Panorama de l’organisation des Télécommunications, dès la création de la branche distincte de la branche postale

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En 1940, après l'armistice signé le 22 juin 1940, ce qu'il reste des services de l'État se réorganise après la débâcle. Dans les PTT comme dans tout le pays, l'Administration a pour souci durant toute la durée de l'occupation de gérer "au mieux" et de survivre aux pénuries de toute nature et à l'absence de l'état de droit ; situation encore plus précaire en zone occupée. La construction du réseau téléphonique est à l'arrêt, le parc de lignes téléphoniques stagne durant toute cette période. Tous les projets concrets sont stoppés. Le gouvernement de facto s'installe en zone dite libre à Vichy, reconnue pour héberger un parc d'hôtellerie important ainsi qu'un Centre Téléphonique de province parmi les plus perfectionnés du moment : un commutateur R6 Sans Enregistreur récemment mis en service depuis le 4 mai 1937.

L’acte dit loi de l'État français du 15 juillet 1940 portant création d'emplois de secrétaires généraux restructure le Secrétariat Général des Postes, Télégraphes, Téléphones. (Le Secrétariat Général des Postes & Télégraphes ayant été créé initialement par décrets des 5 et 6 septembre 1916).

Les nouveaux secrétaires généraux mis en place constituent les relais des Ministres. Ils sont pourvus de prérogatives élargies. M. Pierre Cathala, qui est avant tout un homme politique, est nommé secrétaire général des postes, télégraphes, téléphones, comme en témoigne l’acte dit arrêté C. M. du 27 juillet 1940 portant délégation de signature (Bulletin Officiel des PTT n°19 page 290 du 11 août 1940)

Quelques mois plus tard, M. Vincent Di Pace, Ingénieur en chef des postes, télégraphes, téléphones le remplace en tant que secrétaire général des postes, télégraphes, téléphones par l’acte dit décret de l'État français du 20 décembre 1940 (BO PTT n°1 page 2 du 10 janvier 1941), jusqu'au 24 août 1944. 

Nota : M. Di Pace, né en 1895 à Bastia, est un homme de métier des PTT ; il n'est pas un idéologue.

Vincent Di Pace, un temps inquiété à la Libération d'atteintes à la sûreté de l'État à partir de Janvier 1945, bénéficiera d'un non-lieu de toute charge le 22 mai 1947, pour faits de résistance.

Vincent Di Pace © Photographie Roger-Viollet / Ville de Paris - Décembre 1940.

VincentDiPaceEnDec1940

  • M. Vincent Di Pace déclarera à la presse, dès sa nomination : « J'estime que le rôle du Secrétaire Général des PTT, c'est de développer les services publics dans la mesure où l'on peut le faire actuellement ».

En 1941, l’acte dit loi de l'État français du 9 février 1941 (BO PTT n°6 du 28 février 1941) relative à l'organisation du secrétariat d’État aux communications (Secrétariat général des postes, télégraphes, téléphones) crée la Direction des Télécommunications : la Direction de l'Exploitation Téléphonique et la Direction de l'Exploitation Télégraphique (créées initialement en Août 1909, Bulletin Mensuel n°10 Août 1909 des P & T) sont regroupées au sein d'une même direction et le terme « télécommunications » apparaît officiellement dans l'organigramme administratif.

Ce terme est inventé par M. Édouard Estaunié qui, en 1903, publie chez Dunod le « Traité pratique de télécommunication électrique, télégraphie, téléphonie ». Premier Directeur de l'Exploitation Téléphonique jusqu'en 1911, également romancier, prix Femina en 1908 et membre de l'Académie Française élu le 15 novembre 1923.

1903LivreEstaunieTelecommunication


Son premier Directeur des Télécommunications, M. Charles Lange, est nommé cette même année par acte dit décret du 9 février 1941 (par maintien sur le poste nouvellement transformé). Il restera en fonction jusqu'à son départ en retraite en 1951.

Auparavant, dans chaque bureau de poste de France, dans chaque département du pays, n’existe qu’un service du téléphone (dépendant de la Direction de l’Exploitation Téléphonique), qui n’est alors qu’une direction lambda sans marge d'autonomie parmi les autres directions de cette administration essentiellement postale.

Les bâtiments et leur gestion, y compris ceux abritant les installations de télécommunications, sont dans la foulée rattachés à la Direction de la Poste et des Bâtiments également créée, ce qui revient indirectement au maintien d’une sorte de droit de regard matériel, donc en partie financier, par la branche postale sur la branche des télécommunications.

Note : dès Janvier 1941, la situation du pays en état d'occupation, de désorganisation, de pénurie et de pillage systématique impose un rationnement drastique des huiles de graissage utilisées aux PTT dans les installations destinées à alimenter les bâtiments et les commutateurs automatiques Rotary 7A1. 

En témoigne la note n° 4993 BM/M de la Direction des Services Téléphoniques de Paris en date du 29 janvier 1941 retrouvée par nos soins dans les décombres d'un vaste chantier en cours dans le Centre Téléphonique de Paris-Gobelins en Juillet 2016.

  • Le 1er mars 1941, les communications téléphoniques interurbaines sont suspendues dans la Zone Côtière de la façade ouest du territoire métropolitain composée des départements suivants (tout ou partie) : Somme, Seine-Inférieure, Eure, Calvados, Manche, Ille-et-Vilaine, Côte-du-Nord, Finistère, Morbihan, Loire-Inférieure, Vendée, Charente-Inférieure, Gironde, Landes, Basses-Pyrénées, Îles Anglo-Normandes. 
  • Concernant la Zone Occupée ainsi que la Zone dite Libre, les communications interurbaines sont à nouveau autorisées au 1er mars 1941 à l'exception de la Zone Côtière détaillée ci-dessus.

En 1942, même si l’acte dit loi de l'État français n°945 du 17 octobre 1942 relative à l'organisation du secrétariat d’État aux communications (Secrétariat général des postes, télégraphes, téléphones) sépare  la Direction de la Poste en créant une nouvelle Direction des Bâtiment et des Transports, il n'en demeure pas moins que la gestion des bâtiments demeure toujours séparée de celle des télécommunications. Cette « tutelle indirecte » ne sera abolie qu’en 1971 par le décret n°71-609 (articles 1 et 9) du 20 juillet 1971 au terme de 30 années de rivalités et luttes intestines entre les branches jumelles des P & T.

Il en est de même pour la gestion du personnel qui est mise en œuvre par une Direction du Personnel qui n'est pas subordonnée à la Direction des Télécommunications. Cette tutelle prendra également fin en 1971.

À partir de l'année 1942, la France sous occupation allemande sombre un peu plus dans le noir : même les PTT n'échappent pas à la tyrannie venue d’outre-Rhin. 

  • Ainsi, dès le 8 juillet 1942, par une ordonnance publiée au VOBIF (Bulletin bilingue des Ordonnances du Gouverneur Militaire du Reich Allemand en France), les israélites n'ont désormais plus le droit de posséder une ligne téléphonique à leur nom. Le téléphone leur est alors coupé et leur ligne téléphonique réattribuée à des «non-juifs».
  • Les israélites n'ont même plus le droit d'utiliser la ligne téléphonique d'un ami, ni même d'utiliser les cabines téléphoniques publiques...
  • De surcroît, à partir de cette date, tout candidat désireux de s'abonner à une ligne téléphonique doit d'une part produire un «Certificat de Non-Appartenance à la Race Juive» et, fait tout autant infâme, doit souscrire par écrit pour une durée minimum d'un an à l'engagement suivant : «Je soussigné X, déclare ne pas être juif, ne pas souscrire pour le compte d'un juif et m'engage à ne pas mettre mon installation à la disposition d'un juif».
  • Exemple de Souscription d'un Abonnement Téléphonique durant l'Occupation - Cas du Central Automatique Flandre à Aubervilliers - Interdiction de Possession et d'Utilisation du Téléphone faite aux Israélites.

En 1943 et 1944, la situation se tendant de plus en plus, le Ministère de la Production Industrielle et des Communications (dont les PTT dépendent) fait régulièrement paraître dans la presse l'information relative au service téléphonique pendant les alertes aux bombardements :

  • "Il est rappelé au public que, pendant la durée des alertes, seules les communications téléphoniques établies par voie entièrement automatique peuvent aboutir normalement.
  • Celles qui nécessitent l'intervention d'une opératrice ne sont établies que si elles sont relatives à des demandes de secours.
  • Hormis ce dernier cas, les abonnés munis d'appareils automatiques sont priés, pendant les alertes, de s'abstenir d'appeler l’interurbain et éventuellement le régional (à Paris, appels par le 10 et par le 11)".

L'intérêt pour le téléphone automatique, en temps de guerre, n'en apparaît que plus évident.

D'ailleurs, c'est en 1943 qu'est créée la fonction de Chef de Centre Téléphonique Automatique, par différenciation, désormais, de Chef de Centre Téléphonique Manuel.

À partir de Juin 1944 et du Débarquement des Alliés en Normandie, les appels à la résistance et aux sabotages de toute sorte se multiplient, y compris aux PTT, pour gêner et affaiblir le plus possible l'Occupant.

1944.06.15SituationCoupuresLSGD

1944.07ExtraitTractResistance

Ci-dessus : tract de la Résistance encourageant la population de saturer les lignes téléphoniques utilisées par l'occupant, pour entraver leur retraite.

Juillet 1944 - Coll. C. R-V.

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  • Le 27 août 1944, en pleine déroute, l'aviation allemande lâche une bombe qui explose sur le Centre Téléphonique ROTARY 7A1 - Paris - ITALIE. Mais par chance, le central et la machine seront sauvés.
  • Le 2 octobre 1944, la liberté de trafic téléphonique est rétablie entre Paris et les départements de la Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne.

En 1945, à la Libération, en France, les dégâts sur les Télécommunications sont considérables.

  • 39 commutateurs téléphoniques automatiques sont détruits sous les bombardements ou les sabotages, sur les 140 mis en service à la date de Septembre 1939.
  • 104 multiples téléphoniques manuels sont détruits sur les 228 du territoire.
  • 1.500 petits bureaux ruraux sont détruits, ce qui représente en tout 300.000 abonnés privés de téléphone.
  • 85 centres d'amplification de transmissions détruits sur les 130 que compte le pays,
  • Des milliers de coupures dans le réseau des liaisons de transmissions.

La tâche de reconstruction est énorme : une réorganisation de grande ampleur doit être entreprise rapidement par les autorités. Les derniers travaux de remise en service d'urgence prendront fin en 1948.

Pour mesurer l'étendue des dégâts infligés au réseau national, nous vous proposons un rapport remarquable rédigé en 1957 par un cadre des Lignes à Grande Distance relatant les dommages de guerre subis durant l'occupation de notre pays.

  • Le 25 juin 1945, la liberté du trafic téléphonique est rétablie dans 42 départements français.
  • Le 7 novembre 1945, les relations téléphoniques entre Paris et New-York sont rétablies.
  • En Septembre 1945, 50.000 abonnés attendent un poste téléphonique. Cette pénurie de téléphones est due au manque de matières premières (métaux, isolants, résines phénoliques), mais les premiers prototypes de postes Universel 43 (U43) sont dorénavant prêts. Il ne manque que le retour des matières premières en quantités suffisantes pour lancer la fabrication en masse.

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En 1946, le 14 janvier, la liberté du trafic téléphonique est rétablie sur l'ensemble de la France Métropolitaine.

La Direction Générale des Télécommunications est créée par Décret n°46-1016 du 10 mai 1946 du Gouvernement Provisoire de la République Française, relatif à l’organisation de l’administration centrale du ministère des Postes, Télégraphes, Téléphones (BO PTT n°14 du 20 mai 1946). M. Charles Lange (25 octobre 1889 - 23 septembre 1965) est alors maintenu en poste, son action de Résistant ayant pesé.

Le réseau téléphonique a besoin d'être reconstruit, mais le pays est ruiné par quatre années d'occupation et à la suite de la première réduction de crédits intervenue à partir de 1934, conséquence indirecte de la Grande Dépression de 1929 née aux États-Unis, et des résiliations massives d'abonnements par les abonnés ruinés (BO PTT 1932 n°12 p. 438. Décret du 12 mai 1932), le retard téléphonique français ne pourra plus être rattrapé avant une trentaine d'années, d’autant que le budget annexe des télécommunications, institué par la loi de finances du 30 juin 1923 articles 70 à 79, était utilisé en variable d’ajustement par les innombrables gouvernements de la IVe République qui se succédaient à une rythme parfois plus rapide que les saisons

En effet, la IVème République va plonger pour une quinzaine d'années dans une série de troubles puis de guerres coûteuses dans toute l'Union Française. De ce fait, la nécessité d'améliorer le téléphone français, qui est déjà une évidence pour les Ministres des PTT, passera hélas en second plan. Le Pays entier est à reconstruire dans tous les domaines, mais l'argent manque... En 1952, la France n'est qu'au 28ème rang du classement des pays industrialisés en matière de téléphone.

Pour rappel, le statut de la Fonction Publique de l’État est voté par le Parlement le 19 octobre 1946.

1952.02.05VisiteSuedeEricssonRogerDuchet

Une délégation de M. le Ministre français des PTT reçue à l'usine L. M. Ericsson de Midsommarkransen (Suède), pour une visite d'une heure dans les laboratoires et les ateliers.

  • De g. à d : M. le PDG L.M. Ericsson - Helge Ericson,
  • M. le Directeur de la Société Française des Téléphones Ericsson - Henry Cauderay,
  • M. le Ministre des PTT - Roger Duchet,
  • M. l’Ingénieur des PTT, Conseiller Technique - Dickran Indjoudjian.

Photographie X - 5 février 1952 - Coll. C. R-V.

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En 1952, il est officiellement (et symboliquement) créé par Circulaire du 31 mai 1952, le titre de Directeur Régional des Télécommunications, en lieu et place de l'appellation Chef de Service Régional ; titre aligné sur celui de Directeur Régional des Postes préexistant. (BO PTT 1952, doc. 156 Cab 10)

Ci-contre : 

Nouvelle identité visuelle des PTT à partir de 1953.

LogoPTT1953



En 1953, est créé l'Ordre du Mérite postal. Les raisons de la création de cet ordre ministériel par le décret 53-1111 du 11 novembre 1953 pris en conseil des ministres par son Président M. Joseph Laniel sont expliquées dans l'exposé des motifs original reproduit ci-dessous :

En 1882, M. Adolphe Cochery, ministre des Postes et Télégraphes, instituait la Médaille d'honneur des Postes et Télégraphes, devenue, par la suite, Médaille d'honneur des Postes, Télégraphes et Téléphones. Cette décoration - de bronze ou d'argent - était, et est encore, destinée à récompenser les vieux serviteurs des Postes comptant de nombreuses années de services irréprochables. (décret du 22 mars 1882, J.O. du 24 mars, page 1604)

En 1913, la Médaille d'or était à son tour créée à l'intention des agents victimes, d'accidents graves survenus en service et ayant entraîné soit la mort, soit des blessures ou infirmités équivalentes à la perte de l'usage d'un membre. (décret du 1er décembre 1913, J.O. du 10 décembre, page 10639)

Actuellement, et en dehors de ces cas bien déterminés, le Ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones se trouve sans possibilité de reconnaître, par l'octroi d'une distinction honorifique appropriée, le mérite de fonctionnaires qui se sont distingués par d'exceptionnelles qualités, par l'invention ou le perfectionnement d'appareils, par des améliorations remarquables apportées dans le fonctionnement des services, etc.

D'autre part, certaines personnes, sans appartenir aux cadres du Ministère, accordent à celui-ci, soit occasionnellement, soit d'une façon suivie et en tant que membres des divers conseils, commissions, conférences ou comités, un concours très apprécié qui appellerait bien souvent, en retour, un témoignage de reconnaissance.

Enfin, sur le plan international également, il s'avère hautement souhaitable de pouvoir conférer cette distinction aux ressortissants des offices étrangers qui entretiennent avec nos fonctionnaires des rapports particulièrement cordiaux et efficaces et, d'une façon plus générale, à toute personnalité étrangère qui, dans le domaine des postes ou des télécommunications, a soutenu les intérêts de la France ou servi sa cause et son prestige.

P02.OrdreDuMeritePostal

Officier

Commandeur

Chevalier

(source : encyclopédie des PTT 1957, éd. Rombaldi)

Nous remarquerons la couleur dominante jaune d'or du ruban accompagné de 4 fines bandes noires ; jaune d'or qui inspirera quelques années plus tard en 1960 le jaune postal des véhicules PTT qu’ils soient des Postes ou des Télécommunications (BO PTT 1960 doc 317 cab 17 page 65).

  • Le bijou est réalisé par le graveur M. Louis Muller et représente à l'avers le dieu romain Mercure, le dieu messager.
  • Le Conseil de l'Ordre du Mérite postal est complété par arrêtés des 17 novembre et 22 décembre 1953.
  • Les premières nominations dans l'Ordre du Mérite postal (Commandeurs et Officiers) ont lieu par le décret du 10 décembre 1953 ; les premières nominations (Chevaliers) ont lieu par l'arrêté du 10 décembre 1953.
  • Les ultimes promotions dans l'Ordre du Mérite postal (Commandeurs et Officiers) ont lieu par le décret du 17 décembre 1963 ; les dernières nominations (Chevaliers) ont lieu par l'arrêté du 17 décembre 1963.
  • Cet ordre ministériel spécialisé et élitiste est finalement décerné pendant 10 courtes années. S'il fait l'objet d'un arrêt d'attribution ou de promotion depuis le 1er janvier 1964, les titulaires actuels survivants des grades et dignités de cet ordre continuent à jouir des prérogatives y étant attachées et ce d'après l'article 38 du décret n°63-1196 portant création d'un Ordre National du Mérite qui a pris la suite.
  • En foi de quoi, même si cet ordre ministériel est effectivement placé en extinction depuis 1964, il n’est pas éteint tant qu'il reste au moins un survivant dans cet ordre. De surcroît, aucun décret instituant cet ordre ministériel n'a été abrogé par aucun texte de loi en vigueur.
  • Les membres survivants de cet ordre ministériel ont toujours le droit de porter leur décoration, ceci est garanti par le décret n°63-1196 (art.38).

OMPChevalier

OMPOfficier

OMPCommandeur

Chevalier

Officier

Commandeur

En 1954, sont créés par M. le Ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones - Pierre Ferri, les Centres d'Abonnements et d'Entretien (CAE) par l'arrêté n° 417 du 5 mars 1954 (BO PTT 1954, 79 T 7 page 21)

Un bureau Centre d'Abonnements et d'Entretien est un bureau (Centre Téléphonique, Centre Télégraphique et Téléphonique, ou Recette) ayant la responsabilité dans un ressort territorial déterminé :

  • - des abonnements au service téléphonique,
  • - de l'entretien des installations,
  • - du relèvement des dérangements des lignes et des installations
  • - et généralement de la comptabilité téléphonique.

Il s'agit à cette époque d'une nouvelle étape visant à s'organiser de manière plus autonome, plus détachée de la branche postale sur l'ensemble du territoire national de manière plus déconcentrée. 

En effet, avant la création des CAE, les télécommunications, (construction, exploitation, maintenance et activités commerciales), étaient rattachées aux Directions Départementales des Postes, et c'est ainsi qu'avant leur création, il fallait se rendre au guichet d'un bureau de poste pour souscrire à un abonnement téléphonique.

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Ci-contre : grand succès des années 1953-54 ; Téléphonez-moi, Chérie. (coll. personnelle de l'auteur.)

Notons le réalisme du cadran, de surcroît sis au centre de la partition : allégorie du téléphone alors au centre des préoccupations des français ?

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1953TelephonezMoiCherie

En 1959, le 24 août, par décret relatif à la composition du gouvernement, le titre de Ministre des Postes, Télégraphes, Téléphones devient Ministre des Postes et Télécommunications. 

  • Il aura fallu attendre 18 ans après la création de la branche des Télécommunications pour que le titre de Ministre soit mis à jour.

En 1960, par la note du 6 décembre (BO PTT 1960, 317 Cab 13 page 65), l'Administration des Postes et Télécommunications se dote de son propre logo, choisi parmi de nombreux projets présentés par des graphistes réputés. 

