XXXIV – Taxation à distance (Télétaxe / Télécomptage / TTX)
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Mise en service : depuis la parution du décret n°52-1231 du 13 novembre 1952 à titre expérimental, puis remplacé par le décret n°55-53 du 8 janvier 1955, service actuellement en vigueur par l’avis NOR : PMEI1314577V paru au journal officiel du 13 juin 2013 et par l’arrêté du 31 octobre 2013 NOR : PMEI1325257A relatifs au service universel, les commutateurs téléphoniques sont également en mesure de retransmettre, via la ligne téléphonique, les impulsions de comptage (facturées et mémorisées par le commutateur au cours de toute conversation payante) et ce pour toute ligne téléphonique au domicile des abonnés qui souscrivent au service spécifique de Dispositif de Renvoi des Impulsions de Comptage sur un compteur spécial prévu à cet effet. En interne à Orange, ce service est codifié par l’appellation TTX.
Attention, seul le compteur installé au centre téléphonique fait foi.
De plus, le service de retransmission des impulsions de taxes est primordial pour le fonctionnement des taxiphones et publiphones interurbains, qu'ils soient à pièces ou à cartes prépayées.
- 1er dispositif 50 Hz : techniquement, le commutateur envoie par la ligne téléphonique des impulsions périodiques modulées en mode commun à la fréquence de 50 Hz, via la terre utilisée en 3ème fil fantôme (ou réel lorsque la terre chez l’abonné est très mauvaise). Ce système est également utilisé pour assurer l’encaissement des publiphones à jeton ou à monnaie des classes urbaine et interurbaine, dont une grosse part des travaux relatifs à la taxation à distance et aux appareils à encaissement dans les années 1950 sont dus à M. Jean Briend, Ingénieur en Chef à la Direction Générale des Télécommunications et officier dans l'Ordre du Mérite postal par décret du 18 octobre 1961 (BO PTT 1961, 292 Cab 9, page 45). De plus, la première impulsion de taxation est dédoublée par une inversion de la polarité de la ligne téléphonique, afin de permettre le fonctionnement des plus anciens types de téléphones à encaissement de monnaie ou de jeton qui font appel à un électro-aimant d’encaissement spécifique. Le procédé 50 Hz bien que devenu marginal, existe toujours : en cas de ligne téléphonique de grande longueur, il est le seul procédé à pouvoir couvrir les longues distances.
Ci-dessus : premier modèle de Compteur de Taxes au domicile de l'abonné au téléphone. Système 50 Hz.
Photographie PTT - 19 janvier 1955 - Coll. C. R-V.
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- Ultérieurement, un second modèle, de forme assez semblable apparaît vers 1970. Le système de taxation demeure en 50 Hz.
- 2ème dispositif 12 KHz : à partir de Juillet 1977 (date de découverte) et jusqu’en 1983, pour cause de fraude massive dite « fraude au 50 Hz » dans les téléphones publics, le dispositif à 50 Hz est progressivement remplacé par une modulation d’impulsions périodiques de 12 KHz réalisée entre les deux fils de chaque ligne téléphonique connu depuis sous la dénomination : Dispositif de Renvoi d’U.T post 83.
- En plus des publiphones à monnaie ou à jeton, les publiphones à cartes reliés à une ligne analogique utilisent également ce dispositif. La première impulsion de taxation à 12 KHz est également dédoublée par l’inversion de polarité pour permettre le fonctionnement des anciens téléphones à monnaie ou à jetons.
- Le premier modèle supportant la taxation à 12 KHz reprend le même boîtier que le second modèle en système 50 Hz.
Ci-dessus : vue d'un compteur de taxes téléphoniques installé chez l'abonné, (dans ce cas, un modèle 12 KHz de Landis & Gyr datant de 1977). Collection C. R-V.
Ci-contre :
Caractéristiques principales de la taxation par impulsions envoyées au domicile du client par le commutateur téléphonique.
Extrait des Normes d'Exploitation et de Fonctionnement (NEF) des commutateurs téléphoniques établies en juin 1977.
- Implantation dans les commutateurs électromécaniques et semi-électroniques spatiaux Metaconta E11 et 11F : la retransmission des impulsions de taxation à distance nécessite le rajout d’équipements supplémentaires contigus au commutateur qui nécessitent un câblage intermédiaire supplémentaire au répartiteur d’abonnés lors de la mise en service du dispositif.
Ci-dessus : vues d'éléments pourvus chacun de deux générateurs d'impulsions de 12KHz pour commutateur électromécanique CP400. (Fabrication S. T. Ericsson - Colombes, mai 1975)
- À gauche dans l'élément se situent les deux générateurs d'impulsions de 12KHz,
- À droite se situent les relais d'activation et de désactivation de ces deux modules oscillateurs, commandés par le commutateur CP400 auquel ces modules M24.801 sont rattachés.
