessus : lors de notre visite au siège social de Monaco Télécom, en Principauté de Monaco, en présence de M. le Directeur Général de Monaco Télécom.
Photographie Mathis - 31 mars 2023 - Coll. C. R-V/Orange DANP.
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En 1997, l'Autorité de Régulation des Télécommunications, présidée par M. Jean-Michel Hubert, rend la Décision n°97-16 le 5 mars 1997 publiée au Journal Officiel du 22 avril 1997 - NOR : ARTT9700012S fixant la fin de la période transitoire où était maintenue la possibilité de continuer à téléphoner avec l'ancienne numérotation à 8 chiffres à l'intérieur de sa propre Zone Géographique de rattachement. Cette date est fixée entre le 1er octobre et le 1er novembre 1997, à la main de la S.A France-Télécom, commutateur téléphonique par commutateur téléphonique, pour les 990 commutateurs d'abonnés que compte alors le parc.
Cette période transitoire d'environ une année était nécessaire afin de laisser le temps aux installateurs privés d'installations de télécommunications de mener les adaptations nécessaires, notamment des PABX, des Terminaux de Numérotation Programmés (comme dans le cas des lignes d'ascenseurs ou de téléalarmes, Transveil, etc.)
Dès le 20 novembre 1997, seule perdure depuis lors la numérotation à 10 chiffres en France Métropolitaine.
Pour les étourdis, les communications numérotées à 8 chiffres au lieu de 10 étaient renvoyés sur la machine parlante de leur commutateur de rattachement qui délivrait le message suivant (Cas de l'Île-de-France) : «France-Télécom bonjour. Le numéro de votre correspondant comporte désormais 10 chiffres. Pour obtenir ce numéro, vous devez ajouter le 01 avant son numéro à 8 chiffres. Merci.»
Le 15 septembre 1997, les Préfixes "E" (pour Exploitant) destinés à remplacer le 0 à chaque début de numéro de téléphone sont tirés au sort par l'Autorité de Régulation des Télécommunications, au Ministère des P et T.
Ci-dessus : tirage au sort organisé par l'Autorité de Régulation des Télécommunications (ART) concernant l'attribution des 3 premiers Préfixes "E".
Photographies P et T - 15 septembre 1997 - Coll. Orange DANP.
En 1998 : arrivée des premiers Opérateurs Tiers dans la Téléphonie Fixe, la concurrence étant alors ouverte sur les appels Longue Distance (c'est à dire interurbains et internationaux). Les appels locaux demeurant toutefois toujours acheminés obligatoirement par l'opérateur historique France Télécom jusqu'au 1er janvier 2002.
Cégétel : le 1er février 1998, l'opérateur Cégétel, filiale du groupe Vivendi qui possède aussi SFR, met en service "le 7" de Cégétel et sera le premier opérateur privé dans la téléphonie fixe à concurrencer France Télécom l'opérateur historique, sur les appels longue distance, (interurbains et internationaux).
Les 3 premières régions ouvertes au 1er février 1998 par Cégétel sont :
9 Télécom : le 15 juin 1998, l'opérateur Netco titulaire d'une licence depuis le 30 décembre 1997, rebaptisé commercialement 9 Télécom, met en service "Le Neuf", accompagné d'une campagne publicitaire sur le célèbre Monsieur Le Neuf - qui finira d'ailleurs par agacer les pauvres abonnés portant le patronyme Le Neuf et lui causera quelques ennuis judiciaires, la vie de ces abonnés devenant impossible...
SIRIS : le 23 septembre 1998, l'opérateur SIRIS, filiale du consortium Unisource titulaire d'une licence, "Le 2".
ESPRIT TELECOM : en Janvier 1999, l'opérateur ESPRIT TELECOM, lance "Le 6".
Suivront dès cette même année 1998 une kyrielle de nouveaux opérateurs de télécommunications qui se créeront aussi rapidement que la plupart d'entre eux disparaîtront : effet d'aubaine où tout le monde tente un peu sa chance en jouant à l'Opérateur Téléphonique, un peu comme jadis nous jouions avec les téléphones-jouets lorsque nous étions enfants...
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Le 31 mai 1998 marque la fin des numéros courts à 2 chiffres du 13 (Dérangements) et du 14 (Agence France-Télécom).
En effet, les nouveaux concurrents s'estimaient lésés que France-Télécom bénéficie de ces numéros historiques très courts, alors que leurs services techniques et commerciaux sont pourvus de numéros plus longs...
La transition s'est effectuée entre le 1er décembre 1997 et le 31 mai 1998.
En 1999, l'Opérateur Tiers venu du froid débarque en France...
Télé2 : signalons l'entrée fracassante dans l'arène d'un opérateur longue distance venu de Suède qui obtient son ticket d'entrée en France le 3 juillet 1998 par la décision n°98-546 de l'Autorité de Régulation des Télécommunications, qui faisait le pari révolutionner le secteur et qui avait au départ impressionné le grand public avec son préfixe "4" : Télé2.
En 2000, le 17 janvier, par décision de l’Autorité de Régulation des Télécommunications n° 99-1077 du 8 décembre 1999, la présélection par n’importe quel abonné au téléphone fixe est mise en application. Désormais, il s’agit de la possibilité donnée au client de confier implicitement, et à l’avance, l’acheminement et la facturation de ses appels longue distance nationaux et internationaux à l’opérateur longue distance de son choix et ce sans avoir à modifier ses habitudes de numérotation : en continuant à composer le zéro en début de numérotation. Cette possibilité offerte étant censée favoriser la mise en concurrence des opérateurs alternatifs par rapport à l’opérateur historique France-Télécom.
En 2000, le Département d'Outre-Mer de La Réunion bascule dans la numérotation à 10 chiffres.
En 2001, les Départements d'Outre-Mer des Antilles & Guyane basculent dans la numérotation à 10 chiffres pour les mêmes raisons que La Réunion.
En 2002, le 1er janvier, entre en vigueur la concurrence sur le téléphone local. À cette date, l’ouverture totale à la concurrence de toutes les catégories du trafic téléphonique devient une réalité : la totalité des Opérateurs Tiers (11 exploitants à cette date - ainsi que ceux à venir) peuvent désormais acheminer les communications locales, en plus des communications interurbaines et internationales.
Les Zones Locales de Tri (ZLT) créées en 1998 à l’occasion de l’ouverture à la concurrence des communications longue distance étaient alors une nécessité étant donnée l’absence d’existence réelle de réseaux chez les concurrents nouveaux nés. 4 années plus tard, les ZLT sont abolies, le législateur considérant ce délai suffisant pour ces opérateurs tiers de déployer leurs propres structures.
De 2006 à 2008, destinée des premiers Opérateurs Tiers :
En 2007 : cas de Mayotte dans la numérotation à 10 chiffres. Depuis le 18 octobre 1996,
En 2010, le 3 mai : ouverture technique et premières attributions, en France, par France Télécom, du préfixe 07 pour la téléphonie mobile.
En 2016, le 7 juillet :
Histoire des Télécommunications Françaises © Claude Rizzo-Vignaud, 29 avril 2023.