  • Le logo retenu sera celui de l'affichiste M. Guy Georget. Extrait du BO PTT : « Ce logo souligne alors l'unité de l'Administration, symbolise le rôle de messager qui lui incombe et suggère son souci constant de rapidité dans le transport de l'information ».

OiseauBleu

Ci-dessus : logo de l'Administration des Postes et Télécommunications, tel qu'imprimé dans le Bulletin Officiel des PTT du 6 décembre 1960.

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Les années 1960 s'avéreront très compliquées pour le téléphone. Les temps changent et désormais même les gens "ordinaires" veulent aussi le téléphone chez eux, en plus de ceux qui l'ont depuis longtemps : les élites, les sociétés, les professions libérales et les gros commerçants. 

Les listes d'attente s'allongent d'année en année. Bien que les ouvertures de nouveaux commutateurs téléphoniques s'enchaînent et s'accroissent à partir de l'arrivée des Commutateurs Crossbar, le rythme d'ouverture est très insuffisant du fait de l'explosion de la demande. 

La France, au sortir de la seconde guerre mondiale et après la perte de l'Union Française enchaîne les plans d'austérité, ce dont l'Administration des PTT continuera à faire les frais, (ce qui est le cas depuis 1934)

Ainsi, la moitié de la France attend le téléphone, tandis que l'autre attend la tonalité.

Cette pénurie de moyens et de crédits entraînera la démission de M. le Directeur Général des Télécommunications - Jean Rouvière le 28 février 1957. Le fait que le Ministère des PTT retînt le système d'autocommutateurs CP400 pour la province et les grandes banlieues au lieu du système Pentaconta retenu uniquement pour la capitale et quelques grandes villes (de bien meilleure capacité d'écoulement) pour une question d'argent sera pour lui la goutte de trop, et n'aura pas voulu se retrouver responsable du marasme annoncé...

M. Michel Maurice-Bokanowski entre le 5 février 1960 et le 14 février 1962 puis M. Jacques Marette entre le 15 avril 1962 et le 1er avril 1967 incarneront, bien malgré eux, le rôle ingrat des Ministres des P et T emblématiques de la pénurie. Ils seront contraints de faire patienter la population en promettant de nouvelles réalisations au plus tôt possible...

À cette époque là, M. le Directeur Général des Télécommunications - Raymond Croze qui a pris la suite à la DGT, fait ce qu'il peut avec le peu de crédits qui lui sont accordés par le Ministère de tutelle. Les crédits sont tellement limités qu'il supervise personnellement chaque dossier de création et même d'extension de tous les autocommutateurs de France, afin d'être certain qu'il n'y ait aucun loupé. Stratégie de pénurie qui comporte aussi ses revers : celui de déresponsabiliser les échelons régionaux et locaux dans l'extension du réseau téléphonique et d'engendrer une méfiance systémique et celui d'entraîner certaines incohérences dans la chronologie des chantiers à mener. Ces travers ne permettant pas, outre le manque de crédits et de moyens, de sortir de la pénurie, mais tout au plus de la gérer au juger...

1961.04.13JourRelationsPubliquesPTT

Ci-dessus, de g-à-d : M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Michel Maurice-Bokanowski qui reçoit (ou remet) une médaille commémorative de (ou à) la personne au microphone. 

  • Assis, celui qu'il nous semble être M. le Ministre des PTT en retraite - Eugène Thomas.

Photographie PTT - 13 avril 1961 - Coll. C. R-V.

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Ci-contre : M. le Ministre des P et T - Jacques Marette, en conférence de presse au 20, avenue de Ségur, présente le programme des réalisations prévues pour l'année suivante : notamment les 6 premiers Commutateurs Crossbar Pentaconta qui seront mis en service aux portes de Paris courant 1964.

Photographie X - 26 novembre 1963 - Coll. C. R-V.

1963.11.26JacquesMaretteSegurPTT


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En 1967, M. Yves Guéna est nommé, le 6 avril, Ministre des Postes et Télécommunications, en remplacement de M. Jacques Marette connu (à tort) pour son intérêt parfois très relatif pour le téléphone : ce dernier étant connu pour avoir déclaré : « Le téléphone est un gadget »

  • En réalité, il s'agissait alors d'une marque d'autodérision et d'humilité eu égard à l'état du téléphone français de longue date, car M. Marette n'avait pas de budget pour le téléphone car il avait alors contre lui le Ministre des Finances de l'époque, Valéry Giscard d'Estaing, qui à cette époque considère à cette époque que le téléphone est un gadget ; il changera d'avis quelques années plus tard...

Avant cette prise de conscience, l'Administration des PTT est contrainte dès 1963, pour faire patienter les candidats abonnés au téléphone, de distribuer la petite brochure intitulée : "Vous attendez le téléphone. Pourquoi ?"

M. Yves Guéna bien conscient du retard colossal en matière de téléphone, est à l'origine de la création de la Caisse Nationale des Télécommunications (CNT) le 3 octobre 1967 afin de pouvoir rassembler des capitaux sur les marchés obligataires nationaux et internationaux. 

  • Devise de la CNT : «Aider à financer un Téléphone digne de la France, rôle essentiel de la Caisse Nationale des Télécommunications.»

Publicité 1975 Caisse Nationale des Télécommunications

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Plutôt que faire du saupoudrage sur le territoire métropolitain, M. le Ministre décide avec l'aide de M. l’Ingénieur des Télécommunications - Gérard Théry (alors fraîchement nommé Directeur du SPEE) de deux opérations pilotes localisées : 

  • un premier plan d'urgence pour automatiser les télécommunications dans la région de Lille, une des plus sous-équipées de France nonobstant sa densité élevée de population ; 
  • un second plan d'urgence pour désenclaver la région montagneuse d'Oyonnax.
    • l'ordre d'automatisation de la zone Oyonnax sera donné le 14 janvier 1969 par M. le Ministre des P et T - Yves Guéna.
    • la mise en service du Commutateur téléphonique automatique Oyonnax CP (LY527) est effective le 12 décembre 1969 - un record de rapidité, en 11 mois seulement.

1968MaquetteCentreTelephoniqueOyonnax

Ci-dessus : maquette du Centre Téléphonique d'Oyonnax nécessaire au désenclavement de cette zone montagneuse. 

  • Bâtiment à ossature d'acier rapide à construire, planchers et linteaux en béton armé. 

Photographie PTT - 1968 - Coll. C. R-V.

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En 1968, M. Pierre Marzin, précédent Directeur du CNET fraîchement nommé Directeur Général des Télécommunications le 21 décembre 1967, impulse une restructuration d'importance, en bataillant jusqu'en Janvier 1971 pour obtenir le rattachement de l'ensemble du personnel des télécommunications aux Directions Régionales des Télécommunications. Une nombreuse partie des personnels d'exécution (notamment des lignes téléphoniques aériennes) était jusqu'alors encore rattachée aux Directeurs Départementaux des PTT (autrement dit, certains télécommunicants étaient jusqu'à cette date placés sous le contrôle hiérarchique de cadres postiers qui étaient très éloignés des préoccupations de la technique téléphonique. Cette situation anachronique et contre-productive prend fin par le décret n° 71-48 du 6 janvier 1971).

En 1969, à l'élection à la Présidence de la République de M. Georges Pompidou, le VIe plan quinquennal (1971-1975) est décidé. Il a pour objectif de mener à la fin du retard français par l’octroi de financements accrus qui permettront la construction de nouveaux projets d’infrastructures d’envergure des télécommunications.

Le 21 juillet 1969, M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Robert Galley participe à l'émission télévisée de l'ORTF 1 - Face à Face, dans un débat animé par Pierre Charpy qui a pour objet la situation préoccupante du téléphone français. En direct, il met cartes sur table et énumère sans complaisance la situation et les tâches prioritaires à mener pour sortir le téléphone français de l'ornière, en promettant un «virage brutal».

Le 24 septembre 1969, M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Robert Galley annonce, au cours d'une conférence de presse, que le téléphone français sera entièrement automatisé en 1976. À cette fin, il annonce que des sociétés de financement auxiliaires seront prochainement créées pour accélérer la mise en service de centres téléphoniques d'abonnés et de transit.

1969.09.24ConferencePresseRobertGalley

Ci-dessus : M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Robert Galley présente en personne le plan prévu pour l'automatisation intégrale du téléphone français dont le terme est alors planifié pour 1976, par recours à de nouvelles sociétés de crédit-bail auxiliaires, au cours de sa conférence de presse.

Photographie Keystone - 24 septembre 1969 - Coll. C. R-V.

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1969.09.24PrevisionnelParcTelecom

Ci-dessus : améliorations prévisionnelles possibles (en rouge) avec financements complémentaires entre 1970 et 1975.

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  • Le chantier prioritaire à mener pour le téléphone, consistera en premier lieu à améliorer significativement l'écoulement du transit téléphonique interurbain dès l'élection de M. Georges Pompidou à la Présidence de la République et la nomination de M. Robert Galley au poste de Ministre des P et T. Ceci conduira au déploiement des Commutateurs interurbains CP400-CT4, afin de réduire les goulets d'étranglement du trafic.
  • Le second chantier prioritaire consistera à automatiser tous les abonnés manuels ou semi-automatiques ruraux le plus vite possible.
  • Le troisième chantier prioritaire consistera à satisfaire les nombreuses demandes de nouveaux abonnements.

Dans la foulée, l'adoption de la loi n°69-1160 du 24 décembre 1969 autorise désormais la création de sociétés privées de financement par crédit-bail d'équipements de télécommunications pour le compte de l'Administration des P et T. Il s'agit d'une révolution dans les mentalités en créant des sociétés de financement qui viendront ajouter leur écot au budget de l'État pour accélérer le développement du téléphone en France.

     

En 1970, le 26 février, est créée la première société de financement par crédit-bail FINEXTEL. (Société Financière pour l'Expansion des Télécommunications), et ce nonobstant les oppositions de Bercy qui appréciait peu de voir la perte de leur monopole et leur droit de vie ou de mort sur les investissements de télécommunications dont la France avait cruellement besoin.

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En 1971, après le premier décret n° 71-48 du 6 janvier 1971 relatif à l’organisation régionale du service des lignes, le décret n° 71-609 du 20 juillet 1971 relatif à l’organisation de l’administration centrale du ministère des postes et télécommunications, puis le décret n° 71-610 supprimant le Secrétariat Général des Postes et Télécommunications initialement créé par l'acte dit loi de l'État français du 15 juillet 1940 portant création de secrétaires généraux, le gouvernement donne plus d'autonomie à la DGT dans la gestion des personnels vis à vis de la Direction Générale des Postes.

Grâce au décret n° 71-611 du 20 juillet 1971, la DGT se voit même désormais chargée directement de la formation de ses personnels fonctionnaires des catégories B, C et D (c'est-à-dire des non-cadres)

Cette autonomie s'accroît grâce au nouveau décret n° 71-712 du 30 août 1971 qui rattache à la DGT les derniers personnels des Télécommunications qui étaient encore placés sous le contrôle des Directeurs Départementaux des Postes.

La restructuration administrative ardemment souhaitée par M. Pierre Marzin est réalisée et il peut faire valoir ses droits à une retraite bien méritée. M. Louis-Joseph Libois est nommé Directeur Général des Télécommunications le 11 octobre 1971 par décret de M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Robert Galley.

Nota : en Mai 1971 est remis à M. le Premier Ministre - Jacques Chaban-Delmas un rapport interministériel relatif à un projet de création d'un Office National des Postes et Télécommunications. Ce rapport ne sera jamais mis en application.

  • Le 17 juin 1971, l'Alsace est entièrement automatisée en tant que région complète. Il s'agit de la première région de France à être totalement automatisée en Province. (Paris intra-muros l'étant depuis 1938)

En 1972, La réorganisation se poursuit par le nouveau décret n° 72-203 du 9 mars 1972 qui étend à plusieurs autres départements français la réorganisation.

M. le Directeur Général des Télécommunications - Louis-Joseph Libois crée les Agences Commerciales des Télécommunications (ACTEL), le secteur commercial ayant été jusqu'à présent considéré comme le parent pauvre des télécommunications, totalement sous contrôle du technique alors.

  • Les 6 premières Agences Commerciales des Télécommunications sont créées au 1er janvier 1972, par les arrêtés ministériels n° 30 à 35 du 10 janvier 1972. Il s'agit des ACTEL de Metz, Nantes, Bordeaux, Nancy, Marseille et Nice.

Il s'agit là de la première véritable reconnaissance des métiers commerciaux dans les Télécommunications en France. C'est l'époque où l'abonné au téléphone devient progressivement un client. Une des conséquences sera peu après, via une Instruction en date du 16 janvier 1973, la reconnaissance de la fonction d'Agent Technico-Commercial, une véritable révolution dans l'Administration des Télécommunications.

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Ci-dessus : Agence Commerciale des Télécommunications créée le 1er juillet 1972 (avec Téléboutique) de la ville de Vannes (56) - 15, Place de la République. 

Photographie PTT - 1978/79 - Coll. C. R-V.

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Le 14 novembre 1972, le décret n°72-1042 du 14 novembre 1972 vient accroître l’autonomie des télécommunications débutée le 6 janvier 1971.

Le 26 décembre 1972, M. Louis-Joseph Libois édicte sa note véritablement refondatrice qui éclate les Centres d'Abonnements et d'Entretien (CAE) en deux nouvelles entités types : d'un côté les Agences Commerciales des Télécommunications (dont les 6 premières créations test sont déjà effectives au mois de janvier) et de l'autre les Centres Principaux d'Exploitation (CPE) regroupant au niveau local les métiers techniques.  

  • Après tout ce temps passé, il convient de se souvenir que seule la puissante organisation technique mise en place via les CPE permit au pays de sortir de l'ornière téléphonique dans laquelle il était coincé. 
  • Cette organisation très cartésienne mise en place en 1972 qui, peut-on le penser restera sans équivalent en termes d'efficacité, accomplira de véritables miracles et sera utilisée jusqu'à la corde à la fin de l'année 1996, soit, en fait jusqu'à la libéralisation du marché des télécommunications imposée par l'UE et à la transformation de l'Administration en Société Anonyme ; jusqu'à ce que d'autres dirigeants d'une autre époque ne sachent curieusement même plus, finalement, comment faire fonctionner une mécanique pourtant inusable...
  • Rétrospectivement, ne peut-il être permis de penser que la liquidation des CPE aura marqué le point de départ précis de l’annihilation de toute retenue, de toute mesure, de toute barrière de sécurité, de tout tabou (à quelque niveau que ce soit, y compris moral) qui nous aura entraîné dans la spirale infernale qui sera révélée au grand public à partir de 2002 sous l'ère de M. Michel Bon pour culminer jusqu'à la fameuse "mode des suicides" en 2009 si chère à M. Didier Lombard ?  Autre temps, autres mœurs ; autres dirigeants, autre niveau...

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Nota : le 13 mars 1972, M. Louis-Joseph Libois décide par circulaire la création de la Collection Historique des Télécommunications des principaux matériels ayant été en service en France, pour sauvegarder le patrimoine technique du passé et sa mémoire. Elle sera installée initialement à Paris, dans le centre téléphonique de Murat. Actuellement, elle porte le nom de Collection Historique Orange et est située à Soisy-sous-Montmorency, dans le Val-d’Oise.


En 1973, en raison de la dégradation continue de l’état de santé de M. le Président de la République - Georges Pompidou, l’année téléphonique débute avec la tenue du Comité Interministériel du 25 janvier 1973 présidé par M. Pierre Messmer, Premier Ministre, en présence de M. Hubert Germain, Ministre des Postes et Télécommunications et de M. Valéry Giscard d’Estaing, Ministre de l’Économie et des Finances, qui marque alors un net accroissement des moyens accordés au téléphone français, pour accroître significativement les actions de développement ciblées sur un ensemble de points noirs à traiter dans la couverture téléphonique, que ce soit au niveau du raccordement de nouveaux abonnés (candidats-abonnés en instance alors supérieur au million) que des capacités de transit téléphonique (écoulement réel du trafic).

Administrativement, la Circulaire n°33 du 14 juin 1973 stabilise l'organisation modernisée des services des Télécommunications selon trois niveaux :

  • Direction Générale des Télécommunications (DGT).
  • Directions Régionales des Télécommunications (DRT).
  • Directions Opérationnelles des Télécommunications (DOT).

L'organisation locale en cellules est pérennisée :

  • Les Centres Principaux d'Exploitation (CPE).
  • Les Agences Commerciales des Télécommunications (ACTEL).
  • Les Services des Lignes (renommés au 1er juillet 1979 en Centres de Construction des Lignes, les CCL - voir détail bas de page : Maillage Réseau Téléphonique en France).

Sont créées les trois premières Directions Opérationnelles et Techniques à titre expérimental, en tant qu'échelon déconcentré de leur Région des Télécommunications respective : Concernant la Région des Télécommunications de Marseille (PACA+Corse), deux DOT sont créées par arrêté du ministre des Postes et Télécommunications n° 1526 du 20 juin 1973 pour Nice, puis par arrêté ministériel n° 2677 du 18 octobre 1973 à Marseille-Littoral, ainsi qu'entre temps pour la Région des Télécommunications de Lyon est créée une DOT à Annecy par arrêté ministériel n° 1993 du 6 août 1973 pour les deux départements de Savoie et une partie de l'Ain. Ces DOT seront généralisées rapidement à toute la France.

Ces DOT se veulent alors plus près du terrain, en ne s'étendant que sur un ou quelques départements, à contrario des Directions Régionales jugées trop vastes et éloignées du terrain.

Nota : l'organisation DGT, DRT, DOT perdurera jusques au 31 décembre 1992.

  • Les 36 premiers CPE sont créés le 1er avril 1973 par les arrêtés n°733 à 736 du 27 mars 1973.

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  • 1973.09.21SicobJobertLiboisAllegreN1262
  • 1973.09.21SicobJobertLiboisAllegreN1264
  • 1973.09.21SicobJobertLiboisAllegreN1266

Ci-dessus : Le Téléphone prend des couleurs et se modernise. Présentation des nouveaux modèles au SICOB 1973 - Paris-La Défense (CNIT)

  • Au centre : M. le Ministre des Affaires Étrangères - Michel Jobert, de passage sur le stand des Télécommunications,
  • Derrière M. Michel Jobert, M. le Directeur Général des Postes - René Joder (avec lunettes).
  • À droite : M. le Directeur Général des Télécommunications - Louis-Joseph Libois, présentant les nouveaux modèles à l'assistance,
  • Complètement à droite : M. le Délégué à l'Informatique, responsable du Plan Calcul - Maurice Allègre.

Photographies PTT - 21 septembre 1973 - Coll. C. R-V.

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En 1974, l'élaboration du VIIe plan quinquennal 1976-80 décidé par M. le Président de la République - Valéry Giscard d'Estaing dès son élection fait du téléphone la priorité des priorités.

«Ne découvrons pas trop tard une planète nouvelle», avait dit VGE, alors soucieux de la vraie modernité.

La situation du téléphone français est telle que M. le Président de la République décide, le 16 octobre 1974, de remanier la Direction Générale des Télécommunications en choisissant lui-même le nom du nouveau Directeur Général des Télécommunications, un homme jeune et énergique : il s'agit de M. Gérard Théry, dont les qualités d'organisateur ont été remarquées dès le désenclavement d'Oyonnax en 1969, et confirmées par son efficacité à la tête de la Direction des Télécommunications de Paris à partir du 13 juillet 1973, nonobstant une situation réputée inextricable.

Le Programme d'Action Prioritaire décidé pour une mise en place à partir de 1975 amorce la saga du Delta LP [Δ-LP], à laquelle les personnels de toute l'échelle hiérarchique seront honorés d'apporter leur contribution. Le Delta LP consiste à accroître de manière soutenue le parc de Lignes Principales (ce que l'on appellera le Plan Théry) tout en remontant la qualité de service. 

Le même jour, le décret n°74-890 accroît encore les marges de manœuvres de la Direction Générale des Télécommunications acquises depuis 1971 pour permettre le développement de ce plan de rattrapage téléphonique massif.

Dès son accession aux responsabilités, M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry est pleinement conscient que la priorité donnée massivement au plan de rattrapage téléphonique par M. le Président de la République - Valéry Giscard d'Estaing serait une période limitée dans le temps et qu'il fallait en profiter pour faire du téléphone français le plus moderne du monde, ce qui fut fait ; et accomplir un certain nombre de réalisations majeures que l'on ne pourrait plus accomplir par la suite, ce qui débouchera notamment au développement exceptionnel de la Télématique grand public et d'entreprise dans notre pays. 

