XXXVII - Cadran français à configuration spéciale - SNCF.

🟦⬜🟥 🟦⬜🟥 🟦⬜🟥 🟦⬜🟥 🟦⬜🟥 🟦⬜🟥


_____

Vous détenez d'autres informations historiques et techniques sur ce cadran ? Pour tout contact : claude.rizzo@orange.com

_____

Ce cadran entièrement fonctionnel a été reconstitué en 2015 par mes soins à partir de deux exemplaires.

  • - le premier provenait d'un agent retraité depuis au moins une vingtaine d'années d'Électricité de France,
  • - le second provient d'un agent de la SNCF retraité depuis au moins 25 ans, ayant récupéré ce matériel réformé dans les années huitante utilisé autrefois par la SNCF.

_____

CadranRecto


Ce cadran a-t-il été utilisé par l'Administration des PTT ? Non.

Nous savons avec certitude qu'il a été utilisé par la SNCF et peut-être par EDF (qui employait un service de télécommunications internes d'environ 2.000 agents)

Rôle de ce cadran spécifique à la SNCF : nous  en savons désormais plus grâce à M. Michel Vanhook, retraité de la SNCF qui a bien voulu raconter ses souvenirs.

Conçu aux USA par la Western Electric, ce système permettait de communiquer par téléphone en utilisant des lignes longues, de manière sécurisée.

Autrefois et jusque dans les années soixante, la SNCF utilisait un système téléphonique qui lui était propre pour communiquer notamment entre les gares et les multiples postes d'aiguillage, qui alors nécessitaient la présence permanente d'un agent sur place pour actionner l'aiguillage dont dépendait chaque poste. 

À partir de ce réseau téléphonique interne, pouvaient s'appeler entre-eux : les gares, les postes d'aiguillage, les mini-gares voire les postes de garde-barrières habités.

Aussi, les instructions, avis, avertissements étaient transmis par ce réseau téléphonique interne à la SNCF...

Le problème s'est alors très rapidement posé de la fraude et de la sécurisation du système... En effet, si un mauvais plaisant parvenait à se connecter sur une ligne interne SNCF avec un téléphone à cadran "normal" fourni par l'Administration des PTT, il pouvait alors se faire passer pour n'importe qui et l'on peut imaginer les risques de catastrophes suite à de mauvais canulars téléphoniques...

Il a fallu imaginer une solution de sécurisation des lignes téléphoniques SNCF. La solution pour les ingénieurs SNCF et Thomson-Houston a été finalement trouvée pour que si n'importe quel quidam se connectait sur une ligne interne à la SNCF avec son téléphone classique à cadran, il ne se passât rien : l'adoption de téléphones pourvus d'un Cadran à rotation lente et à logique de contact à 3 états, associés à des commutateurs téléphoniques internes adaptés à ce fonctionnement nettement complexifié.

En effet, entre l'adoption d'un fonctionnement fortement ralenti du cadran et d'une logique de commutation basée sur 3 états au lieu de 2, cela empêchait toute fraude extérieure à la SNCF, en rendant systématiquement hors gabarit les téléphones administratifs des PTT.

Cette solution technologique, en vigueur au moins dans les années 1930 jusque dans les années 1960 a ensuite été abandonnée au fur et à mesure que les postes d'aiguillages et les passages à niveau à barrières ont pu être automatisés et commandés à distance.

Quant à la téléphonie interne à la SNCF, elle est passée dans les années septante à la numérotation à Fréquences Vocales, avec des fréquences et des combinaisons qui lui sont propres (meilleure fiabilité et stabilité de fonctionnement, meilleure sécurité vis-à-vis de fraudeurs éventuels)

_____

Présentation : il a été fabriqué, pour la France, par la Compagnie Française des Téléphones Thomson Houston (sous licence de la Western-Electric Co).

D'après les deux exemplaires dont nous ayons pu disposer pour en reconstituer un totalement fonctionnel et de bonne présentation, leur fabrication s'est étalée au moins à partir des années 1940 (peut-être antérieurement) et jusqu'à la fin des années 1950 voire le début des années 1960.

  • - Sa culasse est en laiton nickelé de belle qualité. Elle est de même dimension que celle du cadran téléphonique administratif modèle 1927 des PTT. Elle  comporte la mention Compagnie des Téléphones Thomson Houston - Paris, et un numéro de rang de fabrication.
  • - Le disque d’appel est en laiton massif peint en noir comme les cadrans à 10 trous habituels de son époque.
  • - Ce cadran comporte les 10 chiffres en noir, en émail grand feu sur couronne de cuivre.
  • - En revanche, nous remarquons qu’il comporte des lettres en émail rouge associées aux chiffres 2 à 0, mais de nature totalement différentes de celles utilisées habituellement sur les cadrans téléphoniques d'abonnés ordinaires.

Ainsi, curieusement, la couronne comporte-t-elle les lettres suivantes :

  • - A associée au chiffre 2,
  • - B associée au chiffre 3,
  • - S associée au chiffre 4
  • - M associée au chiffre 5,
  • - F associée au chiffre 6,
  • - R associée au chiffre 7
  • - C associée au chiffre 8
  • - MK associées au chiffre 9,
  • - K associée au chiffre 0.

Nous ignorons tout de la signification de ces lettres...

_____

CadranVerso2

Description technique

Mécaniquement, il présente d'importantes modifications en comparaison d'un cadran téléphonique d'abonné :

  • - Le ressort central y est très différent, 
  • - Le bloc de contacts est également très différent et comporte beaucoup plus de lames-contacts, il est également plus profond, plus volumineux,
  • - La came (en stéatite marron) est nettement plus compliquée au niveau de sa forme, et permet un fonctionnement en logique de type 3 états. Ce fonctionnement permet notamment qu'en position de repos, tous les contacts possibles commandés par cette came soient ouverts (haute  impédance).
  • - La vitesse de rotation est nettement plus lente que celle d'un cadran administratif d'abonné ordinaire (environ 2 fois plus lente) et d'ailleurs, le régulateur de vitesse à vis sans fin comporte deux masselottes beaucoup plus grosses que sur les modèles pour abonnés ordinaires  : cette rotation ralentie est à l'évidence voulue...


CadranVerso1

Ce cadran téléphonique très spécial comporte 4 fils de sortie : 

  • - fil rouge,
  • - fil rouge et blanc,
  • - fil bleu et blanc,
  • - fil jaune.

Le cadran provenant du retraité de l'E.D.F était monté sur un très lourd socle en fonte de fer, qui semble avoir été prévu à cet effet et qui devait se fixer soit sur une sorte de table d'essais, ou directement sur un bâti technique.

CadranSpecialSurSupportPupitre2

CadranSpecialSurSupportPupitre1

Ce socle s'ouvre par une vis et une articulation, et ainsi nous pouvons en découvrir l'intérieur ci-dessous :

  • - Le verso du cadran fixé par deux vis,
  • - Les 4 fils de sortie se fixent sur un domino de bakélite prévu à cet effet,
  • - Un trou sous le domino permet la sortie des 4 fils reliés au cadran,
  • - Deux trous visibles sur la base pour une fixation par vis.

CadranSpecialSurSupportPupitreOuvert


­

Histoire des Télécommunications Françaises © Claude Rizzo-Vignaud, 30 janvier 2021.