- Chaque élément, d'une largeur de 58 centimètres, permet de retransmettre les impulsions de taxation au domicile de deux abonnés seulement.
- Ces éléments étaient également compatibles avec les commutateurs téléphoniques de type Pentaconta.
Photographies collection C. R-V.
- Implantation dans les commutateurs semi-électroniques AXE et les commutateurs électroniques temporels : dans ces commutateurs, les plus modernes, ces équipements sont désormais totalement intégrés dans les commutateurs électroniques d’abonnés actuellement en service tels que les MT25, E10 et AXE10. En revanche, les cartes électroniques du commutateur où sont raccordés ces abonnés ayant souscrit à cette option sont sensiblement différentes. Il s’agit en effet d’équipements de raccordement discriminés. Alors que les cartes d’abonnés analogiques standard des commutateurs comptent 8 abonnés, les cartes discriminées nécessaires au fonctionnement du télécomptage ne peuvent recevoir que 4 abonnés, du fait de la nécessité de composants électroniques supplémentaires qui prennent plus de place : 50% des emplacements raccordables chez les abonnés sont donc perdus pour cause d'encombrement physique par des cartes deux fois moins denses. (D'autres types de commutateurs possèdent des cartes d'abonnés analogiques standard de 16 abonnés ; les cartes d'abonnés discriminés ne pouvant recevoir que 8 abonnés.)
Sans TTX
Avec TTX
Ci-dessus : Carte d'Équipements d'Abonnés Ordinaires d'un commutateur MT25 (référence EAO5) où sont raccordés 16 abonnés. Ces cartes sont connectées dans les URA2G.
Sont visibles à gauche les 16 transformateurs d'entrée/sortie des conversations téléphoniques (1 par abonné). Coll. C. R-V.
Ci-dessus : Carte d'Équipements d'Abonnés Discriminés d'un commutateur MT25 (Référence EAD2) recevant à domicile les impulsions de taxe à 12 KHz où sont raccordés 8 abonnés discriminés seulement. Ces cartes sont connectées dans les URA2G.
Sont visibles à gauche les 8 transformateurs d'entrée/sortie des conversations téléphoniques (1 par abonné).
Vers le centre-droit, les 16 petits transformateurs/mélangeurs des impulsions de taxe à 12 KHz. (2 par abonné, 1 par fil de ligne). Coll. C. R-V.
Nota :
Les Cartes d'Équipements d'Abonnés Discriminés procèdent également à l'inversion de polarité de la ligne téléphonique discriminée lors de l'établissement d'une communication taxée, lorsque celle-ci est émise au départ par cet abonné discriminé.
En revanche, il n'y a pas d'inversion de polarité lorsque la communication est gratuite, ni lorsque la communication est reçue.
- Tarification à la seconde (impact sur la taxation à distance) : malgré le passage à cette nouvelle tarification le 1er octobre 1997, le service de télécomptage est toutefois maintenu dans sa forme identique, via la réception chez l’abonné à ce service des Unités Télécom à intervalles réguliers (ou par paquet en cas de service à prix fixe, comme celui de l’horloge parlante). En revanche, à partir de cette date, il ne retransmet plus chez l’abonné le coût exact des communications telles que facturées dans le commutateur, mais il retransmet l’approximation la meilleure possible sous forme d’Unités Télécom du coût des communications et ce en l’arrondissant à l’Unité Télécom supérieure afin de ne pas occasionner de mauvaise surprise aux abonnés à ce service. Au moment de ce changement, 800.000 abonnés sont concernés, dont 300.000 publiphones et téléphones intérieurs à cartes ou à monnaie, 400.000 PABX et 35.000 clients résidentiels.
Nota :
- Depuis le 1er décembre 1986, l'administration n'installe plus de compteurs de taxes à domicile ; il revient désormais à l'abonné de s'acheter et d'installer son propre compteur de taxes.
- Depuis le 1er janvier 1988, l'administration n'assure plus la maintenance des compteurs de taxes installés chez les abonnés ; il revient depuis lors à l'abonné d'entretenir son propre compteur de taxes (ou le modèle administratif préinstallé) à ses frais.
En revanche, le Dispositif de Retransmission des Impulsions de Taxes au domicile de l'abonné demeure toujours disponible actuellement, et il reste possible d'y souscrire.
Ci-dessus : exemple de travaux appliqués à la taxation à distance par M. Jean Briend (nommé Officier dans l'Ordre National du Mérite - décret du 29 juin 1967.)
En plus de l'ingéniosité du système présenté en 1953 dans ce Brevet sur le fond, nous ne pouvons que nous réjouir sur la forme, une fois de plus, de la qualité de l'expression française des Ingénieurs de cette époque...
Histoire des Télécommunications Françaises © Claude Rizzo-Vignaud, 26 mai 2023.