M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry répétait souvent à son premier cercle : « C'est maintenant que nous devons construire nos cathédrales ». Ceci explique l'abondance extraordinaire du patrimoine immobilier à la veille de la privatisation de France Télécom en 1997.

Pour ce faire, M. le Directeur Général des Télécommunications revoit toute l'organisation que la DGT entretient avec les Directions Régionales des Télécommunications. Il décide désormais de cesser la politique du saucissonnage et du saupoudrage des crédits qui a cours depuis les années de pénuries d'après-guerre, et lui préfère une nouvelle organisation par Couple Objectifs-Moyens annuel, qui consiste à convenir chaque année entre la Direction Générale des Télécommunications et chaque Direction Régionale des Télécommunications d'un ensemble d'objectifs cohérents à réaliser au niveau local, en échange d'une enveloppe globale et conséquente de crédits entièrement à la main de la Direction Régionale des Télécommunications considérée, en faisant confiance aux échelons locaux à priori. De son côté, la Direction Générale des Télécommunications contrôle régulièrement au moyen de deux indicateurs chiffrés la progression globale par Direction Régionale des Télécommunications l'accroissement du parc d'abonnés (le Delta LP) et la qualité de service (IQS).

Les Directions Opérationnelles des Télécommunications (DOT) sont généralisées dans toute la France et demeurent sous la coupe des Directions Régionales des Télécommunications. Les DOT supervisent un, deux voire trois départements. Les établissements opérationnels sont organisés selon le schéma « CCL/ACTEL/CPE » qui va persister 23 ans. Il s'agit ici d'opérer une décentralisation rationnelle des télécommunications.

Ce schéma correspond à une vision du cycle de vie de la ligne téléphonique : création en CCL, vente en ACTEL, exploitation et service après-vente en CPE. Chacun de ces établissements inclut environ cent cinquante personnes. À ceci s'ajoutent des fonctions en back-office comme : les CRT (Centre de Renseignements des Télécommunications) qui sont les services des renseignements téléphoniques, les Centres Télégraphiques, les CFRT (Centre de Facturation et de Recouvrement des Télécommunications).

Nota : 12 Centres Principaux d'Exploitation de Paris intra-muros sont créés par l'arrêté n°4030 du 23 décembre 1975 (BO PTT 1975 document 420, rubrique T 70, page 501) par regroupement de centraux téléphoniques existants. En tout, le pays comptera au moins 310 CPE (année 1984).

En 1975, le 1er février : passation de pouvoirs entre M. Pierre Lelong et M. Aymar Achille-Fould qui devient nouveau Secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications. En effet, la grande grève de 1974 a laissé des traces et le Pouvoir a préféré procéder au remplacement de M. Lelong qui avait déclaré lors d'une conférence de presse : « Travailler dans un centre de tri est, si j'ose dire, l'un des métiers les plus idiots qui soient. »

Son successeur ne demeurera qu'une petite année au 20, avenue de Ségur. Préfère démissionner en raison de rumeurs non-avérées de conflit d'intérêt pour les signatures de marchés à venir.

1975.02.01PassationPouvoirsLelongAchilleFould

Ci-dessus : passation de pouvoir détendue entre MM. Lelong et Achille-Fould. 

  • Le nouveau Secrétaire d'État en profite pour fumer sa petite cigarette (époque encore normale)
  • Nous reconnaissons au second plan en troisième position en partant de la gauche M. Gérard Théry, le très récent Directeur Général des Télécommunications.

Photographie PTT - 1er février 1975 - Coll. C. R-V.

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  • Le 27 mars 1975, il est inauguré par M. le Ministre de l'Intérieur - Michel Poniatowski et par M. le Secrétaire d'État des P et T - Aymar Achille-Fould l'ultime commutateur téléphonique (à autonomie d'acheminement) nécessaire à  l'automatisation imminente du téléphone de Région parisienne, à Magny-en-Vexin (95).
  • 1975.03.27MagnyEnVexinCP400n75.439
  • 1975.03.27MagnyEnVexinCP400n75.440

Ci-dessus : inauguration du Commutateur téléphonique CP100 Magny-en-Vexin (PX546), prélude à l'automatisation imminente de la Région parisienne.

  • 1er cliché, 1er plan, de g-à-d :
    • M. le Secrétaire d'État aux P et T - Aymar Achille-Fould,
    • M. le Directeur Régional des Télécommunications de la Région de Paris Extra-muros - Roger Légaré,
    • M. le Ministre de l'Intérieur - Michel Poniatowski.
  • 2ème plan, en costume 3 pièces : M. le Directeur Opérationnel des Télécommunications de Cergy - Jacques Pouliquen.
  • Mis en service le 18 février 1975 - Hors service le 15 décembre 1982.

Photographies PTT - 27 mars 1975 - Coll. Orange DANP.

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  • Le 10 avril 1975, l’automatisation du réseau téléphonique de la Région Parisienne commencée le 22 septembre 1928 est totalement achevée au bout de 47 années, par la mise en service d'un Centre de Secteur Socotel S1 de 200 lignes à Forêt-le-Roi (91).

  • Le 28 juillet 1975, la région Bretagne est entièrement automatisée par la mise en service du Centre Téléphonique E10N3 de Rostrenen.

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Ci-dessus : M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry (mains croisées), en visite le 29 octobre 1975 dans le Centre Téléphonique de Versailles (Hôtel des Postes), accompagné de M. le Directeur de la Production - Yves Fargette. (Jour de mise en service du Commutateur Pentaconta 2080 TIT Versailles A2 PC2 (WE02)).

  • Présentation au tableau de l'avancement en cours des travaux de restructuration massive du réseau téléphonique de Versailles et des villes environnantes, par M. le Directeur des Télécommunications de Paris Extra-Muros - Roger Légaré.

Photographie PTT - 29 octobre 1975 - Coll. C. R-V.

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En 1976, à partir du 1er janvier, l’oiseau bleu postal créé en 1960 par l’affichiste M. Guy Georget s’efface en ce qui concerne la branche des télécommunications et ainsi naît la première identité visuelle distincte de la branche postale, en bleu roi légèrement pastel, accolé au téléphone à cadran.

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  • Ci-contre : le logo du cadran téléphonique apparaît pour la première fois à l'échelon national dans la circulaire BO PTT n°407 T 66 du 18 décembre 1975, pour application sur nouveaux documents officiels à la date du 1er janvier 1976.
  • Nota : le cadran n'a que 8 huit trous.

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  • Ci-contre : le logo du cadran téléphonique a d'abord été créé en 1974 localement pour les Directions Régionales des Télécommunications de Paris intra et extra-muros. Il sera généralisé au niveau national deux années plus tard. Photographie PTT - 9 septembre 1974 - Coll. Orange DANP.

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  • Le 8 janvier 1976, M. le Secrétaire d'État des Postes et Télécommunications - Aymar Achille-Fould, qui se présente comme le fils de la Révolution d'Octobre (1974), suite à la grande grève aux PTT, annonce en conférence de presse à Paris que pour la première fois en France, le nombre de mises en service de lignes téléphoniques a dépassé le nombre de nouvelles demandes d'abonnements, en 1975 (100.000 lignes de plus que de nouvelles demandes de plus à satisfaire)
    • Ainsi donc, le stock de demandes d'abonnements en retard commence-t-il à diminuer d'année en année à partir de 1975.

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Ci-dessus : M. le Secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications - Aymar Achille-Fould présente, en conférence de presse à Paris, les chiffres du téléphone français pour l'année 1975 révolue.

Photographie Uzan - 8 janvier 1976 - Coll. C. R-V.

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Le 12 janvier 1976, M. Norbert Ségard devient Secrétaire d’État autonome aux Postes et Télécommunications. De par son action et sa force de travail colossale qui lui est toute personnelle, il incarnera en tant qu'homme politique, les années les plus dynamiques du rattrapage téléphonique de notre pays.

« Même s'il ne fut que Secrétaire d’État aux Postes et Télécommunications, il n'en fut pas moins un grand Ministre...»

Ci-contre : M. Norbert Ségard enthousiaste lors de sa première conférence de presse le 26 février 1976, à Lille, en tant que nouveau Secrétaire d’État aux P et T, où il expose ses vues.

© Photographie AGIP - Coll. C. R-V.

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Sur le retard téléphonique français, M. le Secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications  Norbert Ségard déclarait en Avril 1976 :

« En décidant sur ma proposition de faire du développement des Télécommunications le premier programme d'action prioritaire du VIIe Plan, le Président de la République et le Gouvernement viennent de confirmer de façon éclatante leur volonté de doter enfin notre pays d'un téléphone pour tous au service de tous.

Ils rendent ainsi également hommage, en leur accordant toute leur confiance, à l'effort considérable entrepris depuis plusieurs années par tous les agents des Télécommunications, à leur dévouement, et aux performances qu'ils réalisent de façon quotidienne sur l'ensemble de notre territoire.

20 millions de lignes d'abonnés en 1982, 100.000 cabines publiques, une qualité de service égale à celle des meilleurs réseaux téléphoniques actuels, le développement accéléré de tous les services nouveaux, et en particulier de la téléinformatique et de la téléconférence, tels sont les objectifs très ambitieux que j'ai fixés à la Direction Générale des Télécommunications.

Les moyens qui seront mis en œuvre sont, eux aussi, considérables puisque ce sont plus de 135 milliards de francs courants de travaux qui seront lancés d'ici 1980, et plus de 90.000 emplois qui seront directement ou indirectement créés tant au sein de l'administration que dans ce secteur de notre économie durant la même période.

Si j'ajoute que du point de vue technique les Télécommunications devront faire face, avec l'introduction de la commutation électronique, à l'une des grandes mutations de leur histoire, il devient alors évident que la tâche qui leur est assignée requerra de leur part des efforts encore plus importants que ceux qu'ils ont déjà fournis jusqu'à présent.

Parfaitement conscient du fait qu'il est encore trop tôt pour crier victoire alors que tant de français attendent encore leur téléphone, je tiens cependant à réaffirmer ma conviction de voir ces objectifs atteints : les fonctionnaires PTT ont déjà démontré qu'ils étaient capables de grandes réalisations.

Aujourd'hui ils sauront conduire à son terme le plus grand programme d'investissement de notre pays. »


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Ceci étant lu, il est juste de rappeler que jusques au moins en fin 1976, les prétendants au téléphone étaient d'abord placés sur liste d'attente avant de pouvoir être mis en service au fur-et-à-mesure de la mise en service de nouveaux commutateurs ou d'extensions de capacité.  Ils étaient nommés par l'administration Candidats-Abonnés, comme en témoigne cet Ordre de Travail typique de cette époque. 

Terme prouvant, s'il en est, que le téléphone automatique se méritait jadis de haute lutte !

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Ci-contre : film italien de 1976, Allo... Madame, avec Corinne Cléry, aux charmes convaincants, Françoise Fabian... Préfigurant Madame Claude etc. Le téléphone reste au cœur de tous les phantasmes en 76...

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Dans les années 70', la saga du Delta LP constitue le Printemps du Téléphone... Ce printemps se manifeste alors par la multiplication des raccordements de nouveaux abonnés au téléphone.

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Ci-dessus : en 1976, l'arrivée du Téléphone dans un domicile constitue toujours un événement. 

  • En plus, l'Agence Commerciale des Télécommunication avait offert des petits cadeaux utiles pour la maîtresse des lieux.

Photographie X - 1976 - Coll. C. R-V.

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  • Le 15 mars 1976, la première Téléboutique de France est inaugurée à Lesparre, en Gironde. La boutique s'installe dans une ancienne boucherie en plein centre ville et permet à l'Administration d'entrer en contact facilement avec les usagers. Cette ouverture marque le début du déploiement de plusieurs centaines de téléboutiques en France qui viendront démultiplier le réseau d'Agences Commerciales des Télécommunications pour assurer la présence de l'Administration sur tout le territoire national.

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Ci-dessus : M. le Secrétaire d'État au Postes et Télécommunications - Norbert Ségard interviewé par Yves Mourousi sur TF1, au Stand des Télécommunications des Tuileries, à l'occasion de l'exposition Les 100 ans du téléphone.

Photographie PTT - 5 mai 1976 - Coll. Orange DANP.

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  • 1976.06.10InaugurationActelLeChesnayn02
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Ci-dessus : M. le Secrétaire d’État aux Postes et Télécommunications - Norbert Ségard sur tous les fronts. Inauguration des nouveaux locaux de l'Agence Commerciale des Télécommunications du Chesnay (78) le 10 juin 1976. 

  • 1ère photographie :
  • M. le Directeur Régional de la région de Paris Extra-Muros - Roger Légaré, en costume clair.
  • M. le Directeur du Personnel à la Direction de Paris Extra-Muros - Jacques Hardange, derrière un photographe.
  • M. le Délégué aux Télécommunications pour l'IDF - Pierre Lestrade, le dernier à entrer.

Photographies PTT - 10 juin 1976 - Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : intérieur typique d'une Agence Commerciale des Télécommunications en 1976. Cas de la nouvelle ACTEL de Sartrouville, livrée le 23 juin 1976. 

  • À noter d'une part la présence de l'Oiseau Postal de Guy Georget (le symbole du Cadran n'est pas encore présent) ; d'autre part la présence du cendrier (époque encore normale).

 Photographie PTT - 1976 - Coll. C. R-V.

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La loi n°76-670 du 21 juillet 1976,  qui porte approbation du VIIème Plan, définit un programme prioritaire pour l’amélioration de l’équipement téléphonique du pays, en dotant la France d’un réseau de télécommunications adapté aux besoins d’une nation moderne. Voir Livre 2 / Programme n°4.

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  • Grande devise publicitaire de cette période : « Télécommunications : nous raccordons les hommes. »

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En 1977, les véhicules des télécommunications prendront également cette couleur bleue, après un court passage en couleur bleu-marine rapidement remplacée du fait de leur confusion avec les véhicules de gendarmerie. La couleur « Bleu Télécommunications » sera utilisée pendant 20 ans, jusqu’à la transformation en société anonyme en 1997 et la mise en sous-traitance, dans la foulée, du parc automobile où les couleurs utilisées seront depuis lors le blanc ou le noir.

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Ci-dessus : voitures Télécommunications bleu-marine dès 1977, puis bleu-télécom peu après.

Photographie PTT - 1980 - Coll. C. R-V.

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Le Lundi 2 mai 1977, la toute première Téléboutique commerciale parisienne est ouverte et inaugurée en présence de M. le Secrétaire d’État aux Postes et Télécommunications - Norbert Ségard, au 189, Avenue Daumesnil, dans les murs du Centre Téléphonique de Paris-Diderot.

Le rôle initial des Téléboutiques selon M. le Secrétaire d’État aux P et T :

  • - Accueillir les usagers dans un cadre agréable,
  • - Informer les Français sur leur téléphone et les services commercialisés,
  • - Permettre aux usagers de choisir la couleur, la forme et le modèle de poste qui leur plaît, en pouvant découvrir sur place la gamme des produits proposés,
  • - Obtenir de la part d’un personnel spécialisé tous les renseignements sur les répondeurs téléphoniques, sur les tarifs du télex ou sur les possibilités d'extension de leur installation actuelle,
  • - Repartir avec les annuaires ou avec le téléphone à la main si son appartement est déjà équipé d'une prise téléphonique.
  • 1977.05.02InaugTeleboutiqueDiderotNum77516
  • 1977.05.02InaugTeleboutiqueDiderotNum77525
  • 1977.05.02InaugTeleboutiqueDiderotNum77523
  • 1977.05.02InaugTeleboutiqueDiderotNum77521
  • 1977.05.02InaugTeleboutiqueDiderotNum77517
  • 1977.05.02InaugTeleboutiqueDiderotNum77522

Ci-dessus : visite officielle d'inauguration de la première Téléboutique des Télécommunications dans Paris, au 189, Av. Daumesnil, dans les murs du Centre Téléphonique Diderot.

  • cliché 1 : Discours d'inauguration de M. le Secrétaire d'État aux P et T - Norbert Ségard devant les hautes cadres des Télécommunications, dans une salle technique du centre en cours de réaménagement.
  • cliché 2 : au sortir de la visite du centre, M. le Secrétaire d'État aux P et T - Norbert Ségard le 2 mai 1977, visiblement fier du travail accompli.
  • cliché 3 : arrivée des invités devant l'entrée de la Téléboutique flambant neuve... M. le Secrétaire d'État aux P et T - Norbert Ségard en discussion avec M. le Directeur du Centre Téléphonique Diderot - Georges Gély.
  • cliché 4 : à l'intérieur de la Téléboutique, M. le Secrétaire d'État aux P et T - Norbert Ségard en discussion avec M. le Délégué aux Télécommunications pour l'IDF - Pierre Lestrade. En face, M. l'Architecte chargé des aménagements intérieurs - Jacques Rabinel (avec costume 3 pièces - gilet). À la droite de M. Rabinel, M. le Directeur Opérationnel des Télécommunications de Paris Nord-Est - Luc Paquelier. Complètement à droite du cliché : M. Eugène Delchier.
  • cliché 5 : M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry, exposant la gamme de produits à M. le Secrétaire d'État des P et T - Norbert Ségard particulièrement enthousiaste.
  • cliché 6 : fin de visite officielle et départ de M. le Secrétaire d'État des P et T - Norbert Ségard (au centre) visiblement satisfait par cette nouvelle Téléboutique parisienne.

Photographies PTT - 2 mai 1977 - Coll. Orange DANP.

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  • C'est aussi en 1977 que les premières Téléboutiques Mobiles voient le jour. Il s'agit de fourgonnettes aménagées pour la promotion et la distribution de petits matériels de télécommunications ainsi que pour la prise d'abonnements.

1977PremieresTeleboutiquesMobiles

Ci-dessus : une des premières Téléboutiques Mobiles en 1977, un Peugeot J7 sillonnant les routes de Seine-et-Marne... 

  • En vitrine, la gamme de postes téléphoniques du moment.

Photographie PTT - 1977 - Coll. C. R-V.

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État des lieux téléphonique en 1977, année charnière :

  • Le 26 décembre 1977, le nombre d'abonnés au téléphone atteint 10 millions.
  • En quatre années, de début 1975 à fin 1978, l'Administration des Télécommunications raccorde 6 millions de nouveaux abonnés, soit autant d'abonnés que dans les cent années précédentes : c'est cela, le Delta LP...
  • Le 27 décembre 1977, la région Languedoc-Roussillon est entièrement automatisée, par la mise en service du centre de secteur du Pont-de-Montvert.

En 1979, suite à l'instruction officielle (1065 cab 42) du 19 octobre 1978 de M. le Secrétaire d’État aux P et T - Norbert Ségard, de nouvelles évolutions en termes d'organisation sont mises en place sous l'impulsion de M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry. 

Sont créées 9 Délégations de Zone des Télécommunications (DZT), échelon intermédiaire entre les Directions Régionales des Télécommunications et la DGT. Cette réorganisation qui faisait doublon avec les DRT ne dure pas. Ces Délégations de Zone des Télécommunications sont supprimées par l'instruction officielle (1008 cab 6) du 1er mars 1982 de M. le Ministre des PTT - Louis Mexandeau, suite à l'alternance politique.

  • Il faut bien comprendre que certains Directeurs Régionaux des Télécommunications se voyaient donc cumuler la fonction de Délégués de Zone des Télécommunications, supervisant de ce fait d'autres collègues de même grade, ce qui ne manqua pas de créer des querelles d'ego.

C'est aussi en 1979 que l’automatisation du réseau téléphonique de l’hexagone commencée en 1913 est totalement achevée après 66 années de dur labeur. 

  • - Le 4 juillet 1979, le dernier département de France continentale, les Alpes de Haute-Provence (04) est entièrement automatisé, par la mise en service en automatique des localités de Moustiers-Sainte-Marie, Riez et Valensole (raccordées sur l'autocommutateur E10N3 de Manosque 2 (PA54)).
  • - Le 28 novembre 1979, le dernier Centre Téléphonique manuel de Métropole (Alando, dans le département de Haute-Corse (2B)) est supprimé et les abonnés sont transférés sur un commutateur automatique par l'intermédiaire d'un Concentrateur d'abonnés (via l'AB.PQ = 95.48) ; (nota : dans les zones corses à reliefs accidentés, les poteaux ont été montés à dos d'homme et les câbles tirés à la main par les agents du service du Train-Parc. L'automatisation de la Corse a été, au vu des nombreux documents retrouvés par nos soins et par chance dans le centre téléphonique désaffecté de Saint-Sauveur-sur Tinée (06), un véritable sacerdoce, un chemin de croix de par la complexité et les difficultés d'accès...)
  • - Le 15 décembre 1979, les deux derniers Centres Téléphoniques manuels de Saint-Georges de l'Oyapock et Régina en Guyane sont également remplacés par l'automatique intégral.

Le métier d'opératrice des télécommunications, Les demoiselles du téléphones, disparaît et les dernières agentes sont reclassées sur d'autres métiers (en général dans les CPE sur des métiers techniques ou dans des fonctions de back-office au téléphone, comme le service du 12 - les renseignements téléphoniques ou encore dans les ACTEL pour celles qui ont la fibre commerciale et un bon contact client). À noter que l’on emploie toujours le terme opératrice au féminin, alors qu’il existait aussi des opérateurs des télécommunications qui opéraient séparément en brigade de nuit, le travail de nuit étant alors interdit par l’article L213-1 du code du travail au personnel féminin jusqu’au 20 juin 1987.

  • Grande devise publicitaire de cette période : « PTT : les hommes qui relient les hommes. »

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Ci-dessus : une Téléboutique de province, dans une rue marchande.

Photographie PTT - circa 1978 - Coll. C. R-V.

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1979ActelParisNord

Ci-dessus : l'Agence Commerciale des Télécommunications en 1979, à l'époque du grand boum téléphonique. 

  • Ce-jour là animée par une manifestation bon-enfant du personnel de l'agence.

Photographie X - 1979 - Archives CGT Centre Téléphonique Paris-Nord.

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1980ActelPointeaPitreGuadeloupe

Ci-dessus : l'Agence Commerciale des Télécommunications de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.

Photographie PTT - 1980 - Coll. C. R-V.

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Ci-contre : bilan du développement du téléphone en France entre 1975 et 1980 et prospectives horizon 1990.

Film DGT-PTT - Fin 1980 - Coll. Orange DANP.

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En 1981, dès le mois de mai, juste après la première alternance politique historique de la Vème République, la terminologie PTT est rétablie en lieu et place des Postes et Télécommunications, y compris sur l'identité visuelle dès Septembre 1981. 

Par contre, désormais, le sigle PTT signifie Postes, Télécommunications, Télédiffusion. Cette différence a toute son importance. La Télédiffusion ayant été placée sous la tutelle des P et T dès le 10 janvier 1980, avant l'alternance électorale...

Il ne s'agit donc pas, nonobstant les apparences, d'un retour aux "PTT de papa", comme beaucoup pouvaient l'accroire... Mais beaucoup le crurent...

P04.Logo1981

En 1982, un an après l'alternance politique en France et l'élection de M. François Mitterrand à la Présidence de la République, M. le Ministre des PTT - Louis Mexandeau milite en 1982 pour un retour à l'orthodoxie administrative, en provoquant par le décret n° 82-636 du 21 juillet 1982 des nominations de Commissaires de la République de Département et de Région dans les affaires des Télécommunications, notamment dans les programmes d’investissements des PTT dont ils deviennent les décideurs, au détriment des Directeurs Régionaux des Télécommunications...

Cette perte manifeste d'autonomie qui renvoie la Direction Générale des Télécommunications quasiment à la situation d’avant 1941 provoque un tollé des Ingénieurs des Télécommunications. Ils s'insurgent mais doivent plier. Par ce même décret, les DOT perdent en autonomie, voire disparaissent de fait lorsqu'une DRT ne compte qu'une seule DOT. Ce retour aux sources sera cependant de courte durée.

Très-curieusement, en 2016, ce décret n°82-636, précisant l'organisation des services des P.T.T, demeure actuellement toujours en vigueur, et ce nonobstant les transformations radicales intervenues depuis du côté postal comme du côté des télécommunications...

À la fin 1982, le Réseau Commercial des Télécommunications comporte en France métropolitaine 169 Agences Commerciales des Télécommunications, ainsi que 318 Téléboutiques rattachées et 3 Téléboutiques mobiles : soit 490 points.

En 1983, nouvelle identité visuelle : le clavier téléphonique remplace le cadran à partir du 7 septembre.

P05.Logo1985

Le 15 décembre 1983, M. le Ministre-délégué des PTT - Louis Mexandeau forme une commission de réflexion sur l'avenir des PTT composée de 6 membres présidée par M. Jacques Chevallier, qui doit remettre un rapport 6 mois plus tard...

  • En réalité, à terme, les jeux sont déjà faits dans le sens de la libéralisation, de la fin du monopole et de la privatisation dès le 9 novembre 1981 lorsque est adoptée la Loi n°81-994 du 9 novembre 1981 portant dérogation au monopole d'État de la radiodiffusion provoquant la première brèche pour autoriser les radios libres.

En 1984, le retour aux sources administratif décidé en Juillet 1982 se brise net contre le mur des réalités mondiales et se conclut par un réveil brutal avec le démantèlement aux États-Unis de l'opérateur unique AT&T, qui tomba sous le coup de la loi fédérale antitrust... Et, le 7 juin 1984, est publié le Rapport Chevallier qui conclut à la nécessité de séparer les branches Postes et Télécommunications en deux entités distinctes, changer toute la structure considérant pour l'Administration que : "Son statut constitue pour elle un cadre excessivement rigide, qui la prive de la flexibilité nécessaire et réduit ses facultés d'adaptation".

  • Il est possible de considérer que ce rapport marque le début de la fin de l'Administration des PTT en France.

En 1985, après ces 3 années de blocage, un rapport édité par l'Association des Ingénieurs des Télécommunications préconise un changement de statut vers celui de Société Nationale.

En outre, le décret n°85-336 du 12 mars 1985 autorise l'Administration, à la demande des abonnés, à la vente de certains matériels téléphoniques, en plus des matériels obligatoirement fournis dans l'abonnement du service téléphonique qu'il a souscrit. Cet événement constitue la première brèche dans le système de redevance par location-entretien des terminaux téléphoniques, dans l'histoire de l'Administration (avant cette date, seule la location-entretien était autorisée par le législateur).

  • Devise publicitaire du moment : « PTT, le contact ».

Au mois de Mai 1985 est publié par le Ministère des PTT et préfacé par son Ministre délégué M. Louis Mexandeau, le Rapport Bilan et Perspectives 1981-1988, présentant les nombreuses réalisations accomplies et les plus nombreuses encore à venir. Il est à noter que la lecture de ce rapport kitschissime tient plus du tract électoral à l'ode de M. François Mitterrand, Président de la République.

Il convient de rappeler qu'un très tenace lobbying pro-privatisation est à l’œuvre depuis les années soixante en France, en cela téléguidé par la Communauté Économique Européenne, qui suit mot pour mot l'idéologie venue des États-Unis d'Amérique ayant abouti au démantèlement du géant AT&T en 1984. Ainsi donc, le paysage politique français de l'Assemblée Nationale est-il divisé en trois parties :

  • Le camp résolument Contre la Privatisation : Parti Communiste Français (PCF) et une partie du Rassemblement Pour la République (RPR - tendance souverainiste).
  • Le camp œuvrant pour la Privatisation Honteuse : Parti Socialiste (PS - sauf personnalités d'exception), l'autre partie du Rassemblement Pour la République (RPR - tendance mondialisée).
  • Le camp ouvertement Pour la Privatisation, avec zèle affirmé : l'Union pour la Démocratie Française (UDF).

Il n'est qu'à lire ce court article paru dans Le Quotidien de Paris, le 24 octobre 1985, reprenant les propos d'un député UDF, connu depuis maintes années comme étant un des bras armés pro-privatisation, qui n'a d'ailleurs pas hésité à risquer, par ses déclarations inconséquentes,  de provoquer un éventuel accident industriel majeur à la veille de la Nouvelle Numérotation Téléphonique à 8 chiffres le 25 octobre 1985 - 23 Heures, au cas où les agents des télécommunications auraient mal réagi à ses propos...

Que l'on soit Pour ou Contre ou Sans Opinion sur le démantèlement de l'Administration des Postes et Télécommunications et sa privatisation, il est aisé de constater l'incurie complète, l'irresponsabilité avérée de tenir, pour un Député de la République Française, de tels propos à la veille d'une opération majeure pour l'avenir du téléphone français.

Sur le fond de cet article, ce député, s'il donne son avis négatif sur la gestion financière du pouvoir socialiste, omet de préciser que s'il existe un déficit des PTT en 1985, c'est pour la première raison que depuis le sortir de la seconde guerre mondiale, l'Administration des PTT constitue une vache à lait que l’État ponctionne allégrement chaque année de manière discrétionnaire et pour la seconde raison qu'un surcoût d'investissement est alors nécessaire dès 1978 pour financer l'adaptation des autocommutateurs à la Nouvelle Numérotation ainsi que le remplacement accéléré des autocommutateurs  téléphoniques rotatifs hors d'âge et des autocommutateurs Crossbar les plus anciens (atteints de la maladie des contacts), par de nouveaux autocommutateurs Électroniques (Spatiaux ou Temporels)  coûteux dont la date butoir infranchissable est le 25 octobre 1985 à 23 heures.

Le 28 novembre 1985, une dépêche AFP annonce que "les PTT ont mis en chantier une étude portant sur la modification des structures administratives" et "une gestion différente du personnel." Elle ajoute que "le Ministre des PTT envisage de saisir les instances européennes sur ce sujet." Cette dépêche fait suite à l'ouverture dès le mois d'Octobre 1985 d'un chantier par M. le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux, intitulé : "Projet d'entreprise".

  • Ainsi donc, la gauche a-t-elle préparé le dossier peu avant les élections législatives et l'alternance qui allait suivre 4 mois plus tard.

En 1986, après une nouvelle alternance politique et le retour de la droite au gouvernement entraînant la 1ère cohabitation dès le 16 mars 1986, l'heure est à la libéralisation. 

Le 20 mai 1986, au cours d'une conférence de presse, M. le Secrétaire d’État à la Poste et aux Télécommunications - Gérard Longuet déclare, dans une définition qui lui semble toute personnelle : "Je serai un défenseur du Service Public."

Au mois de Juin 1986, trois mois après son arrivée aux affaires, M. le Secrétaire d’État à la Poste et aux Télécommunications - Gérard Longuet s'adresse dans un courrier qui se veut rassurant à l'ensemble du personnel des PTT.

Dans le même temps, M. le Secrétaire d’État à la Poste et aux Télécommunications - Gérard Longuet ouvre ce qu'il dénomme des "chantiers de liberté", qui consistent, sur des périmètres bien délimités, à tester la mise en concurrence de la Direction Générale des Télécommunications par des exploitants du secteur privé qui se porteraient candidats.

Les quatre "chantiers de liberté" ouverts sont :

  • Cabines Publiques - projet abandonné en 1988, nonobstant le lobbying zélé de deux élus qui déjà en 1985 ne juraient que par la privatisation des cabines téléphoniques, comme si par magie, le vandalisme allait miraculeusement cesser -
  • Radio Messagerie Unilatérale - débouchera sur l'arrivée de OPERATOR de TDF le 30 novembre 1988, qui sera racheté par France Télécom le 1er juin 1995, les autres concurrents fermant leur service l'un après l'autre car non rentable...
  • Radiotéléphone - débouchera sur le NMT-F 1G  de SFR le 30 mars 1989, qui sera d'ailleurs acheminé intégralement à travers la France et le monde, par... France-Télécom et son réseau téléphonique commuté...
  • Réseaux Télématiques à valeur ajoutée (Liaisons Louées) - ouverture à la concurrence en 1987, mais sans réel succès...  Deux consortiums Suez-Olivetti-Télésystèmes et IBM-Paribas-Sema Metra s'étant intéressés de loin à l'aubaine, mais ayant vite passé leur tour...

Le décret n°86-1064 du 29 septembre 1986 remplace par des Circonscriptions Tarifaires les Circonscriptions de Taxe téléphoniques formellement citées dans le décret n°56-823 du 14 août 1956.

La loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication (dite Loi Léotard) préfigure de grandes évolutions statutaires imminentes.

Le 7 octobre 1986, il est créé, en remplacement à la Direction Générale à la Stratégie, une Mission à la Réglementation Générale par décret n°86-1083 de M. le Président de la République - François Mitterrand.

  • la Mission à la Réglementation Générale est présentée "pour rajeunir le droit des P et T". Dans les faits, elle prépare la dérèglementation du secteur des télécommunications et la privatisation du secteur...
  • Son responsable est M. Jean-Pierre Chamoux.

Une marque intitulée FRANCE TELECOM est créée et enregistrée à l'INPI le 14 novembre 1986 dans le domaine des télécommunications.

Depuis le 1er décembre 1986, le poste téléphonique n'est plus obligatoirement fourni par l'administration lors d'une mise en service de ligne téléphonique.

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Ci-dessus : M. le Secrétaire d'État à la Poste et aux Télécommunications - Gérard Longuet, très occupé au Téléphone depuis son arrivée aux affaires...

Photographie AFP - 21 avril 1986 - Coll. C. R-V.

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Le 10 décembre 1986, le gouvernement de cohabitation décide le remplacement de M. le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux, souhaitant en cela solder le contentieux datant de 1981, lui même engendré par le précédent contentieux datant de 1974.

La passation de pouvoir se déroule entre les deux hommes le 12 décembre 1986.

M. Marcel Roulet est nommé Directeur Général des Télécommunications le 15 décembre 1986 par décret.

1986.12.12TransitionDondouxRoulet

Ci-dessus : passation de pouvoir entre MM. Jacques Dondoux et Marcel Roulet. 

  • D'un Directeur Général des Télécommunications à l'autre, qu'a donc pu penser le toujours énigmatique M. Dondoux ? 

Photographie PTT - 12 décembre 1986 - Coll. C. R-V.

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En 1987, au 1er janvier, la note de service n°114T du 8 décembre 1986 créant le Service des Grands Comptes entre en vigueur. Le but est désormais de regrouper et de gérer séparément du reste des abonnés les services de télécommunications des plus grands groupes de France : 50  groupes majeurs, 2.000 grandes entreprises et 200.000 entreprises moyennes. Cette réorganisation permet de pouvoir proposer directement des services adaptés à cette clientèle spécifique et stratégique.

Le 13 janvier 1987, moins d'un mois après sa nomination à la tête de la Direction Générale des Télécommunications, M. Marcel Roulet crée et organise un département Communication, axe qu'il considère prioritaire pour asseoir une identité de marque de l'Entreprise "Télécom" qui reste à créer et à faire connaître.

Par le décret n° 87-60 du 3 février 1987, survient tout un symbole : la Taxe de Base créée par décret du GPRF n°45-289 du 22 février 1945 devient l’Unité Télécom (UT).

Au mois d'Avril 1987, la Direction Générale des Télécommunications change son image de marque par le biais d'un nouveau logo. La marque FRANCE TELECOM est redéposée à l'INPI le 4 mai 1987. (extension de catégories vers l'informatique et l'audiovisuel).

C’est au mois de Juillet 1987 où pour la première fois, apparaît sur les factures téléphoniques bimestrielles des administrés, ainsi que sur les prospectus l’abréviation « TELECOM » à la place de la mention administrative habituelle PTT - Télécommunications. Cette identité transitoire durera jusqu’en Janvier 1988 inclus sur les documents officiels de l’Administration des Télécommunications.

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Le 30 juin 1987, le Livre Vert de la Commission Européenne sur le développement du marché commun des services et équipements des télécommunications est édité (après son adoption à l'unanimité de la Commission Européenne le 11 juin 1987). 

  • C'est un coup de tonnerre qui enjoint la libéralisation du secteur des télécommunications par sa mise en concurrence progressive, comme n'importe quel autre bien de consommation.

Suite à ce Livre Vert, M. le Ministre-délégué chargé des P et T - Gérard Longuet transmet le 25 août 1987 aux partenaires sociaux et à la CNCL le Texte de travail n°1 pour un avant-projet de loi sur les télécommunications, visant notamment à préparer la dissolution de l'Administration des Postes et Télécommunications. 

  • Tollé immédiat aux PTT...
  • Le 15 septembre 1987, grève massive.
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Ci-dessus : manifestation à l'appel de la Confédération Générale du Travail - PTT dans les rues de Paris. 

  • Itinéraire de la Tour Montparnasse au 20, avenue de Ségur, Paris.

Photographies CGT-Orange Paris-Nord - 15 septembre 1987.

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  • Le 22 septembre 1987, grève massive.
  • Le 1er octobre 1987, grève massive.

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Ci-dessus : manifestation à l'appel de la Confédération Générale du Travail - PTT dans les rues de Paris (clichés pris vers la Porte Saint-Denis).

  • Itinéraire de Denfert-Rochereau à la Gare de l'Est.

Photographies CGT-Orange Paris-Nord - 1er octobre 1987.

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Dès le 24 septembre 1987, le décret n°87-775 crée la première brèche dans le monopole de l'Administration des P et T, en ouvrant la location à des tiers des liaisons spécialisées et de certains réseaux téléphoniques et télématiques. (chantier de liberté)

Le décret n°87-888 du 30 octobre 1987 autorise désormais l'Administration des postes et des télécommunications à vendre sans restriction au public tous types de matériels de télécommunications tels les terminaux téléphoniques.

  • Auparavant, les postes téléphoniques n'étaient proposés qu'en Location-entretien mensuelle par l'Administration des Télécommunications - une timide expérimentation ayant certes été tentée par arrêté du 30 juillet 1985 pour la vente du modèle de poste Modulophone au prix public de 400 francs

D'ailleurs cette même année, comme en témoigne le décret n°87-898 du 31 octobre 1987, l'Administration des Postes et Télécommunications se voit soumise pour la première fois de son histoire à la TVA dès le 1er novembre 1987.


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Ci-dessus : conférence de presse des instances dirigeantes des Télécommunications à l'occasion du passage à la TVA.

  • de g-à-d : M. le Directeur des Programmes et des Affaires Financières - Maurice Seigner ; M. le DGT - Marcel Roulet ; M. le Directeur des Affaires Commerciales et Télématiques - Jean-François Arrivet. (M. le Ministre-délégué des PTT - Gérard Longuet étant visiblement parti...)

Photographie PTT - 1er novembre 1987 - Coll. C. R-V.

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  • Nota : M. le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux s'était déjà prononcé pour cette fiscalité de droit commun dès le 20 octobre 1984...

De plus, à cette époque, l'informatisation supprime environ un tiers des postes de travail en back-office. Les personnels ainsi libérés sont affectés aux agences commerciales ou à de nouvelles fonctions (vendeurs) pour commercialiser des abonnements téléphoniques, des terminaux, des accessoires ou des fax. La première vague de libéralisation imposée par la Commission Européenne, celle des services à valeur ajoutée, ne verra jamais de concurrents se déclarer.

  • Le 25 décembre 1987  marque le début de la campagne institutionnelle "La 4ème dimension", prélude au changement de dénomination de l'Administration des Télécommunications en France-Télécom.

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Ci-dessus : le 25 décembre 1987 marque le début de la campagne institutionnelle "La 4ème dimension", avec le ciel pluriel.

Visuel : Opus-Hintzy - pour l'Administration des Télécommunications - Coll. C. R-V.

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En 1988, la Direction Générale des Télécommunications se renomme France-Télécom le 1er janvier, mais conserve juridiquement son statut d'administration centrale. Tel que présenté, il s'agit alors de la création d'une marque à vocation uniquement commerciale. 

  • FRANCE TELECOM devient en fait le nom de marque de la Direction Générale des Télécommunications. 
  • D’ailleurs, les documents officiels à destination du public précisent bien désormais que : « FRANCE TELECOM désigne l’Administration des Télécommunications » et ce, jusqu’au mois de Décembre 1990 inclus.
  • Le premier document réglementaire paru au Bulletin Officiel PTT citant nommément FRANCE TELECOM est une instruction du 14 janvier 1988 (Doc. 19T2) relative à l'exploitation télégraphique du régime intérieur.

Un plan média national est alors massivement déployé dans tout le pays basé sur des affiches, des articles de presse, des visuels TV et des accroches radiodiffusées basés sur un leitmotiv très osé intitulé : « Entrez dans la 4e dimension.», ou encore : « La 4e dimension, vivez tout l'espace en même temps. »

  • Le 1er janvier 1988, de 16H30 à 19H00, FRANCE TELECOM se paye le luxe d'une émission télévisuelle diffusée sur TF1, intitulée : Igor, Ahmed, Mary et les autres.
  • Un grand show culturel entièrement consacré à FRANCE TELECOM, présenté par M. Bernard Kouchner et Mme Christine Ockrent, où sont présentées les dernières prouesses techniques en matière de télécommunications organisées par l'Administration des Télécommunications, dont : 
    • donner la parole en direct à des jeunes de 9 pays différents de tous les continents qui pourront se parler entre-eux.
    • organiser un concert musical éclaté et simultané entre 4 villes différentes sur 4 continents différents.
    • établir un tour du monde pour une carte de vœux émise par de nombreux chefs d'état en moins de deux heures, via télécopie.
    • En résumé, une manière d'abolir le temps et les distances...

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Ci-dessus : campagne institutionnelle France Télécom 1988 - La 4ème Dimension - Visuel Paris-New-York -

Photographie Opus & Hintzy - Coll. C. R-V.

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Le logo de l’identité visuelle apparaît dès février-mars 1988, toujours bleu, avec un clavier téléphonique, et avec « FRANCE TELECOM » écrit en majuscules d’imprimerie. 

  • Le coût de ce changement est de 35 millions de francs qui se détaille comme suit : 
    • 25 millions de francs prévisionnels pour la campagne médias proprement dite,
    • 8 millions de francs au titre d'actions de mécénat associées à cette campagne,
    • 2 millions de francs de dépassement budgétaire publicitaire dès la mi-janvier 1988.

Puis, en Mai 1988, les Agences Commerciales des Télécommunications sont renommées Agences Commerciales.

Slogan du moment : « France-Télécom, un avenir d'avance».

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Après la réélection de M. François Mitterrand à la Présidence de la République, la première cohabitation prend fin. M. Paul Quilès est alors nommé le 13 mai 1988 Ministre des Postes, des Télécommunications et de l'Espace. Il s'adresse aux agents des PTT par un courrier en date du 18 mai 1988, qui se veut, lui aussi, rassurant...

À partir du 15 mai 1988, tous les payements par chèques à l'Administration des Télécommunications doivent désormais être libellés à l'ordre de France-Télécom. 

  • But affiché : renforcer l'identité de la marque France-Télécom.

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Ci-dessus : vue du stand France-Télécom présent aux Internationaux de France de Tennis Roland-Garros du 23 mai au 5 juin 1988. 

  • Il s'agit là du premier événement d'envergure internationale auquel France-Télécom participe et en profite pour affirmer son identité naissante.

Photographie PTT - Mai 1988 - Coll. C. R-V.

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En 1989, après la réélection de M. le Président de la République - François Mitterrand marquant la fin de la cohabitation, M. le Ministre des Postes, des Télécommunications et de l'Espace - Paul Quilès lance le Débat Public sur la réforme des PTT, qui préfigure la Réforme des PTT de 1990. Huit mille (8.000) réunions sont organisées dans tous les services des PTT entre les agents et les supérieurs hiérarchiques. Plus d'une centaine auditions publiques. 7 colloques se tiennent à travers la France. Des projections de débats par le réseau interne des VIF sont diffusées dans plusieurs dizaines de centres. 10 millions de questionnaires sont diffusés au grand public dans les bureaux de postes et dans les agences commerciales France-Télécom, d'où l'institut de sondage SOFRES tire une étude d'opinion.

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Ci-dessus : M. le Ministre des PTE - Paul Quilès, au bureau de Poste de Paris-Austerlitz, venu expliquer la réforme au personnel.

Photographie X - Archives CGT Centre Téléphonique Paris-Nord. 

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Le 19 mai 1989, il est créé, en remplacement de la Mission à la Réglementation Générale, une Direction de la Réglementation Générale, par le décret n°89-327 signé par M. le Premier Ministre - Michel Rocard.

À la date du 5 juin 1989, les Agences Commerciales France-Télécom adoptent officiellement une nouvelle image extérieure, en y intégrant le nouveau logotype apparu en février-mars 1988. La société Design et Stratégie a été retenue pour cette opération.

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Ci-dessus : Agence Commerciale France-Télécom de Créteil (94) dans sa nouvelle apparence.

Photographie FT - 1989 - Coll. C. R-V.

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En 1990, le 27 juin à 22H00, le projet de loi dit de « Réforme des PTT » est voté à l'Assemblée Nationale en troisième et dernière lecture. 

  • 285 voix Pour (groupe socialiste PS), 
  • 262 Abstentions (groupes  droite et centre droit UDC, UDF, RPR ),
  • 30 voix Contre (groupe communiste PCF).

La loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à l'organisation du service public de la poste et des télécommunications qui réforme l'administration en profondeur est promulguée. 

Le Premier Ministre de l'époque, M. Michel Rocard déclarera même « La réforme des PTT est passée comme une lettre à la poste ».

Dans le même intervalle, à partir de Février 1990, débute dans l'Administration des Postes et Télécommunications la négociation devant mener à la mise en application de la réforme concernant la rénovation de la grille des classifications et des rémunérations des trois fonctions publiques mise en place par M. le Ministre d'État, Ministre de la Fonction Publique et des Réformes Administratives - Michel Durafour, décidée depuis le 13 octobre 1989.

La Réforme Durafour aboutit à la fusion de certains grades entre eux et accomplit de fait une première simplification du millefeuille administratif de grades et de corps de fonctionnaires différents préexistant aux PTT, en toilettant les textes réglementaires datant pour la plupart des années 1945 à 1975, en fusionnant dans les mêmes corps de métier certains grades (comme, par exemple par le décret n° 91-105 du 25 janvier 1991, les vérificateurs et les réviseurs des travaux des bâtiments des PTT qui deviennent Réviseurs des travaux des bâtiments de France-Télécom), élimine les grades constatés éteints et accorde au passage quelques augmentations indiciaires de traitement à certaines catégories de personnels. (voir décrets n°90-1225, 90-1227, 90-1228, 90-1229, 90-1230, 90-1231, 90-1233, 90-1234, 90-1236, 90-1237,90-1238, 90-1239, 91-11, 91-12, 91-13, 91-58, 91-70, 91-99, 91-101, 91-103, 91-105.)

  • Tableau des grades de l'Administration des Télécommunications d'avant la réforme de Reclassement (en 1986)
  • Tous les personnels sont automatiquement reclassés dans leurs nouveaux grades et/ou leur nouvelle situation administrative conformément aux nouveaux décrets.
  • Les fonctionnaires des Postes et Télécommunications deviennent, à la suite de l'adoption de la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 et par le biais de ces nouveaux décrets du 31 décembre 1990 et de Janvier 1991 issus de la Réforme Durafour, des fonctionnaires de France-Télécom. (France-Télécom demeurant jusqu'au 31 décembre 1990 une administration centrale de l'État)
  • Ces fonctionnaires de France-Télécom sont dits « Reclassés ».
  • Les concours de recrutements externes organisés sur ces nouveaux grades de Reclassement mis en place à partir de 1991 ont été organisés en 1991 & 1992 et ont vu leurs derniers lauréats appelés tardivement à l'activité en 1994 et 1995.

Le 9 juillet 1990, un accord sur le cadre général de la réforme des classifications du personnel des PTT est signé entre MM. le Ministre des PTE - Paul Quilès, le Directeur Général de France-Télécom - Marcel Roulet, le Directeur Général de la Poste et des syndicats de personnels. Cet accord préfigure de nouveaux changements dans la gestion de carrière des personnels de France-Télécom et la liquidation de l'Administration des Postes et Télécommunications.

1990EquipeDeLaReformeDesPTT

Ci-dessus : l'équipe signataire... (Photographie Revue Message)

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En 1991, le 1er janvier, conformément à la loi n°90-568 au 2 juillet 1990, l'Administration des Postes et Télécommunications est liquidée.

Ses biens et personnels sont séparés et répartis en deux entités principales distinctes : La Poste d'un côté et France-Télécom, tous deux Exploitants Autonomes de Droit Public, structure juridique novatrice qui permet d’employer et de recruter des fonctionnaires, recrutements qui auraient été impossibles sous la forme d’un Établissement Public Industriel et Commercial.

La loi de finances n°90-1168 supprime au 1er janvier 1991 l'existence du Budget Annexe de l'Administration des Postes et Télécommunications.

À la suite de l'entrée en vigueur de la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990, les fonctionnaires de l'Administration des Postes et Télécommunications branche France-Télécom sont rattachés à l'Exploitant Autonome de Droit Public France-Télécom nouvellement créé.

Les véhicules de France-Télécom, ne font depuis lors plus partie des parcs automobiles des administrations publiques civiles (qui étaient immatriculés par une suite de 5 chiffres suivie de 2 lettres dont la première était la lettre D) et sont à cette date réimmatriculés dans la série normale du Fichier National des Immatriculations en vigueur entre 1950 et actuellement placé en extinction progressive depuis le 15 avril 2009.

À noter que France-Télécom n'est pas pourvue de capital social ; toutefois, l'Exploitant Autonome de Droit Public France-Télécom est immatriculé au Registre du Commerce des Sociétés le 17 janvier 1991, sous le numéro RCS Paris B 380 129 866. Voir Bulletin Bleu IDF du 12 février 1991.

À partir de cette année, les prix de vente des terminaux téléphoniques agréés ou de leur location-entretien cessent d’être fixés par arrêté ministériel.

Le matériel et les terminaux de télécommunications en location-entretien fabriqués pour France-Télécom depuis cette année ne sont plus estampillés PTT Propriété de l'État, mais désormais Propriété de France-Télécom.

Le 12 août 1991 voit également l’adoption des procédures d’assurance qualité (via audits) dans les marchés d’équipements techniques à France-Télécom.

Le 4 novembre 1991, est signée entre La Poste, France-Télécom et certains syndicats une Convention Commune La Poste - France-Télécom concernant les dispositions applicables aux salariés de droit privé des deux Exploitants Autonomes de Droit Public.

Le 5 novembre 1991, est signé le premier Contrat de Plan liant France-Télécom à l’État pour la période 1991-1994, dans le cadre du nouveau statut de l'opérateur.

En 1992, France-Télécom doit ensuite mener une nouvelle adaptation (commencée le 9 juillet 1990) via un second reclassement des personnels fonctionnaires afin de diminuer le nombre de grades dans les différents corps.

La Réforme du Reclassement consiste à nouveau à fusionner certains grades entre eux, revaloriser certains échelons et à accorder un gain d'ancienneté dans certains échelons de certains grades sont décidées par le gouvernement. Elles entraînent une légère augmentation de traitement de certaines catégories de fonctionnaires de France-Télécom, d'environ 450 francs mensuels en moyenne, mais dans certains corps ce ne sont pas toujours les grades les plus bas qui disparaissent et qui sont fusionnés vers le haut, mais l’inverse : par exemple disparition du grade d'Inspecteur Central, pour le grade subalterne d'Inspecteur, ou alors celui de Chef de section, pour le grade subalterne de Contrôleur.

  • Dès le 1er trimestre 1991, il est procédé par les Directions Régionales de France-Télécom à l'Identification des Fonctions, qui consiste en un recensement local de la liste des fonctions exercées à France-Télécom.
  • Dès le 4ème trimestre 1991, il est procédé par les Directions Régionales de France-Télécom à la Description des Fonctions, qui consiste en une description des différents postes occupés à France-Télécom, puis en leur harmonisation par des groupes de travail coordonnés par la Direction Générale de France-Télécom.
  • Dès le 1er trimestre 1992, il est procédé par la Direction Générale de France Télécom à l'Évaluation des Fonctions, consistant en une définition normée des fonctions.
  • À la date rétroactive du 1er juillet 1992, tous les fonctionnaires de France-Télécom concernés, conformément aux décrets du 7 septembre 1992 et au décret du 2 octobre 1992 sont, une seconde fois, automatiquement reclassés dans leur nouvelle situation. (voir décrets n°92-924, 92-925, 92-926, 92-927, 92-928, 92-929, 92-930, 92-931, 92-932, 92-933, 92-934, 92-936, 92-937, 92-938, 92-939, 92-940, 92-941, 92-942 et décret n°92-1105).
  • Cette amplification de la Réforme Durafour de 1990 a été seulement appliquée aux seuls fonctionnaires de France-Télécom et de La Poste, seules catégories de fonctionnaires de l'État qui seront dès 1993 concernées par la troisième réforme à venir, celle des Reclassifications.
  • Cette amélioration en 1992 devant participer à l'acceptation de la réforme future de 1993 voulue au plus haut niveau de France-Télécom et de l'État, ayant pour objectif de remplacer les 700 grades de fonctionnaires issus de l'Administration des Postes et Télécommunications, par seulement 15 grades répartis en 4 classes.
  • Son but ultime était de supprimer l'appartenance aux anciens corps de fonctionnaires des PTT qui étaient très spécialisés par type de domaines et de métiers ce qui entravait fortement l'employeur et les fonctionnaires à tout changement de métiers ; métiers qui étaient alors en grande mutation, avec notamment de gros besoins en commerciaux, au détriment de la baisse des besoins dans le secteur technique.

Le décret n°92-382 du 30 mars 1992 modifie le code des postes et télécommunications en abrogeant les décrets fixant les prix du service des postes et télécommunications dans le régime intérieur. À compter de cette date, l'État n'est désormais plus responsable de la fixation des tarifs téléphoniques.

En outre, l’accord social du 24 juin 1992 instaure dans France-Télécom un Plan d’Épargne Entreprise et crée la Prime d'Intéressement à France-Télécom que les fonctionnaires peuvent aussi percevoir.

1992JeuxOlympiquesAlbertvillleFT

Ci-dessus : en 1991 et 1992, France-Télécom renforce sa notoriété de marque à l'occasion des Jeux Olympiques d'Albertville qui se déroulent en Savoie du 8 au 23 février 1992. 

  • France Télécom est l'opérateur officiel des télécommunications des J.O Albertville-92.

Photographie FT - 1991 - Coll. C. R-V.

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En 1993, le 1er janvier voit le changement d’identité visuelle de la marque France-Télécom qui conserve sa couleur bleue, qui est désormais écrite en minuscules d’imprimerie, sans accents pour marquer la dimension internationale, et avec un clavier téléphonique stylisé en losange, placé au centre du monde en mouvement. Le monde est symbolisé par deux arcs de cercle dont le mouvement assure la dynamique. (Le changement d'identité visuelle avait été au préalable présenté le 3 décembre 1992 sur France 3).

P08.Logo1993

Au 1er janvier 1993, est mise en place l'Évolution de l'Organisation 1ère phase (EO1) qui change l'organisation de France-Télécom qui avait été mise en place du temps de l'Administration des Télécommunications le 14 juin 1973.  

  • - Les Directions Régionales (DR) composées d'une seule Direction Opérationnelle (DO) sont fusionnées. (Fusion DR-DO) (Relevé de décision 2/P du 23 juillet 1992)
  • - Les Directions Régionales (DR) composées de plusieurs Directions Opérationnelles sont supprimées. (Tel est le cas de l'emblématique DRIF, Direction Régionale d'Île-de-France, elle même créée au 1er janvier 1988 à partir de l'ancienne Direction des Télécommunications d'Île-de-France.) (Relevé de décision 2/P du 23 juillet 1992)
  • - Les Directions Opérationnelles (DO) orphelines sont érigées en nouvelles Directions Régionales (DR). (Relevé de décision 2/P du 23 juillet 1992). Au final, seront restructurées par fusion ou créées un total de 48 Directions Régionales en métropole et 2 Directions Régionales en Outre-mer.
  • - Sont créées pour la France 5 postes de Directeurs Exécutifs Délégués (DED) où chaque Direction Régionale est rattachée directement à un DED (Relevé de décision 3/P du 23 juillet 1992)
    • Île-de-France : M. Yves Fargette (Officier dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur - décret du 13 juillet 1984 ; Commandeur dans l'Ordre National du Mérite - décret du 9 mai 1988)
    • Nord & Est : M. Jacques Hardange  (Officier dans l'Ordre National du Mérite - décret du 3 avril 1987)
    • Ouest : M. Pierre Fortin (Chevalier dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur - décret du 17 avril 1981 ; Officier dans l'Ordre National du Mérite - décret du 23 décembre 1989),
    • Sud-Est : M. Jean Arnould (Chevalier dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur - décret du 17 avril 1992 ; Officier dans l'Ordre National du Mérite - décret du 7 août 1985),
    • Sud-Ouest : M. Maurice Gaucherand (Chevalier dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur - décret du 13 juillet 1982 ; Chevalier dans l'Ordre National du Mérite - décret du 2 juillet 1974).
  • - 12 Organismes Nationaux de Soutien (ONS) sont créés (Relevé de décision 4/P du 23 juillet 1992).
  • - 18 Services Nationaux sont créés (Relevé de décision 4/P du 23 juillet 1992). Ces organismes et ces services internes sont chargés de dispenser des prestations disponibles aux entités opérationnelles de France-Télécom sous forme de catalogues.
  • - Les transferts d'effectifs vers les ONS et les SN débutent en Novembre 1992.

À la suite de la signature le 9 juillet 1990 de l'accord social sur le cadre général de la réforme des classifications du personnel des PTT, débute la réforme des grades, dite Réforme des Classifications, encore nommée : « Reclassification » qui prend toute son ampleur en 1993. 

  • Le Comité Technique Paritaire réuni en séance le 21 décembre 1990 pendant plus de 13 heures se prononce pour la réforme des classifications, moyennant 70 amendements présentés par les 4 fédérations syndicales représentatives (CGT, CFDT, FO, CFTC).
  • Le 11 juillet 1991, la phase d'identification des fonctions est achevée. Elles sont au nombre de 209 aux Postes et aux Télécommunications.

La Réforme des Reclassifications concerne aussi bien la Poste que France-Télécom. Les fonctionnaires de la Poste et de France-Télécom ont le choix d’intégrer cette Reclassification ou de refuser et de conserver leur grade de Reclassement, par le biais d’un questionnaire où ils ont la possibilité de cocher l’une des deux cases possibles.

À noter qu’à la Poste, les fonctionnaires qui ne renvoient pas le formulaire de choix demeurent dans leur situation antérieure, c'est-à-dire dans le Reclassement ; tandis qu'à France-Télécom l’inverse s’applique : les fonctionnaires qui ne renvoient pas leur formulaire de choix sont automatiquement basculés dans la Reclassification et ce sans que leur avis ait été formellement recueilli. De surcroît, les fonctionnaires qui choisissent par écrit de conserver leur grade de Reclassement se voient relancés régulièrement au moyen de nouveaux formulaires.

Les nouveaux grades de la Reclassification sont progressivement déployés à partir du printemps 1993 pour les cadres supérieurs et les cadres pour se poursuivre à partir de Février 1994 avec les collaborateurs et les agents jusqu'en Décembre 1994, et ce à partir de l'adoption d'une série de décrets des 25 et 26 mars 1993 qui suppriment de manière irréversible tout lien d'avec les anciens grades issus de l'Administration des PTT pour ceux qui les intègrent. (voir décrets n°93-511, 93-512, 93-514, 93-515, 93-516, 93-517, 93-518, 93-519, 93-706).

En revanche, il est à noter que concernant les hauts fonctionnaires, qui ont les premiers initié la réforme des Reclassifications, le lien avec leurs anciens grades issus des PTT n'est pas brisé : l'arrêté du 27 mars 1993 fixant l'échelonnement indiciaire des échelons des emplois supérieurs de La Poste et des emplois supérieurs de France-Télécom affectés d'indices hors échelles ne fait que modifier en ce qui concerne ces hauts fonctionnaires (au lieu de les en exclure) l'arrêté précédent du 29 août 1957 relatif aux emplois supérieurs de l'État classés hors échelles qui avait été publié au Journal Officiel le 30 août 1957.

De surcroît, alors que l'arrêté du 29 août 1957 est publié au Journal Officiel, le nouvel arrêté du 27 mars 1993 précité n'a jamais été publié au Journal Officiel, étant donné que son article 2 stipule : « Le présent arrêté prend effet au 1er janvier 1993 et ne sera pas publié au Journal Officiel de la République Française ».

Les anciens grades de Reclassement, directement dérivés des grades des PTT sont convertis en quatre classes et trois niveaux dans chaque classe (ce qui revient à un total de 11 nouveaux grades propres à La Poste et à France-Télécom : les agents I.1, I.2, I.3 ; les collaborateurs & agents de maîtrise : 2.1, 2.2 & 2.3 ; les cadres 3.1, 3.2, 3.3 ; les cadres supérieurs : 4.1 et 4.2) ; (hormis les statuts de fonction, emplois supérieurs comptant 4 grades : 4.3, 4.4, 4.5 et 4.6 qui conservent, eux seuls, leur ancien statut interministériel).

  • Une fois le fonctionnaire de France-Télécom qui a choisi par écrit de basculer (ou qui n’a renvoyé aucune réponse au questionnaire reçu dans les trois mois) dans son nouveau grade de Reclassification, celui-ci n'est plus relié à un corps de métier particulier et fait d'importance capitale au niveau de la gestion des ressources humaines, peut être très facilement muté vers un nouveau domaine métier, avec ou sans son accord au gré des évolutions de métiers, des ouvertures ou des fermetures de services.
  • Ces fonctionnaires de France-Télécom sont dits « Reclassifiés ».
  • Des concours de recrutements externes déconcentrés par Directions Régionales ont été organisés en 1993, 1994, 1995 et 1996, où les lauréats étaient reçus sur ces nouveaux grades de Reclassifications uniquement.
  • Les fonctionnaires de France-Télécom reclassifiés constituent alors plus de 90% des fonctionnaires en activité dans Orange.
  • Les 140.000 effectifs en 1993 sont essentiellement des fonctionnaires français.

o Si un fonctionnaire Reclassé sur ces anciens grades de 1990-91 se présentait à une promotion et se voyait promu, il était automatiquement basculé dans le nouveau système de grades issu des Reclassifications de 1993, et ce jusqu'en 2004.

o Après plusieurs centaines de recours auprès du Tribunal Administratif, la publication du décret n° 2004-1300 du 26 novembre 2004 autorise à nouveau ces fonctionnaires reclassés dans les anciens grades et obtenant une promotion, d'être versés à leur choix, soit dans le nouveau système de grades issu des Reclassifications, soit de demeurer dans l'ancien système de grade de Reclassement. Cette initiative de l'État, bien que tardive, a permis d'apaiser le climat social des fonctionnaires de France-Télécom positionnés sur ces anciens grades de Reclassement et qui souhaitent demeurer dans ces corps.

Au mois de Mai 1993, les Agences Commerciales sont renommées Agences France Télécom.

La Décision n°8 du 15 avril 1993 entraîne ce même jour l'entrée en vigueur de l'accord d'Intéressement aux résultats de l'entreprise, entraînant ainsi le 20 mai 1993, le versement aux salariés et aux fonctionnaires de France-Télécom, pour la première fois, de l'Intéressement (de l’exercice 1992), suite à la signature de l’accord social du 24 juin 1992.

En 1994, dès le 1er janvier, France Télécom, exploitant autonome de droit public, se voit désormais soumis à l'impôt sur les sociétés, comme s'il s'agissait d'une Société Anonyme, ainsi qu'aux Impôts Locaux. 

  • En revanche, France Télécom est désormais affranchie de tout prélèvement forfairaire de l'État tel qu'il en était d'usage jusques alors. 
  • L'ultime prélèvement discrétionnaire fut prélevé au titre de l'année 1993 pour un montant de 15,2 milliards de francs.

Instauration du Bonus Variable par Décision n°12 du 24 février 1994 de M. le Directeur Général - Charles Rozmaryn ; Bonus Variable visant à rétribuer les performances des cadres de France-Télécom, avec effet rétroactif au 1er janvier 1993.

Instauration du Complément France-Télécom par Décision n°13 du 24 février 1994 de M. le Directeur Général - Charles Rozmaryn ; il s'agit d'un complément au traitement des agents fonctionnaires qui refond le régime indemnitaire en vigueur de 26 primes différentes liées au grade, à l'affection, à la fonction. L'effet est rétroactif au 1er janvier 1993 pour les personnels déjà reclassifiés ou à la date de reclassification à venir.

  • Nota : les agents fonctionnaires reclassés (n'ayant donc pas opté pour la reclassification) ainsi que les personnels contractuels de droit public ne sont alors pas concernés par la mesure. Mais le Complément France-Télécom sera généralisé à ces personnels à la date du 1er janvier 1995.

Ouverture du Débat pour l'avenir du Groupe : M. le Président de France-Télécom - Marcel Roulet, est chargé dès Novembre 1993 par le Ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Commerce Extérieur - Gérard Longuet, d'organiser un nouveau « Débat pour l’avenir du Groupe ». En effet, France-Télécom, exploitant autonome de droit public depuis 1991 est dépourvu de capital social, ce qui le contraint à devoir payer au comptant chaque participation qu'il acquiert ; au contraire d'une Société Anonyme qui peut facilement procéder à l'échange d'actions. Le fait de ne point être doté de capital social entrave le développement de France-Télécom, notamment à l'international. Une évolution du statut de l'Exploitant semble désormais inéluctable pour les politiques et la Direction Générale de France-Télécom.

Huit émissions TV internes (Les Dossiers du Mardi) sont diffusées, animées d'ailleurs par le journaliste du Soir 3 - FR3, M. Jean-Jacques Peyraud, dont celle du mercredi 6 juillet 1994, au CNIT-La Défense, en présence de M. le Président de France-Télécom ; des débats internes sont organisés durant toute l'année 1994, dont 112 réunions à destination des cadres.

  • 1994.07.06DebatDuMardiNo8Num023
  • 1994.07.06DebatDuMardiNo8Num031

Ci-dessus, de g-à-d, 1er plan : M. le Directeur Général de France-Télécom - Charles Rozmaryn, M. le journaliste Jean-Jacques Peyraud (avec une superbe veste aux couleurs postales) et M. le Président de France-Télécom - Marcel Roulet.

  • en 2ème plan, les cadres dynamiques... dont M. le chargé de mission - Nicolas Dufourcq.

Photographies FT - 6 juillet 1994 - Coll. Orange DANP.

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Dans le même laps de temps, en Février 1994, pour se préparer à la libéralisation totale du secteur des télécommunications devant intervenir le 1er janvier 1998, est lancé en interne à France-Télécom le plan CAP98 (Client-Adaptation-Performance) visant notamment à faire évoluer les processus en efficacité et en rapidité, ainsi que les mentalités en interne, dans le but d'améliorer la réactivité de l'Exploitant.

M. le Ministre du moment chargé des Télécommunications - Gérard Longuet, se déclare pour l'ouverture de France Télécom aux capitaux privés, lors du colloque qui se tient au Sénat sur l'avenir des télécommunications française qui se tient le 9 juin 1994.

Le rapport de synthèse sur l'avenir du groupe signé par M. Marcel Roulet le 1er août 1994 est rendu public le 8 décembre 1994. Il conclut à la nécessité d'un changement statutaire de l'Exploitant Autonome de Droit Public France-Télécom, tout en préconisant une méthode douce. 

D'ailleurs, M. le Ministre du moment chargé des Télécommunications - José Rossi, écrit à M. le Président de France-Télécom le 27 décembre 1994 une très élogieuse lettre à l'endroit des agents de France-Télécom, et y évoque même le futur Contrat de Plan 1995-1997, sujet apaisant s'il en est...

En 1995, au mois de janvier, une nouvelle réorganisation décidée le 21 décembre 1994 par le Conseil d'Administration, dénommée EO2 pour Évolution de l'Organisation 2eme phase, restructure l'entreprise selon trois marchés (résidentiel, professionnel et entreprise) pour faire face aux besoins croissants des différents clients et à l'arrivée de la concurrence (SFR). La Branche Entreprise est réellement créée en Janvier 1996. En 2000, le marché « professionnel », créé en 1995, est supprimé et les clients reversés essentiellement dans le marché résidentiel. L'organisation est désormais conçue autour des usages des clients et non plus des produits. Les personnels sont donc réaffectés avec changement de métier.

Le 15 avril 1995, est signé entre l’État et France-Télécom l'ultime Contrat de Plan qui couvrira la période de 1995 jusqu'au 1er janvier 1998, date à laquelle la libéralisation totale du secteur des télécommunications entrera en vigueur en France.

Le 1er septembre 1995, M. le Président de France-Télécom - Marcel Roulet est brutalement remercié par décret, alors qu'il avait été reconduit dans ses fonctions le 12 juillet 1995 par le même gouvernement. Le jour même de son départ, M. Marcel Roulet laisse un message au personnel.

Après une période de flottements et d'une nomination-démission exprès de M. François Henrot le 8 septembre 1995, M. Michel Bon est nommé Président de France-Télécom, en remplacement de M. Marcel Roulet le 13 septembre 1995.

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Ci-dessus : passation de pouvoirs à la Présidence - Place d'Alleray.

  • de M. Marcel Roulet - grand commis de l'État, à M. Michel Bon -> d'un monde à un autre...

Photographie FT - 13 septembre 1995 - Coll. Orange DANP.

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Ci-dessus : en exemple, le Réseau d'Exploitation de la DR Paris-Sud en 1995.

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En 1996, au 1er février, est créée la Branche Entreprise qui regroupe l'ensemble des services nécessaires aux 21.000 plus grandes sociétés en France. Son effectif initial est de 15.000 personnes et réalisera un chiffre d'affaires de 40 milliards de francs la première année de sa création.

Le 15 mars 1996, M. le Premier Ministre de la République Française - Alain Juppé écrit un courrier officiel à M. le Président de France-Télécom - Michel Bon, dans lequel il déclare au paragraphe 2°) au nom de la fonction qu'il rend : «France Télécom restera une entreprise publique, sous forme de société détenue majoritairement par l'État».

Sur ce, dès le 20 mars 1996, M. le Président de France-Télécom - Michel Bon s'empresse d'adresser un courrier au personnel fonctionnaire de France-Télécom avec lequel il transmet copie du courrier du 15 mars du Premier Ministre qui nous : «apporte l'engagement solennel de l'État que vous attendiez.»

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Le 2 mai 1996, France Télécom lance son offre complète d'accès à Internet dénommée Wanadoo. (55 francs pour 3h/mois ; 110 francs pour 15h/mois - Accès via le RTC).

1998.03InternetFranceTelecom

Ci-dessus : grande campagne d'information nationale Internet c'est @ vous dans toute la France. 

Photographie FT - Mars-Avril 1998 - Coll. C. R-V.

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Au 1er septembre 1996, l'organisation mise en place en 1972 par M. le Directeur Général des Télécommunications - Louis-Joseph Libois puis généralisée en 1975 par son successeur M. Gérard Théry pour répondre au plan de rattrapage du retard téléphonique en France (le Delta LP) vole en éclats. Notamment les CPE, CCL et ACTEL sont dissous et leurs personnels sont répartis suivant leur activité principale en de nouvelles entités techniques de taille régionale. 

Ces entités, toujours en vigueur actuellement pour la plupart, ont pour dénomination officielle : Unité

  • Les techniciens des liaisons spécialisées et des transmissions provenant des CPE sont réaffectés dans des Unités d'Intervention Entreprise ou dans des Unités d'Intervention Affaires. 
  • Les agents des constructions des lignes des CCL sont réaffectés dans les nouvelles Unités d'Infrastructure Réseau. 
  • Les techniciens de commutation affectés jusqu'alors dans les CPE sont réaffectés dans les Unités d'Exploitation Réseau. 
  • Les agents des répartiteurs, les agents des lignes et les agents de la publiphonie des CPE sont curieusement réaffectés dans des Agences Résidentielles dans le domaine commercial (anomalie qui prendra fin le 1er mars 2000 avec leur rattachement dans les Unités d’Intervention).
  • Les personnels du back-office (travaillant sur plateformes téléphoniques en général) sont répartis suivant leur degré d'implication technique et/ou commerciale et leur spécialité dans les Unités nouvellement créées qui peuvent être celles citées en exemple dans cet article comme dans d'autres non citées ici.
  •  Les agences commerciales sont réorganisées doublement sous l'angle géographique (doublement de la zone couverte) que du type de marché traité. Ainsi naissent à partir des anciennes ACTEL d'un côté des Agences France-Télécom Résidentielles et Professionnelles ; et de l'autre des Agences France-Télécom Entreprise.

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Dans la foulée, le réseau téléphonique étant arrivé à maturité, le PDG de l'époque, M. Michel Bon, lance le plan baptisé : Delta Minutes, plan visant alors à mobiliser tous les acteurs de l'entreprise pour mener à un accroissement de la durée de chaque communication téléphonique, afin d'augmenter le chiffre d'affaires global et les marges bénéficiaires.

Nouvelle politique mise en place d'une part parce que le parc de lignes téléphoniques fixes était parvenu à son plus haut si bien qu'il ne pouvait plus s'accroître par rapport à la population française, tout en contrevenant totalement avec la politique précédente qui préexistait tant que dura la pénurie dans les installations de commutation, époque où l'Administration des PTT encourageait alors les usagers à n'utiliser le téléphone que pour les appels importants et sérieux, tout en demandant à ces mêmes usagers de se montrer les plus brefs possibles, afin de libérer au plus vite les circuits téléphoniques commutés pour les autres usagers qui attendaient la tonalité et la libération des circuits d'acheminement urbains et surtout interurbains...

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Il est instauré à partir de la promulgation de la loi n° 96-660 du 26 juillet 1996, un Congé de Fin de Carrière, une sorte de préretraite, réservé aux fonctionnaires de France-Télécom âgés d'au moins 55 ans, avec départ obligatoire à 60 ans en cas d'entrée dans ce dispositif facultatif avant le 31 décembre 2006, date limite de rigueur. Ce dispositif a permis de diminuer rapidement les effectifs en rajeunissant la moyenne d'âge, par le départ d'une population restée marquée par le démantèlement de l'Administration. En retour, ce dispositif a entraîné une perte des connaissances et d'expériences sur certaines spécialités techniques par les départs massifs qu'il a occasionnés.

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Création par décret n°96-1138 du 23 décembre 1996 de l'Autorité de Régulation des Télécommunications, en tant qu'autorité administrative juridiquement indépendante, comme en témoigne son article 1er qui stipule :"Art. D. 97-4. - L'Autorité de Régulation des Télécommunications adopte son règlement intérieur, qui fixe notamment les modalités de délibération ainsi que les règles de procédure applicables devant elle."

Le leitmotiv publicitaire lancé en Décembre 1996 est alors : « Nous allons vous faire aimer l’an 2000 ».

En 1997, au 1er janvier, l'Exploitant Autonome de Droit Public France-Télécom est transformé en Entreprise Nationale France-Télécom, sous statut juridique de Société Anonyme, par la loi n° 96-660 du 26 juillet 1996.

Le personnel fonctionnaire conserve son statut à titre individuel dont le droit à avancement et promotion, mais les recrutements par concours externes cessent définitivement, alors que l'article 5 de la loi n° 96-660 du 26 juillet 1996 autorisait à titre transitoire le recrutement externes de fonctionnaires jusques au 1er janvier 2002... Promesse pourtant légale qui ne fut en fait jamais mise en application...

Le 9 janvier 1997, un accord social qui accompagne la transition de France-Télécom vers le statut de Société Anonyme est signé entre la Direction et certaines Organisations Syndicales...

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Ci-dessus : signature de l'Accord Social FTSA le 9 janvier 1997 entre la Direction et certaines Organisations Syndicales, avec cette question capitale : « C’est où qu’on signe ? ».

Photographie France-Télécom.

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Le 30 janvier 1997, France-Télécom se dote d'un Intranet accessible à tous les personnels de la S.A. Il est baptisé INTRANOO.

Le 13 janvier 1997, le Gouvernement Juppé autorise, par le décret n°97-13, le transfert au secteur privé d’une participation minoritaire de l’État, du capital de l’entreprise nationale France-Télécom.

Le 18 mars 1997, M. Lionel Jospin déclare au journal Les Échos parlant de France-Télécom : « c'est la seule entreprise que nous renationaliserons ».

Le 19 mars 1997, l'Ouverture du Capital est alors programmée comme suit :

  • À partir du 6 mai 1997, période de réservation pour les particuliers, durant 3 semaines, 
  • Du 27 mai au 4 juin 1997 période de l'Offre à Prix Ferme, 
  • Le 9 juin 1997, première cotation envisagée. 

Mais en raison de la dissolution de l'Assemblée Nationale survenue le 21 avril 1997, le calendrier n'est plus tenable en période électorale. 

Le 22 avril 1997, l'ouverture du Capital de France-Télécom est alors repoussée une première fois, de 4 semaines. Le nouveau calendrier envisagé est :

  • À partir du 5 juin 1997, période de réservation pour les particuliers (Souscription).
  • Du 24 juin au 1er juillet 1997, période de l'Offre à Prix Ferme (Achat).
  • Le 4 juillet 2017, fin de la période de souscription pour le personnel de France-Télécom.
  • Le 7 juillet 1997, première cotation de l'action France-Télécom à Paris et à New-York.


Le 2 juin 1997, suite à la dissolution de l'Assemblée Nationale prononcée par décret du 21 avril 1997 et à la seconde cohabitation qui en découle, le Ministère des Postes et Télécommunications est supprimé. 

  • M. Frank Borotra restera donc l'ultime Ministre des P et T de plein exercice. 
  • En effet, le Gouvernement Jospin ne crée pas cette fonction : cet événement marque donc la fin du Ministère des Postes et Télécommunications en France.

Le 2 juin 1997, l'opération d'Ouverture du Capital de France Télécom est suspendue momentanément par le Gouvernement Jospin.

Le 17 juillet 1997, M. Michel Delebarre est chargé par M. le Premier Ministre - Lionel Jospin d'une mission de concertation dans France-Télécom.

Le 5 septembre 1997, M. Michel Delebarre rend ses conclusions sous forme d'un rapport : il recommande une ouverture du capital n'excédant pas le seuil de 33% du capital.

Le 8 septembre 1997, M. le Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie - Dominique Strauss-Kahn annonce la reprise de l'opération Ouverture du Capital, tout en affirmant que l'État restera, citons : "largement majoritaire".

OuvertureCapital

Le 22 septembre 1997, l'opération d'Ouverture du Capital est lancée. La fourchette de prix de l'action est annoncée.

Du 23 septembre au 6 octobre 1997, période de réservation pour les particuliers (Souscription).

  • Les personnels de France-Télécom peuvent y souscrire à conditions préférentielles, via un réseau d’animateurs volontaires répartis sur 820 antennes de souscription réparties en métropole et en outre-mer.
  • Certains agents iront jusqu'à souscrire à des crédits personnels pour acheter encore plus d'actions... Quitte à s'endetter de manière élevée... Mal leur en cuira.

Du 7 octobre au 14 octobre 1997, période de l'Offre à Prix Ferme (Achat).

Le 17 octobre 2017, fin de la période de souscription pour le personnel de France-Télécom.

Le 20 octobre 1997 est le jour de l’Ouverture du Capital. Une part alors minoritaire du capital par actions de France-Télécom (23%) est ce jour cotée à la bourse de Paris, ainsi qu'à celle de New-York. 

Il est à noter qu’initialement cette opération boursière que le législateur prit soin de ne pas nommer « privatisation » était prévue le 5 mai 1997 par un gouvernement de droite, puis fut repoussée en raison de la dissolution de l’Assemblée Nationale intervenue le 21 avril 1997 et des élections législatives qui suivirent et du changement de majorité qui intervint, puis reprise et exécutée de manière identique par le gouvernement de gauche quelques mois après son retour aux affaires…

3,9 millions de français achètent des actions France-Télécom. Le cours d’introduction de l’action  à 182 francs grimpe dès le premier jour à 215 francs. M. le Président de France-Télécom, Michel Bon déclarera : « Je crois que ce succès d’aujourd’hui c’est au personnel que nous le devons. C’est lui qui a fait que France-Télécom soit si apprécié aujourd’hui ».

Le 19 novembre 1997, il est créé le Club France Télécom, grand public et non élitiste, à destination des actionnaires minoritaires, dont l'adhésion est gratuite.

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Ci-dessus : M. Michel Bon, à Lyon le 24 septembre 1997, en meeting Ouverture du Capital de France Télécom.

Photographie Fayolle/Sipa Press - 24 septembre 1997 - Coll. C. R-V.

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En 1998, au 1er janvier 1998, la loi n° 96-659 du 26 juillet 1996 relative à la réglementation des télécommunications entre en application et produit son principal effet : la libéralisation complète du marché européen des télécommunications, décidée par le Conseil des Ministres Européens le 16 juin 1993, entre alors en vigueur.

  • Se reporter à la page Plan de Numérotage / Étude aux années 1997-98-99 pour le détail d'ouverture des premiers Opérateurs Tiers dans la téléphonie fixe en France.

1998 est également l'année de l'arrivée de l'intranet au sein de l'entreprise, ainsi que l'explosion d'internet, des offres et des opérateurs concurrents dans ce domaine. France-Télécom fonde Wanadoo et rachète plus d'une centaine de sociétés technologiques.

En Mai 1998, versement aux salariés et aux fonctionnaires de France-Télécom, pour la première fois, de la Participation aux résultats de l’entreprise (de l’exercice 1997), suite à la transformation de France-Télécom en société anonyme.

Dans l'année, les Directions Régionales sont fusionnées à partir de 2 à 3 Directions Régionales initiales (par exemple, naît le 20 avril 1998 (DC n°6/98 BGP) la Direction Régionale de Paris, issue de la fusion de la Direction Régionale de Paris Nord avec la Direction Régionale de Paris Sud) et les deux à trois mille personnes en doublon qui y travaillaient avant ces fusions sont reversées dans des Organismes Nationaux de Soutien (ONS). Au début des années 2000, la quasi-totalité de ces ONS est ensuite supprimée.


En 1999, le 5 mai, comme une prémonition et avec 3 années d'avance, le syndicat CGT-FAPT inaugure dans le XVIème arrondissement de Paris, "L'impasse Michel Bon"...

Le 3 novembre 1999, France Télécom commercialise la première offre complète d'accès à Internet par ADSL, la nouvelle technologie haut-débit par le réseau cuivre, développée par le CNET.

  • Première expérimentation technique en France, à Noisy-le-Grand à partir de Septembre 1997 concernant 50 abonnés résidentiels et/ou professionnels (NLG 97), étendue à 500 abonnés à compter de Février 1998 (NLG 98).
  • Homologation de l'offre tarifaire par le Ministère de  l’Économie et des Finances du 12 juillet 1999.

En 2000, le 1er mars, l’identité visuelle est repensée. Le clavier téléphonique disparaît au profit d’un nouveau symbole : l’esperluette (&) ; la couleur bleue, jugée trop institutionnelle depuis la libéralisation totale des télécommunications ainsi que l’ouverture du capital de France-Télécom en S.A est remplacée en presque totalité par les couleurs vermillon et orange. Les Agences France Télécom sont renommées Agences.

  • La devise commerciale du moment est : « Bienvenue dans la vie.com ».

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Le 29 mai 2000, France-Télécom rachète le très dynamique opérateur de téléphonie mobile britannique Orange fondé par l’allemand Mr Hans Snook pour 283 milliards de francs, soit 43,2 milliards d’euros, dans le but d’accélérer son déploiement et sa notoriété à l’international et devient ainsi le second opérateur en téléphonie mobile d’Europe. 

  • La transaction est validée par le Conseil d'Administration de France-Télécom le 22 août 2000. 
  • Ce rachat se traduira dès le 21 juin 2001 par la fusion des marques de téléphonie mobile Itinéris, Ola et Mobicarte sous la seule marque commerciale Orange.

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Le 12 septembre 2000, le décret n° 2000-881 impose le dégroupage de la boucle locale pour le 1er janvier 2001. 

  • Ainsi France-Télécom, opérateur historique, doit-il partager le réseau hérité des PTT, qui fut financé en totalité par les contribuables suivant le principe de l'avance remboursable, avec tous les concurrents qui apparaissent tels des champignons après la pluie. 
  • Les services techniques, les installations techniques ainsi que les immeubles doivent être réorganisés en conséquence dans tout le pays. 
  • Des locaux spéciaux et distincts, réservés aux seuls opérateurs concurrents doivent être aménagés dans les murs mêmes de France-Télécom. 
  • Cet événement est connu sous le nom de « Colocalisation ».

Par arrêté du 12 octobre 2000 (NOR : MEST0011391A), est étendue en France la Convention Collective Nationale des Télécommunications (en élaboration depuis le 2 décembre 1998 et amendée le 18 février 1999 puis signée le 26 avril 2000), qui concerne toutes les entreprises de télécommunications signataires employant des salariés de droit privé, dont France-Télécom et Cégétel membres fondateurs de l'UNETEL (Union Nationale des Entreprises de Télécommunications) depuis le 2 février 1998.

L'année 2000 voit la création des Centres de Service des Ressources Humaines (CSRH) chargés de gérer à distance les dossiers de personnel des agents et salariés, en lieu et place des anciens Bureaux des Ressources Humaines locaux, eux mêmes créés à partir des anciens Bureaux d'Ordre disparus depuis le 1er janvier 1991.

En 2001, le 11 mai, France-Télécom dénonce la Convention Commune La Poste - France-Télécom datant du 4 novembre 1991 qui concerne les salariés de droit privé dans le but d'adhérer à la Convention Collective Nationale des Télécommunications. (Cette convention commune continue toutefois de s'appliquer à La Poste)

Le 21 juin 2011 marque le lancement officiel de la marque commerciale internationale ORANGE, en France. Simplicité, Transparence, Dynamisme, Modernité et Proximité sont la devise de la nouvelle marque. Au départ, il s'agit de fusionner la Radiotéléphonie mobile de France-Télécom sous la marque Orange.

En 2002, le 1er janvier, entre en vigueur la concurrence sur le téléphone local. À cette date, l’ouverture totale à la concurrence de toutes les catégories du trafic téléphonique devient une réalité. Les Zones Locales de Tri (ZLT) créées en 1998 sont abolies, le législateur considérant ce délai suffisant pour ces opérateurs tiers de déployer leurs propres structures.

Puis, suite à l'éclatement de la bulle internet dont l'apogée fut atteint en Mars 2000, France Télécom, surendettée à hauteur de 70 milliards d'euros, ayant perdu de surcroît une vingtaine de milliards d'euros en investissements hasardeux (tel Mobilcom) se retrouve à court de liquidités. La confiance avec les marchés financiers est rompue, le prix de l'action s'effondre en perdant 95% de sa valeur, les banquiers s'affolent ; la crédibilité de l'équipe dirigeante est gravement compromise...

  • Le 5 septembre 2002, au niveau du Ministère de l’Économie, des Finances et de l'Industrie, le principe du remplacement de M. Michel Bon est acté.
  • Le 12 septembre 2002, l’intéressé en est averti de vive voix par le Ministre, qui met sa démission en jeu.
  • Le 30 septembre 2002, le prix de l'action FT atteint un plus bas historique de 6,94 euros, à comparer avec le prix d'introduction en bourse de 27 euros le 20 octobre 1997 et le plus haut historique de 219 euros atteint le 2 mars 2000. La capitalisation boursière, après avoir atteint des sommets inégalés à hauteur de 580 milliards d'euros, s'effondre à 18 milliards d'euros...
  • Le 2 octobre 2002, M. Michel Bon est officiellement remercié par l’État et remplacé lors d'un Conseil d'Administration extraordinaire et rentre dans une période de disgrâce en attendant sa mise à la retraite à l'âge de 60 ans courant 2003 : son adresse d'affectation devient le très-spartiate Centre Téléphonique de Paris-Bassano ; avec pour seules compagnies sa secrétaire ainsi que l'autocommutateur téléphonique MT25 Bassano 2 ET1 (AB23).
  • Le tout parachevé par la condamnation arrêtée par la Cour de Discipline Budgétaire et Financière du 25 juillet 2008 à son adresse.

Pour les personnels de Orange, un récit de souvenirs authentiques de cette période est accessible par le Réseau Social d'Entreprise Plazza :

Le 7 octobre 2002, 20 heures, le tout nouveau Président Directeur Général de France-Télécom fraîchement nommé, M. Thierry Breton, écrit par courriel à tout le personnel en des termes d’une extrême gravité pour exposer la situation de l’entreprise, à propos de : « l’étau financier dans lequel se trouve France-Télécom », suite à l’effondrement de la bulle Internet et de l’endettement abyssal acquis de 75 milliards d’euros, record mondial, semble-t-il. 

Ainsi, France-Télécom S.A se retrouve-t-elle en état virtuel de faillite mais en trompe-l’œil et voici pourquoi :

  • - Il convient de préciser que si France-Télécom n'avait constitué qu'une grande société française lambda parmi tant d'autres, celle-ci eût été immédiatement placée en redressement judiciaire puis liquidée à terme et vendue à la découpe en vente judiciaire par adjudication.
  • - Mais France-Télécom, nonobstant son statut de Société Anonyme, n'est pas une S.A comme les autres, nonobstant les discours propagés çà et là. En effet, FTSA constitue l'héritière de la défunte Administration des Télécommunications, avec son réseau téléphonique massif qui est lui-même constitué par ses réseaux de câbles urbains, interurbains et internationaux ; ses réseaux d'amplification et de transmissions urbains, interurbains et internationaux ; son réseau téléphonique mobile, son réseau de commutation téléphonique urbain, interurbain et international ; le tout construit, entretenu et piloté par ses personnels spécialisés, à l'aide d'outils et d'équipements spécifiques et matériellement inséparables des logiciels implantés dans tous les équipements pour les faire fonctionner.
  • - Ainsi, factuellement, même totalement ruinée, quelle que puisse être la dette colossale de la Société Anonyme France-Télécom accumulée, il est strictement impossible de liquider cette société, car dans un tel cas, la France entière se retrouverait du jour au lendemain sans téléphone ni internet. Paralyser le pays pour une simple affaire boursière et financière est inconcevable, nonobstant toute l'importance qui puisse être officiellement accordée aux instances boursières et bancaires...
  • - En effet, il est à préciser en outre qu'aucun concurrent de France-Télécom ne serait techniquement en mesure de reprendre le trafic téléphonique et internet de France Télécom, ni même de continuer à pouvoir acheminer son propre trafic : en cas d'arrêt total d'activité de France-Télécom, tous les réseaux des autres opérateurs de télécommunications se retrouveraient en quelques secondes en surcharge létale et à leur tour paralysés.

Le 10 octobre 2002, M. le Président de France-Télécom - Thierry Breton lance "l’État des Lieux" - un audit complet de France-Télécom.

Ce très-pénible redressement de France-Télécom prendra lieu dans la douleur via des successions de restructurations continues qui commenceront par le plan Ambition FT 2005 présenté par M. Thierry Breton le 5 décembre 2002 puis de son volet opérationnel, le Programme TOP (Total Operational Performance), lancé le 1er janvier 2003.

  • Plans successifs particulièrement épuisants qui aboutiront 8 longues années plus tard à la signature d’un « Contrat Social » le 21 septembre 2010 afin de repartir sur de bonnes bases de fonctionnement et de comportement via de bonnes pratiques retrouvées en interne.

En 2003, les agences sont divisées en deux spécialités : agences spécialisées dans la vente à distance d'une part et agences spécialisées en vente physique d'autre part. Les tailles géographiques doublent aussi (et le nombre d'agences est divisé par deux).

Le 13 février 2003, la Convention Collective Nationale des Télécommunications, s'appliquant aux salariés de droit privé, entre en vigueur à France-Télécom après signature d'un accord social de transposition.

C’est à partir du 17 février 2003 qu’une succession ininterrompue pendant une grosse année de multiples plans d’économies drastiques seront régulièrement mis en application par la nouvelle équipe (qualifiée ultérieurement dans la presse de « direction commando » dans l’Express du 1er janvier 2004), dans toutes les branches, toutes les entités, toutes les directions et tous les services de France Télécom. 100 chantiers estampillés «Programme TOP» sont ainsi identifiés et engagés à marche forcée, par un Directeur Exécutif de la Division Programme TOP nommé à cet effet, un certain Jean-Paul Cottet.

  • Il est à noter que ces plans d’économies seront entrepris alors que France-Télécom se situe pourtant en termes de performances opérationnelles, selon cette nouvelle Direction qui le déclare officiellement le 17 février 2003 dans la moyenne du secteur après audit généralisé, dans son Communiqué Interne AFT n°1209
    • l’activité opérationnelle de France-Télécom étant alors parfaitement reconnue comme saine, mais les personnels devant finalement payer la facture de la gestion financière et boursière erratique des années 1996-2002.
  • Comment ne pas identifier dès 2003 les germes des suites dramatiques qui ne pouvaient manquer de survenir dans France-Télécom, consistant au final à faire payer à des personnels, qui n’avaient pas démérité dans leurs missions et leurs servitudes (confiées par l’État - État censé les protéger en retour), les conséquences catastrophiques d’une gestion erratique et d’un endettement colossal non pas engendré par une mauvaise organisation de France-Télécom ou une mauvaise volonté de ses agents, mais à cause de pertes essuyées au « casino de la bourse » par une équipe dirigeante qui prétendait pouvoir s’aventurer sans risques dans ce milieu ?

Ainsi, le Programme TOP (Total Operational Performance) est-il lancé à partir du 1er janvier 2003. Il s’agit en résumé de plans de réductions massives d’investissements (ou de retardement, voire parfois de réorientation) à tous les niveaux, dans tous les corps de métiers, dans toutes les directions ; compression des prix d’achats aux équipementiers à la baisse, réduction du nombre de fournisseurs ; restructuration des filiales et des branches, directions et service.

Avec le Programme TOP en DR lancé à la rentrée 2003, la Direction Générale de France Télécom oblige même la mise en concurrence des personnels sur leur productivité personnelle (consistant en un très humiliant affichage public dans chaque service de la Performance Individuelle Comparée (PIC) sous forme de tableaux, où chaque agent a sa courbe, sa couleur etc… Qui aura pour conséquence de générer un très mauvais climat dans les équipes… Et de pousser les agents à moins travailler, étant donné qu’il était exigé que la productivité augmentât chaque mois, mais qu’il fallait d’abord préserver ses propres forces vitales pour tenir un mois de plus, mois après mois, dans une telle situation…)

Parmi ces innombrables plans regroupant cette centaine de chantiers, nous avons pu retrouver trace des programmes TOP ci-dessous (chaque date correspond à chaque communiqué interne AFT mentionnant pour la première fois chaque programme TOP) :

  • 7 mars 2003 : TOP Sourcing,
  • 15 avril 2003 : TOP CAPital EXpenditures et TOP CAPEX Management,
  • 23 avril 2003 : TOP Pro,
  • 25 juin 2003 : TOP Réduction des charges externes dans les URR,
  • 8 juillet 2003 : TOP RD1,
  • 24 juillet 2003 : TOP FDF9,
  • 18 août 2003 : TOP en DR,
  • 6 octobre 2003 : TOP R&O - URS,
  • 23 octobre 2003 : TOP CS1,
  • 24 novembre 2003 : TOP International 9,
  • 11 décembre 2003 : TOP RD3,
  • 23 décembre 2003 : TOP Line, (regroupant 54 chantiers TOP)
  • 20 janvier 2004 : TOP " réduire le coût du service clients en France ",
  • 1er mars 2004 : TOP Communication,
  • 15 mars 2004 : TOP CO2.

En vue du passage du capital détenu par l’État sous la barre des 50%, la loi n°2003-1365 du 31 décembre 2003 procède aux ajustements nécessaires concernant le statut de la société anonyme France-Télécom, les obligations de service public des télécommunications et les conditions d’emploi des fonctionnaires de France-Télécom fixant notamment le maintien des effectifs statutaires de fonctionnaires dans la société anonyme France-Télécom et les attributions ainsi que la répartition du pouvoir de gestion de ces fonctionnaires (nouvel Art. 29-2 de la loi n°90-568 créé)

En 2004, le 1er mars, un symbole excessif semble même atteint avec le plan TOP Communication. En effet, pour tenter de faire quelques économies sur des royalties, la Direction de la Communication cesse de republier en interne la revue de presse quotidienne intégrale des articles de presse/radio/TV traitant de France-Télécom et du secteur ; mais se limite désormais à seulement une sélection réduite de quelques articles, qui de ce fait ne reflète plus fidèlement la réalité… Le Président de France-Télécom - M. Thierry Breton (qui voulait qu'on l'appelât Monsieur le Président) donne alors instruction le 1er avril 2004 de republier l’intégralité de la revue de presse journalière à partir du 2 avril 2004… Tout en donnant instruction de réaliser l’économie budgétaire équivalente sur d’autres postes de dépenses !

Le décret n°2004-738 du 26 juillet 2004 assouplit les conditions de transfert des fonctionnaires de France-Télécom volontaires vers d'autres administrations et ce, jusqu'au 31 décembre 2009.

  • La circulaire d'application du 22 avril 2005 NOR : PRMX0508388C organise la mise en œuvre.

Le 1er septembre 2004, la part de l'État au capital descend sous la barre des 50%. Pour cette raison, le Président de France-Télécom ne peut plus être nommé ou révoqué par décret. Il le sera désormais par délibération du Conseil d'Administration de France-Télécom réuni en assemblée générale.

  • Avant cet événement, le décret n°2004-662 du 6 juillet 2004 entraîne un nouveau changement réglementaire et culturel pour les fonctionnaires de France-Télécom qui se voient désormais juridiquement soumis à une partie du Code du Travail, comme s'ils étaient des salariés de droit privé, en tant que ceci concerne l'élection à venir dès l'année suivante de délégués du personnel qui font leur apparition dans l'entreprise dès le 18 janvier 2005.
  • De plus, le décret n°2004-977 du 17 septembre 2004 portant adaptation et application des articles L. 225-27 à L. 225-34 du code de commerce aux personnels fonctionnaires de France-Télécom assimile désormais les fonctionnaires de France-Télécom à des salariés de droit privé pour ce qui est de l'élection ou de la participation en temps qu'élu au conseil d'administration de France-Télécom.
  • Que ce soit pour les élections des délégués du personnel ou des élus au conseil d'administration de France-Télécom, un collège unique d'électeurs est créé. Il mélange sans distinction les fonctionnaires de France-Télécom, les agents contractuels de droit public et les salariés de droit privé, en s'alignant sur le droit commun.
  • Le décret n°2004-980 du 17 septembre 2004 vient quant à lui poser une limite, qui, bien que reconnaissant l'autorité du Président de France-Télécom en matière de sanction disciplinaire, stipule que seul M. le Ministre chargé des télécommunications a le pouvoir disciplinaire d'infliger à un fonctionnaire de France-Télécom une sanction du quatrième groupe, c'est-à-dire que la société anonyme France-Télécom ne peut pas seule décider de la mise à la retraite d'office ou la révocation d'un fonctionnaire de France-Télécom ; fonctionnaires qui sont des fonctionnaires de l'État.

En Novembre 2004, survient le cas symptomatique et emblématique de Mme la Directrice Régionale Aquitaine - Martine Chopin, qui est brutalement remerciée à la suite de malheureux incidents techniques survenus durant la retransmission dans un salon VIP, d'un match de football PSG-Bordeaux le 13 novembre 2004 via la technologie ADSL MaLigne TV alors balbutiante...

  • Traiter de la sorte une Dame, Ingénieur, agent contractuel de classe exceptionnelle recrutée par l'Administration des Télécommunications en 1972, chargée de l'informatisation des processus d'exploitation des télécommunications, seconde femme nommée dans France Télécom à un poste de haute-direction en tant que Directrice Opérationnelle d'Orléans en 1987, promue Directrice Régionale de Champagne-Ardennes en Octobre 1990 et qui s'était même vue confier par M. le Président de France Télécom - Marcel Roulet en personne, la mission stratégique de mener le Débat sur l'Avenir du Groupe dès Décembre 1993, Directrice du Service National d’Enseignement le 1er janvier 1995, Chevalier de la Légion d'Honneur du 4 avril 1999, qui a tant donné de sa personne pour l'Administration des Télécommunications et France Télécom, aux plus hauts niveaux, n'aurait-il pas dû alerter sur la suite douloureuse des événements qui se dérouleraient et qui surviendraient à France-Télécom, ainsi que les retombées subies par l'ensemble des personnels ?

En 2005, au mois de février, les Agences France-Télécom disparaissent des documents contractuels. Désormais, les points de vente et de service physique à la clientèle deviennent des boutiques.

Le 27 février 2005, M. le Président Directeur Général de France-Télécom - Didier Lombard, nommé ce jour, annonce le futur plan à venir "FT Ambition 2008". (renommé plan NExT peu après le 14 avril 2005).

Le 3 mars 2005, après appel à candidatures, France-Télécom est désigné par 3 arrêtés ministériels comme Opérateur de Service Universel, concernant :

  • - la fourniture du service téléphonique NOR : INDX0508148A,
  • - la fourniture du service des renseignements universels et des annuaires universels sous forme papier et électronique NOR : INDX0508149A. (modifié par loi n°2015-990 du 6 août 2015 dite loi Macron : annuaires sous forme papier ou électronique, ce qui revient à condamner à terme l'annuaire papier de facto)
  • - la fourniture de la publiphonie NOR : INDX0508150A. (abrogé par loi n°2015-990 du 6 août 2015 dite loi Macron)

Ceci est l’adaptation en droit français d’une Directive européenne de 2002 n° 2002/22/CE qui impose désormais que l’Opérateur du Service Universel soit dorénavant choisi après procédure d’appel à candidatures. De 1997 jusqu'à ce jour, l’opérateur historique, donc France-Télécom, était systématiquement désigné Opérateur chargé du Service Universel par le code des Postes et Télécommunications.

  • Peut-il en être autrement, lorsque l'on sait que seul le réseau de télécommunications de France-Télécom est dans les faits seul capable d'acheminer les conversations téléphoniques en France comme de et vers l'étranger ?

Puis, le Code des Postes et Télécommunications est renommé Code des Postes et des Communications Électroniques par décret n°2005-422 du 4 mai 2005. La raison invoquée de ce changement de dénomination est que les communications électroniques englobent désormais les télécommunications ainsi que les communications par courriels via internet ainsi que les nouveaux usages de transmissions de fichiers qui se généralisent auprès de tous les publics. 

En outre, la loi n° 2005-516 du 20 mai 2005 relative à la régulation des activités postales étend les compétences de l'Autorité de Régulation des Télécommunications au secteur postal, et la renomme par la même occasion Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes.

Le 29 juin 2005 est annoncée, par Communiqué de Presse officiel, la mise en place du plan NExT, (Nouvelle EXpérience des Télécommunications) un programme de transformation sur trois ans qui vise à faire de France-Télécom l’opérateur de référence des nouveaux services de télécoms en Europe... Ce plan, conçu par M. Thierry Breton (il applique la même recette partout où il passe) juste avant sont départ précipité qui a laissé le personnel coi, est accompagné de son volet RH nommé ACT pour (Anticipation et Compétence pour la Transformation).

À partir du 4 mars 2009, les plans NExT et ACT sont prorogés de trois ans sous une nouvelle dénomination : Orange 2012, et seront à l'origine de la plus grosse crise sociale et sanitaire à laquelle France-Télécom et les agents y affectés et ses salariés seront confrontés. Une enquête judiciaire visant à définir les responsabilités et les culpabilités éventuelles, ouverte en avril 2010, est close depuis le 30 décembre 2014.  Le procès est en cours.

En Octobre 2005, l’attribution de la Médaille d’Honneur des Postes et des Télécommunications est entièrement refondue. Tous les décrets, arrêtés, circulaires précédents qui s’étaient cumulés depuis sa création en 1882 sont abrogés et remplacés par le décret n°2005-1261 du 3 octobre 2005 actuellement en vigueur, accessible par le lien ci-dessous :


P11.MedailleHonneurPostesEtTelecommunications

En 2006, le 14 février, tôt le matin, M. le Président Directeur Général - Didier Lombard, flanqué d'un nouveau Directeur Financier, annonce en surprise sous forme de conférence de presse (sans même en avoir référé au préalable au Conseil d'Administration) 22.000 suppressions d'emplois en 3 ans, dont 1.000 à l'étranger, pour 6.000 recrutements, soit un solde négatif de 17.000 emplois sur le Groupe France Télécom, dont 16.000 rien que pour la France. Dans les services, c'est le choc, d'autant que 11.000 départs avaient déjà eu lieu en 2003, 14.500 en 2004 et 8.000 en 2005, en ayant siphonné la majeure partie des candidats au départ par anticipation, au moyen du Congé de Fin de Carrière créé en 1996.

Après annonce le 31 mars 2006, les 30 Directions Régionales sont réduites à la relation institutionnelle régionale dès le mois de juin avec un effectif divisé approximativement par dix. Le pouvoir d'organisation de l'activité opérationnelle de l'entreprise est transféré à 11 Directions Territoriales nouvellement créées et de plus grande taille. Il y a donc quasiment trois fois moins de Directions Territoriales que de Directions Régionales. La taille des établissements gérés par les DT atteint désormais couramment mille personnes.

Le 1er juin 2006, la marque commerciale France-Télécom est renommée Orange. La marque Wanadoo, l'Internet par France-Télécom, est renommée Orange, ainsi que la marque MaLigne TV. Equant et toutes les sociétés de services aux entreprises du groupe passent sous pavillon Orange Business Service. Les autres marques du groupe France-Télécom suivront les unes après les autres. Il est alors décidé de se transformer en opérateur intégré, sous pavillon Orange. L’identité visuelle évolue également : la couleur bleue disparaît totalement, remplacée par le noir.

P12.Logo2006

En 2007, le 19 septembre, la Direction de France Télécom réagit aux premières constatations publiées par un Observatoire du Stress et des Mobilités Forcées à France Télécom nouvellement créé le 20 juin 2007 par deux syndicats de personnels. 

En 2009, la Machinerie-Lombard se grippe brutalement. 

Dossier France-Télécom :

  • - Le 4 mars 2009, tandis que le Président Directeur Général de France-Télécom - M. Didier Lombard se lance dans un second plan triennal renommé Orange 2012 (comportant 12 chantiers prioritaires), la situation sanitaire continue à se dégrader : les autolyses devenues régulières, coutumières et habituelles se poursuivent...
  • - Ainsi, les événements dramatiques font que l’État-major commence à reconnaître l'existence de «drames individuels» et organise le 25 août 2009 une rencontre avec les organisations syndicales sur les risques psycho-sociaux dans l'entreprise.
  • - Le 4 mai 2009, chaque rescapé de France Télécom recevait chez lui un courrier de M. le Président Directeur Général de France Télécom - Didier Lombard, pour fêter la réussite du Plan NExT, et se voyait offrir quelques dizaines d'actions gratuites... (le prix du sang des disparus)
  • - Le 10 septembre 2009, se tient une réunion exceptionnelle du Comité National Santé Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail de France-Télécom-Orange sur les risques psycho-sociaux dans l’entreprise « suite aux drames ayant touché ces derniers mois plusieurs salariés de l’entreprise ».
  • - Le 15 septembre 2009, suite à la crise des suicides, M. le Président Directeur Général de France-Télécom - Didier Lombard rencontre M. le Ministre du Travail - Xavier Darcos et de nouvelles mesures sont prises, notamment pour «enrayer le phénomène de contagion». M. Didier Lombard annonce à l'issue de cette rencontre par communiqué de presse un nouveau contrat social à négocier avec les partenaires sociaux.
    • Au passage, M. Didier Lombard déclare au cours de sa conférence de presse : «il faut mettre un point d'arrêt à cette mode du suicide». Paroles très surprenantes qui engendreront un tollé dans tout le pays. Il s'en excusera publiquement le lendemain sur RTL, plaidant la confusion entre le terme anglais «mood»que l'on pourrait traduire en français par le mode et le sens que l'on lui donne chez nous prioritairement c'est à dire la mode, mais l'effet s'avérera irrémédiable à terme. Comme quoi, le parler Franglais et Globish mondialisé puisse mal inspirer leurs locuteurs.
  • - Le 15 septembre 2009, ce même jour, le Conseil d'Administration de France-Télécom se réunit et : «exprime sa profonde émotion et sa pleine solidarité avec l’ensemble des collaborateurs du Groupe face aux événements dramatiques qui touchent l’entreprise».
  • - Le 30 septembre 2009, cinq décisions immédiates sont annoncées suite à la situation sociale du groupe et déclare en outre : «Ma responsabilité aujourd’hui est de mobiliser l’entreprise tout entière pour que de nouveaux drames soient évités. Je connais ce groupe depuis 40 ans, je sais que les équipes souffrent de la situation actuelle mais ont la volonté de repartir sur de nouvelles bases. C’est pourquoi, nous devons le plus vite possible bâtir ensemble le nouveau contrat social de France-Télécom ».
  • - Le 2 octobre 2009, l'Inspection du Travail de Paris diligente une enquête concernant le suicide de 23 personnels de France-Télécom (devenus 24 le temps de la rédaction du courrier), ainsi que sur les tentatives de suicide.
  • - Le 5 octobre 2009, le Directeur Général Adjoint en charge des opérations France M. Louis-Pierre Wenes est déchargé de ses responsabilités, officiellement à sa propre demande... Il est remplacé par M. Stéphane Richard récemment arrivé dans France-Télécom.
  • - Le 26 novembre 2009, un accord social sur l'emploi des seniors et les mesures en faveur des deuxièmes parties de carrières est signé entre la Direction et certaines organisations syndicales représentatives des personnels. Cet accord crée notamment le Temps Partiel Seniors, une sorte de préretraite progressive, visant à diminuer plus rapidement les effectifs mesurés en équivalent à temps plein. 
  • - Mais le scandale éclate, le pot-aux-roses est découvert, car des documents officiels relatifs à la "courbe du deuil" et autre "vallée du changement" sont révélés par la presse et par les syndicats, jusque sur internet. Les jours de M. Lombard à la tête de France-Télécom sont désormais comptés. Ainsi, allait-il lui falloir s'appliquer à lui-même son propre dispositif de diminution d'effectifs et nous délester de sa pesante présence, et retourner à ses occupations de jardinage dans le parc de sa propriété de Sologne...
    • Personnellement, je ne souhaite pas trop détailler cette époque des années 2000 que j'ai eue à vivre (années 2000 = années zéro)
      • que ce soit par ce que nous ayons personnellement subi,
      • ou par ce dont nous ayons été témoin,
      • ou par les disparitions qui nous ont mortifié,
      • ou au souvenir de nos rassemblements spontanés et très fréquents dans nos Centres Téléphoniques en hommage à chaque nouveau disparu... 
    • Tout ceci à cause d'individus sans aucune vergogne qui se sont exclus de facto de la grande lignée du corps des Télécommunications. 
    • Nous pouvons tous, du fait de notre condition humaine, nous interroger sur nos propres choix et comportements, sur la manière de notre sortie qui en découle et du souvenir que chacun laissera sur cette Terre.

En 2010, la moyenne d'âge est de 48 ans et la moitié des salariés Français doit partir en retraite d'ici 2018. L'accord social du 26 novembre 2009 fait l'objet d'un premier avenant le 4 juin 2010 ainsi que d'un second avenant le 23 décembre 2010 afin de le rendre sensiblement plus attrayant. Ainsi, le TPS mis en place commence à rencontrer une certaine adhésion auprès des plus de 54 ans à partir de 2011. Son succès va croissant.

Dossier France Télécom :

  • - Le 1er janvier 2010, M. Stéphane Richard devient Directeur Général Délégué, tout en conservant ses précédentes attributions.
  • - Le 4 février 2010, l'Inspection du Travail de Paris rend son rapport d'enquête ouverte le 2 octobre 2009, et conclut en accablant les plus hauts niveaux hiérarchiques de France-Télécom dans la responsabilité de la crise sociale.
  • - Le 1er mars 2010, M. Stéphane Richard devient Directeur Général de France-Télécom dans ce contexte empreint d'une lourdeur certaine... Et M. Didier Lombard n'est plus que Président non exécutif.
  • - Dès le 2 mars 2010, disparaît toute mention écrite du "fameux" plan NExT dans les documents officiels, tels que les Communiqués de Presse de France-Télécom.
  • - Le 8 avril 2010, une information judiciaire avec instruction est ouverte par le Parquet afin d'enquêter sur les responsabilités et les éventuelles culpabilités dans la crise qui secoue alors France-Télécom et le personnel.
  • - Le 5 juillet 2010, M. Stéphane Richard, Directeur Général de France Télécom-Orange dévoile devant la presse son plan d’action à 5 ans intitulé « conquêtes 2015 », pour définir : « les enjeux et perspectives du Groupe, clarifier ses métiers et retrouver un esprit de conquête et la fierté d’appartenance à Orange. »
  • - Le 21 septembre 2010, le Contrat Social est rendu public par M. Stéphane Richard dans le but de réformer en profondeur les pratiques de management en interne pour mettre fin à ce que son futur prédécesseur qualifia très-maladroitement de « mode des suicides » le 15 septembre 2009.

En 2011, au mois de septembre, les onze Directions Territoriales sont renommées Direction Orange, dans le but de préparer progressivement les esprits au changement de dénomination à venir de la société France-Télécom en Orange dans son entier.

2011CarteDirectionsOrange

En 2012, le 9 février, ce sont enfin les services de la téléphonie fixe France-Télécom en France qui sont renommés sous la marque commerciale Orange : La Ligne Fixe France Télécom devient La Ligne Fixe Orange. À cette date, tous les produits et services vendus en France et dans le monde du Groupe France-Télécom sont désormais commercialisés sous la marque Orange.


Dossier France Télécom:

La chronologie des événements à partir du 4 juillet 2012, date de la mise en examen de M. Didier Lombard est désormais accessible sur la page dédiée :

Pour la fin de l'année 2012, en marquant sa volonté de se tourner vers le futur, notre récent Président Directeur Général - Stéphane Richard peut afficher sa satisfaction dans son message adressé au personnel.

P13.LogoOrange

En 2013, le 1er juillet, suite à l'approbation du Conseil d'Administration de France-Télécom réuni en assemblée générale le 28 mai 2013, la Société Anonyme France-Télécom change de raison sociale et devient Orange S.A. Le logo Orange, créé en 1994 et qui se généralise depuis par étape au sein du groupe France-Télécom se substitue en totalité à l’identité visuelle de France-Télécom à cette date.

  • Concernant les effectifs statutaires issus de l’opérateur historique, il est à noter qu’à ce jour, nonobstant cette modification inscrite au registre du commerce, aucun texte traitant du statut des fonctionnaires de France-Télécom paru au journal officiel ultérieurement à cette date ne modifie l'intitulé de ces fonctionnaires de l'état. Ces effectifs statutaires demeurent donc officiellement des fonctionnaires de France-Télécom jusque pendant toute l'année 2015 incluse. (Se reporter pour confirmation, par exemple au décret en date relatif aux fonctionnaires de France-Télécom n° 2015-422 du 14 avril 2015)
  • La parution au Journal Officiel de cinq décrets datés du 26 février 2016 ne laisse aucun doute sur le fait que les fonctionnaires en activité à Orange S.A sont et demeurent des fonctionnaires de France-Télécom ; la terminologie n'ayant pas été modifiée à cette date. Il s'agit de décrets concernant la réforme de la catégorie C, tant pour les fonctionnaires de France-Télécom reclassifiés que reclassés. (décrets n° 2016-218, 2016-219, 2916-220, 2016-224 et 2016-225)
  • Idem concernant la réforme indiciaire des fonctionnaires de France-Télécom du 31 janvier 2017 (décrets n° 2017-66 et 2017-67 du 24 janvier 2017, puis 2017-1126 du 30 juin 2017 et 2017-1266 du 9 août 2017)
  • Idem concernant les Commissions Administratives Paritaires de France Télécom (décret n°2018-578 du 4 juillet 2018)
  • Idem concernant la réforme indiciaire des fonctionnaires de France-Télécom du 1er décembre 2020 (décrets n°2020-1430 à 2020-1433 du 24 novembre 2020)

En 2015, l’identité visuelle évolue. Le logo Orange ne change pas, mais il se transforme et s'adapte en s'ajourant en fonction des différents domaines commerciaux ciblés.

Évolution de l'identité synchronisée sur le plan de développement stratégique "Essentiels2020" présenté le 17 mars 2015, jusques en ... 2020 ? 


Essentiels2020

  • Devise commerciale du moment : « Connecter nos clients à leurs essentiels ».

P14.LogoOrange2015

Le 6 août 2015, le service universel relatif à la publiphonie est abrogé par l'article 129 de la loi n°2015-990, dite loi Macron


En 2016, une sommité dans le monde des télécommunications, M. Gérard Théry, ancien Directeur Général des Télécommunications de 1974 à 1981, organisateur hors pair, fait paraître dans la Revue de l’Électricité et de l'Électronique son analyse de la situation actuelle et de ces 20 dernières années, depuis la prétendue libéralisation du secteur des télécommunications. 

  • Si l'on ne précise pas que M. Théry a été nommé par le Président de la République Valéry Giscard d'Estaing, giscardien lui-même et homme modéré, son auteur pourrait être confondu avec un ancien secrétaire général du PCF. 

Nous laissons à l'appréciation du lecteur l'analyse circonstanciée de M. le DGT honoraire Gérard Théry sans concession et posons une seule question : comment en sommes-nous arrivés à ce point ?

En 2017, le 27 novembre, l'arrêté NOR : ECOI1730948A portant désignation de l’opérateur chargé de fournir les prestations « raccordement» et « service téléphonique» de la composante du service universel prévue au 1o de l’article L. 35-1 du code des postes et des communications électroniques proroge l'attribution du Service Universel au groupe Orange pour une durée de 3 ans supplémentaires.

En 2019, le 1er avril, le nombre de Directions Orange (DO) passe de 11 à 7 dans une restructuration baptisée par Orange : Ancrage Territorial.

  • Les 8 Directions Orange (DO) de province deviennent 4 Directions Orange (DO) de très grande superficie. 
  • La Direction Orange d'Île-de-France conserve son intégrité territoriale.
  • Les 2 Directions Orange (DO) Réunion et Caraïbes changent de nom et deviennent Réunion-Mayotte et Antilles-Guyane. Elles conservent leur intégrité territoriale.

À l'issue de cette restructuration la métropole est divisée en 5 Directions Orange (DO).

2019.04.01CarteNellesDO

En 2020, au 27 novembre, l'arrêté NOR : ECOI1730948A portant désignation de l’opérateur chargé de fournir les prestations « raccordement » et « service téléphonique » de la composante du service universel prévue au 1o de l’article L. 35-1 du code des postes et des communications électroniques échoit au bout des 3 ans. 

  • Très curieusement, l'arrêté ministériel est donc périmé depuis cette date, et le Service Universel n'existe juridiquement plus en France, en ce qui concerne le téléphone fixe... 
  • Le gouvernement, sans aucune explication, ne juge pas utile de proroger l'arrêté et donc l'attribution du Service Universel à un quelconque opérateur de télécommunications (Orange ou tout autre opérateur).  

Pourtant, le 10 décembre 2020, l'ARCEP intervient par sa Décision n° 2020-1433 et attribue au Groupe Orange une indemnité provisionnelle d'environ 2,5 millions d'euros, payable par les autres opérateurs, au titre du financement du service universel des communications électroniques pour l’année 2021, se basant notamment sur le décret du 27 novembre 2017 pourtant périmé depuis le 27 novembre 2020...

  • D'une part, cette indemnité, d'un aussi faible montant pour tout le territoire national fait débat, car comment maintenir un réseau aussi dense avec ce que l'on puisse à bon droit qualifier d'aumône charitable ?
  • D'autre part, la nature même du texte créant son attribution au titre de 2021 semble frappée de fragilité ou de flou juridique voire de vide juridique !

Le Service Universel, évoqué dans une Décision du 10 décembre 2020 elle-même basée sur un Arrêté ministériel périmé depuis le 27 novembre 2020 existe-il encore ? 

  • La réponse que nous puissions donner à cette date sans trop faire erreur et se camoufler dans le décor est : « oui et non, ni oui, ni non, et le tout, En Même Temps !­ »
  • Et c'est au milieu de cette nonchalance générale qui règne dans notre pays qu'Orange doive désormais se débrouiller ! Advienne que pourra.

En 2021, le 18 mai, le siège social du Groupe Orange est transféré dans le nouvel ensemble immobilier au 111, quai du Président Roosevelt, 92130 Issy-les-Moulineaux.



­Histoire des Télécommunications Françaises © Claude Rizzo-Vignaud, 25 mai 2023.